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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vérité. »
    Aymar de Grolée venait de le vérifier. Marthe s'était laissé berner, preuve que sa toute-puissance pouvait être déjouée. Il soupira d'aise. Son vieil ami avait réussi, il ne pouvait plus en douter.
    — Qu'allons-nous devenir ? trembla Sidonie qui ne savait rien de cette entreprise et continuait de croire que rien ne les sauverait.
    — Ce qu'elle voudra. Pour l'instant seulement.
    Il lui releva le menton.
    — Je t'ai fait une promesse, celle de te tirer de ses griffes. Le jour viendra, il est proche crois-moi, où je le pourrai.
    Sidonie s'écarta pour mieux le regarder. Son visage serein la détendit d'un coup.
    — Tu n'es pas innocent à sa colère n'est-ce pas ?
    Jacques se mit à rire.
    — Si, totalement, mais au vu de ses réactions, j'ai idée de ce qui a pu la provoquer.
    — Et quoi donc qui te réjouisse ainsi alors que tu devrais trembler ? s'inquiéta-t-elle de nouveau.
    — Jeanne lui a échappé.
    Sidonie sentit son cœur se gonfler de joie et tout aussitôt se serrer.
    — Si c'est le cas, le pire est à craindre, Jacques. Marthe la tuera dès qu'elle l'aura retrouvée.
    — Ce n'est pas encore fait, ma belle. Non, ce n'est pas encore fait, affirma-t-il, guilleret, en la couchant sous lui.
    — Jacques, se défendit Sidonie…
    Il ne l'avait plus touchée depuis qu'il avait découvert la vérité pour sa femme, se satisfaisant de servantes la plupart du temps même si la nuit, il dormait à ses côtés. Et à dire vrai, cette situation l'embarrassait de jour en jour davantage. Le souvenir de Jeanne le hantait cruellement. Mais il avait appris à aimer Sidonie au fil des années et il l'aimait encore. Et, malgré lui, il la désirait.
    — Ce n'est pas… bien… le repoussa Sidonie en détournant la tête.
    La bouche de Jacques se posa dans le galbe du cou.
    — Le bien, le mal, l'amour, la haine… ce jourd'hui ne font plus qu'un, Sidonie. Nous avons besoin l'un de l'autre.
    Des larmes lui piquèrent les yeux. Elle les ferma.
    — Je ne peux pas, Jacques. J'aurais l'impression de la trahir. Et c'est ce que tu ferais.
    — As-tu cessé de m'aimer ?
    — Non. Tu sais bien que non.
    Il caressa le pourtour de son visage, l'effleura de ses lèvres.
    — Tu me manques, Sidonie. Ta peau, ton souffle. Ces nuits qui n'en sont pas me brûlent au matin. Je ne peux plus me satisfaire de tendresse quand nous avons tant partagé.
    — Tu dois penser à elle. Plus à moi, objecta-t-elle contre son cœur, contre son corps qui hurlait.
    Jacques roula sur le côté en soupirant.
    — J'y pense. Chaque jour. Et c'est là tout mon dilemme.
    Il lui prit la main et la porta à ses lèvres. Elle tremblait.
    — J'espère son retour tout autant que je l'appréhende. Parfois j'ai l'impression que c'était hier qu'elle se pendait à mon bras, parfois c'est l'inverse. Son absence a un parfum d'éternité. J'ai tant usé ma souffrance à l'annonce de sa mort que c'est elle qui m'a usé. Tu m'as reconstruit, tu as retissé les fils de ma vie, lui as redonné un sens. Tu n'as pas pris sa place, Sidonie, tu as fait la tienne.
    Elle déglutit, troublée.
    — Tu l'aimes toujours, pourtant. Je l'ai lu dans tes yeux à l'abbaye. Tu l'aimes toujours, Jacques. Comme avant.
    Il ne répondit pas. L'angoisse n'avait cessé de lui broyer le cœur à l'idée que Marthe touche un seul des cheveux de Jeanne, à l'idée de la perdre encore, c'était vérité. Mais il ne parvenait à l'imaginer dans ses bras, quand il avait tant besoin d'y blottir Sidonie.
    — Peut-être les choses ne sont-elles plus ce qu'elles devraient, murmura-t-il pour lui-même.
    Une bouffée de bonheur gagna le cœur de Sidonie, asséché depuis de longues semaines.
    Pour autant, elle refusa de se réjouir. Jeanne de Commiers méritait le bonheur que Marthe lui avait volé.
    Sidonie ferait ainsi qu'elle l'avait décidé. Elle s'effacerait. Et pour mieux s'en convaincre, résolument, elle se tourna de l'autre côté.
    *
    Marthe battit l'ensemble des souterrains de long en large, sans trouver trace de sa captive. Elle dut concéder cette intelligence à Jeanne de Commiers. Non seulement elle avait réussi à rompre ses liens, à se fabriquer une torche avec les vieilleries que contenait la pièce, à l'allumer au brûlot, mais aussi et surtout elle avait récupéré tout ce qui pouvait s'enflammer pour enfumer les trois boyaux principaux et masquer son odeur.
    Elle finit par regagner l'air libre, la gorge en feu, furieuse.

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