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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Mathieu dans le Furon ?
    Un peu de nostalgie rattrapa Algonde tandis que, se moquant de l'eau qui battait ses pieds dénudés et sa jupe de lin, elle se juchait sur une pierre qui affleurait la surface.
    — Je crois bien que nous avons tout tenté à leur âge, mais ces diablesses sont si vives que nous rentrions plus souvent bredouilles que nantis.
    — N'est-ce pas à cause d'une truite que tu t'es retrouvée sous la montagne, avec Mélusine ? amena Philippine en s'installant à ses côtés.
    Les orteils d'Algonde envoyèrent un peu d'eau gicler plus loin. Elle ne se souvenait pas de lui en avoir jamais parlé. Instinctivement, elle fut sur ses gardes.
    — Tout cela est bien loin.
    — Pas tant que ça…
    Le regard de Philippine s'arrêta un instant sur Marthe qui, la main en visière, regardait dans leur direction, avant de se perdre à nouveau dans les reflets miroitants.
    — Père m'a tout raconté, Algonde.
    — Tout quoi ?
    — Toi. Mélusine. Marthe. Tout ce que tu as jugé bon de lui confier. Tout ce que tu as préféré ne pas me dire pour me protéger. Une infime partie de ta vérité, je suppose.
    Pas de rancœur dans la voix. Juste un constat.
    — Une infime partie, en effet, avoua Algonde.
    — Tu savais pour ma mère ?
    — Depuis peu.
    Un profond soupir souleva les épaules de Philippine.
    — J'ai toujours pensé que tu n'étais pas comme les autres, mais de là à supposer que tu étais une fée… Et Mathieu dans tout ça ? Possède-t-il quelque pouvoir lui aussi ?
    Algonde tourna vers elle un regard malicieux.
    — Celui de me rendre heureuse. Uniquement. Ce qui n'est pas le cas d'Elora.
    — La lumière bleue…
    — Tu l'as vue ? s'étonna Algonde.
    — À sa naissance. Et puis aussi lorsque tu étais malade. Elle vous a soulevées toutes deux, au-dessus des draps. L'instant d'après ta fièvre était tombée. J'ai cru à un miracle.
    — La magie en est un. La sienne est très puissante.
    Elles se turent un instant. Le temps de nouer leurs doigts sur la pierre. Complices.
    — Pourquoi ai-je tant d'importance pour Marthe ? pour toi ? demanda Philippine en penchant la tête de côté.
    — C'est une longue histoire.
    — Nous avons tout l'après-midi devant nous.
    Algonde leva les yeux vers le ciel. Quelques nuages filaient au gré d'une brise tiède. L'heure des aveux. C'était mieux ainsi, sans aucun doute. Pour autant, Philippine accepterait-elle ce que le destin réservait à son fils ?
    « À moi de la convaincre », se dit Algonde en prenant une profonde inspiration.
    — Il était une fois, commença-t-elle, dans les brumes d'Avalon, trois sœurs qu'une malédiction liait…
     

24
    Le courage dont avait fait preuve Jeanne de Commiers pour gagner l'issue du souterrain l'avait quittée à peine juchée en selle. Si Aymar de Grolée n'avait glissé son bras autour de sa taille, elle aurait chuté sitôt le galop amorcé. De fait, elle ne se souvenait pas du paysage qui défilait devant ses yeux, ce qui la confortait dans l'idée qu'elle avait dû s'évanouir une bonne partie du trajet.
    Le col du mont Noir passé, Aymar s'engagea vers le nord sur des sentiers de chèvre, puis ils longèrent les gorges du Nan, avant, enfin, de rejoindre l'Isère.
    L'endroit était paisible, bordé d'aulnes gracieux et tapissé de bruyère. Deux îlots rocailleux envahis de canards sauvages brisaient le cours de la rivière. Un peu à l'écart et en amont, plantée sur une butte pour se protéger de la montée des eaux, mais à l'abri d'un chêne centenaire, une bicoque de rondins complétait le tableau. Un homme en sortit. Un pêcheur qui avait accepté quelques jours plus tôt de les faire traverser et qui les accueillit d'une courte révérence.
    Tandis qu'il menait leur monture dans une petite annexe, Aymar prit dans une sacoche des vêtements d'homme et enjoignit Jeanne de s'en couvrir, en place de sa robe souillée.
    Migraineuse, rattrapée par sa faiblesse, Jeanne se laissa choir sur le banc de bois accolé à la modeste bâtisse.
    — À quoi bon ? Malgré nos précautions, Marthe aura tôt fait de me retrouver.
    La forçant à se lever, Aymar la secoua aux épaules.
    — Ni elle ni personne. Regardez-moi, Jeanne. Vous ai-je jamais menti par le passé ?
    — Jamais, il est vrai.
    — Pas davantage ce jourd'hui. Activez-vous.
    Une fois changée, les cheveux pris sous un chapeau pour en masquer la longueur, elle fut menée par Aymard sur la grève, où l'homme

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