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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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il n’y a qu’un instant. Mais je me résigne à mon sort ; et, quels que soient les termes que vous jugerez convenable de m’accorder, je me décide à vous offrir de vous rendre cette arme ; dont je tourne en ce moment la pointe à terre, en signe que je ne m’en servirai plus contre vous avant qu’une honnête rançon ne la remette encore une fois à ma disposition. »
    « À Dieu ne plaise, répliqua le noble James de Douglas, que je prenne un tel avantage sur un des plus braves chevaliers de tous ceux qui se sont mesurés avec moi sur un champ de bataille ! Je suivrai l’exemple du chevalier de Fleming, qui a galamment fait cadeau de son captif à une noble demoiselle ici présente ; et de même, moi, je cède tous mes droits sur la personne du formidable chevalier de Walton, à la haute et noble dame lady Augusta de Berkely, qui, je l’espère, ne dédaignera point d’accepter de Douglas un présent que les chances de la guerre ont mis entre ses mains. »
    Sir John de Walton, en entendant cette décision inattendue, éprouva un sentiment pareil à celui du voyageur qui aperçoit enfin les rayons du soleil qui va dompter et dissiper la tempête dont il a été battu durant toute la matinée. Lady Augusta de Berkely se rappela ce qui convenait à son rang, et sentit comment elle devait répondre à la noble proposition de Douglas. Se hâtant d’essuyer les larmes qui avaient involontairement coulé de ses yeux, tandis que la sûreté de son amant et la sienne propre dépendaient de l’issue douteuse d’un combat désespéré, elle prit l’attitude d’une héroïne de cette époque, qui ne se croyait pas indigne d’accepter le rôle important qui lui était confié par la voix générale de la chevalerie d’alors. S’avançant de quelques pas, prenant l’air gracieux, mais modeste, d’une dame accoutumée à décider, en des cas aussi graves que le cas présent, elle s’adressa à l’auditoire d’un ton que lui aurait envié la déesse des combats venant distribuer ses faveurs à la fin d’une bataille dont le champ est couvert de morts et de mourans.
    « Le noble Douglas, dit-elle, ne sortira point sans récompense d’un combat où il s’est tant illustré. Ce riche collier de diamans que mes ancêtres ont conquis sur le sultan de Trébisonde lui-même, récompense du courage, sera honoré en soutenant, sous l’armure de Douglas, une boucle de cheveux de l’heureuse damoiselle que le comte victorieux a choisie pour reine de ses pensées ; et si Douglas, jusqu’à ce qu’il l’ait orné de cette boucle de cheveux, consent à y laisser celle qui a maintenant l’honneur d’y être attachée, la femme sur la tête de laquelle ces cheveux ont été coupés y verra une preuve que la pauvre Augusta de Berkely est pardonnée pour avoir exposé un mortel à un combat contre le chevalier de Douglas. »
    « Aucun amour de femme, répliqua Douglas, ne séparera ces cheveux de mon sein, et je les y garderai jusqu’au dernier jour de ma vie, comme emblème du mérite et de la vertu des femmes. Et, sans vouloir aller sur les brisées de l’illustre et honorable sir John de Walton, qu’il soit connu de tout le monde que quiconque dira que lady Augusta de Berkely a, dans cette affaire difficile, agi autrement qu’il ne convenait à la plus noble créature de son sexe, fera bien de se tenir prêt à soutenir une telle proposition contre James de Douglas, lance au poing et en champ-clos. »
    Ce discours fut entendu avec approbation de tout côté ; et les nouvelles apportées par Meredith de la défaite du comte de Pembroke, et ensuite de sa retraite, réconcilièrent les plus fiers des soldats anglais avec l’idée de rendre le château de Douglas. Les conditions nécessaires furent bientôt arrêtées, et les Écossais prirent possession de la place ainsi que des provisions, des armes et des munitions de toute espèce qu’elle renfermait. La garnison put se vanter de ce qu’on lui laissa passage libre, avec armes et chevaux, pour retourner par la route la plus courte et la plus sûre vers les marches d’Angleterre, sans éprouver aucune insulte ni causer le moindre dégât.
    Marguerite de Hautlieu ne resta point en arrière pour la générosité : elle permit au brave chevalier de Valence d’accompagner son ami de Walton et lady Augusta en Angleterre, et sans rançon.
    Le vénérable prélat de Glasgow, voyant une scène, qui d’abord avait paru devoir finir par une bataille

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