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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de leurs tuniques, et seulement couverts de leurs chemises et de leurs culottes.
    « Je comprends, dit le ménestrel, que vous avez l’intention de m’infliger un châtiment qui est étranger à l’esprit des lois anglaises, lorsque vous n’avez aucune preuve de ma culpabilité. J’ai déja dit que j’étais Anglais de naissance, ménestrel de profession, et que je n’ai absolument aucune relation avec les personnes qui peuvent former quelque dessein hostile contre le château de Douglas, sir John de Walton ou sa garnison. Quant aux réponses que la douleur physique pourra m’extorquer, je ne puis, pour parler en bon chrétien, m’en regarder comme responsable. Je crois pouvoir endurer la souffrance autant que personne, et je suis sûr de n’avoir jamais senti une douleur que je ne préférerais pas sentir encore à violer la parole que j’ai jurée, ou à courir la chance d’accuser faussement des personnes innocentes ; mais j’avoue que j’ignore jusqu’où l’art de la torture peut être poussé ; et quoique je ne vous craigne pas, sir John de Walton, je dois cependant reconnaître que je me crains moi-même, puisque je ne sais pas à quels tourmens votre cruauté peut me soumettre, ni jusqu’à quel point je puis être capable de les endurer : je proteste donc en premier lieu que je ne serai en aucune manière responsable des paroles qui pourront m’échapper dans le cours d’un interrogatoire durant lequel on me torturera. Vous pouvez, maintenant que je vous ai prévenu, procéder à l’exécution d’un office que je ne m’attendais guère, permettez-moi de le dire, à voir ainsi remplir par un chevalier accompli comme vous. »
    « Écoutez, sire ménestrel, répliqua le gouverneur, nous ne sommes pas bons amis, vous et moi ; et si je faisais mon devoir, je devrais user tout de suite envers vous des moyens rigoureux dont je vous ai menacé. Mais peut-être vous sentez-vous moins de répugnance à subir l’interrogatoire tel que je vous le propose que je n’en sens, moi, à employer la rigueur à votre égard : je vais donc pour le moment vous faire renfermer dans un lieu de détention convenable à un homme qui est soupçonné d’être espion dans cette forteresse, jusqu’à ce qu’il vous plaise de dissiper ces soupçons : votre logement et votre nourriture seront ceux des prisonniers. Cependant, avant de vous soumettre à la question, songez-y bien, je me rendrai moi-même à l’abbaye de Sainte-Bride, et je verrai si le jeune homme que vous voudriez faire passer pour votre fils possède la même fermeté que vous. Il peut arriver que ses aveux et les vôtres jettent une telle lumière sur vous et sur lui que votre innocence ou votre culpabilité en rejaillisse d’une manière évidente sans qu’il faille recourir au grand moyen de la question extraordinaire. S’il en est autrement, tremblez pour votre fils, sinon pour vous-même… Eh bien ! vous ai-je ébranlé, monsieur ? ou craignez-vous pour les jeunes muscles et les tendres chairs de votre enfant des douleurs auxquelles vous croyez, vous, pouvoir résister ?
    « Sir John, répondit le ménestrel en répudiant l’émotion momentanée qu’il avait manifestée, je vous laisse à juger, comme homme d’honneur et de vérité, si en conscience vous devez concevoir une opinion défavorable d’un homme parce qu’il préfère endurer lui-même des rigueurs qu’il ne voudrait point qu’on infligeât à son fils, jeune homme mal portant, et qui relève d’une dangereuse maladie. »
    « Mon devoir, répondit de Walton après une courte pause, est de retourner toutes les questions au moyen desquelles je puisse remonter à la source de cette affaire ; et si vous désirez qu’on épargne votre fils, vous obtiendrez fort aisément la même faveur vous-même en lui donnant l’exemple de la soumission et de la franchise. »
    Le ménestrel se rejeta sur le siége qu’il occupait, comme fermement résolu à souffrir tous les tourmens dont sir John pourrait l’accabler, plutôt que d’ajouter un seul mot à ce qu’il avait déja répondu. Sir John de Walton lui-même sembla quelque peu indécis de la marche qu’il avait alors à suivre. Il se sentait une invincible répugnance à procéder, sans y avoir mûrement réfléchi, à ce que bien des gens auraient regardé comme une obligation de sa place, en infligeant la torture au père ainsi qu’au fils ; mais si complet que fût son dévouement au roi, si

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