Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
de leur vie ils pouvaient rien connaître qui ressemblât à la politesse ou à la générosité. »
    « Tu fais allusion à quelqu’un, dit le gouverneur, et je te commande, Gilbert, d’être franc et sincère avec moi. Il me semble que tu n’ignores pas que ta franchise ne peut t’attirer aucun mal. »
    « C’est la vérité, sir John, la pure vérité, répliqua le vieillard si long-temps épargné par la guerre, en portant la main à son front ; mais il serait imprudent de communiquer toutes les remarques qui passent par la tête d’un vieillard dans ces momens inactifs d’une garnison comme celle-ci. On se trompe aussi souvent qu’on a raison, et ainsi on se fait une réputation de rapporteur et de méchant parmi ses camarades, réputation que l’on mérite parfois, et il me semble que je ne serais pas bien aise de m’en faire une semblable. »
    – « Parle-moi franchement ; et n’aie pas peur que j’hésite à te croire, quels que soient les gens dont tu as à m’entretenir. »
    – « Eh bien ! à vous parler franchement, je n’ai jamais redouté son honneur, ce jeune chevalier, attendu que je suis le plus vieux soldat de la garnison, et que je décochais des flèches avec mon grand arc bien long-temps avant qu’il eût cessé de téter sa nourrice. »
    – « C’est donc sur mon lieutenant et ami, Aymer de Valence, que se portent tes soupçons ? »
    « Je n’ai rien à dire quant à l’honneur de ce jeune chevalier qui est aussi brave que l’épée qu’il porte, et qui, pour sa grande jeunesse, occupe déja un rang distingué sur la liste des chevaliers anglais ; mais il est extrêmement jeune, comme votre seigneurie le sait, et j’avoue que les gens dont il fait sa compagnie me troublent et m’inquiètent. »
    « Oh ! tu sais, Feuille-Verte, que dans le loisir d’une garnison un chevalier ne peut toujours chercher ses plaisirs et ses amusemens parmi ses égaux seuls, qui d’ailleurs ne sont pas si nombreux, et peuvent ne pas être si gais, si disposés à se divertir qu’il le désirerait. »
    « Je sais bien cela, aussi ne dirais-je absolument rien contre le lieutenant de votre honneur s’il se contentait de s’adjoindre d’honnêtes drôles, bien qu’inférieurs par leur rang, pour jouer à l’anneau ou s’escrimer au bâton. Mais si sir Aymer de Valence aime à entendre conter des histoires guerrières d’autrefois, il me semble qu’il ferait bien d’aller en demander aux anciens soldats qui ont suivi Édouard I er , à qui Dieu fasse paix, et qui, avant l’époque d’Édouard, ont fait les guerres des barons et assisté à tant de sanglantes batailles dans lesquelles les chevaliers et les archers de la joyeuse Angleterre ont accompli tant d’exploits dignes de mémoire : cela, en vérité, dis-je, conviendrait mieux au neveu du comte de Pembroke que de le voir s’enfermer tous les jours avec un ménestrel vagabond qui gagne sa vie à réciter des sornettes et débite aux jeunes gens qui sont assez complaisans pour les croire des choses d’après lesquelles on ne saurait dire s’il a les opinions d’un Anglais ou d’un Écossais, et moins encore savoir s’il est né en Angleterre on en Écosse, ou de s’imaginer dans quel dessein il reste ainsi au château, libre de communiquer tout ce qui s’y passe à ces vieux chanteurs de matines du couvent de Sainte-Bride, qui disent de bouche : Dieu protége le roi Édouard ! mais s’écrient au fond du cœur : Dieu protége le roi Robert Bruce ! De telles communications peuvent aisément avoir lieu au moyen de son fils, qui demeure à Sainte-Bride, comme le sait votre seigneurie, sous prétexte qu’il est malade. »
    – « Comment dites-vous ? sous prétexte ? Sa maladie n’est-elle donc pas réelle ? »
    « Oh ! il se peut bien qu’il soit malade à en mourir ; mais, dans ce cas, ne serait-il donc pas plus naturel que ce père restât près de son fils au lieu de fureter dans ce château où on le rencontre continuellement, soit dans la bibliothèque du vieux baron, soit dans quelque coin où l’on ne s’attend guère à le trouver ? »
    « S’il n’a aucun légitime motif de rester ici, il serait mieux qu’il rejoignît en effet son fils ; mais il paraît qu’il cherche les anciennes poésies ou prédictions de Thomas-le-Rimeur ou de quelque autre barde ; et de fait, il est bien naturel qu’il désire augmenter son fonds de connaissances et ses ressources

Weitere Kostenlose Bücher