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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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nombreuses que fussent les espérances et les vues qu’il avait fondées sur son exactitude à occuper le poste important qu’on lui avait confié, il ne pouvait se résoudre à recourir à ce cruel moyen de trancher la difficulté. L’extérieur de Bertram était vénérable, et son éloquence répondait à son aspect et à son air. Le gouverneur se rappela qu’Aymer de Valence, dont les jugemens étaient en général sûrs, le lui avait décrit comme un de ces rares individus qui savaient honorer par leur bonne renommée personnelle une profession corrompue ; et il reconnut en lui-même qu’il y avait une barbare cruauté et une criante injustice à refuser de croire que le prisonnier fût un homme sincère et honnête, avant que, par manière de découvrir son innocence, il lui eût allongé les nerfs et disjoint les membres ainsi qu’à son fils. Je n’ai pas de pierre de touche, se disait-il intérieurement, pour distinguer le vrai du faux ; Bruce et ses adhérens guettent une occasion… il a certainement équipé les galères qui étaient à l’ancre à Rachrin pendant l’hiver. Et encore cette histoire de Feuille-Verte, relativement aux armes qu’on se serait procurées pour une nouvelle insurrection, coïncide étrangement avec l’apparition de ce sauvage habitant des bois que nous avons rencontré à la chasse. Enfin tout tend à prouver qu’il se trame quelque chose que mon devoir est de prévenir. Je ne négligerai donc aucune circonstance qui pourra permettre de concevoir des espérances ou des craintes ; mais plût à Dieu que je pusse m’éclairer à toute autre source, car je ne puis croire qu’il soit légitime de tourmenter ces malheureuses et peut-être ces honnêtes gens. » Il sortit donc de la bibliothèque en murmurant un mot à Feuille-Verte touchant le prisonnier.
    Il avait atteint la porte extérieure de l’appartement, et ses satellites avaient déja mis la main sur le vieillard, lorsque celui-ci se mit à rappeler sir Walton, le priant de revenir pour un seul instant.
    « Qu’avez-vous à dire, monsieur ? lui demanda le gouverneur ; hâtez-vous, car j’ai déja perdu à vous écouter plus de temps que je ne puis savoir : c’est pourquoi je vous conseille, dans votre propre intérêt… »
    « Et moi je vous conseille, dans le vôtre, sir John de Walton, interrompit le ménestrel, d’y bien réfléchir avant de persister dans la résolution où vous êtes, résolution qui pourra vous attirer des châtimens plus rigoureux qu’il n’est possible de les imaginer. Si vous faites tomber un seul cheveu de la tête de ce jeune homme, si vous osez même permettre qu’on lui impose aucune privation qu’il est en votre pouvoir d’empêcher, c’est à vous-même qu’en le faisant vous préparerez les douleurs les plus vives et les plus cuisantes que puisse causer chose au monde. J’en jure par tout ce qu’a de plus sacré notre sainte religion ; j’en prends à témoin ce saint sépulcre dont je fus le visiteur indigne ; je ne dis que la vérité, et tu te montreras un jour reconnaissant du rôle que je joue aujourd’hui. Il est de mon intérêt, aussi bien que du vôtre, de vous maintenir en possession de ce château, quoiqu’assurément je sache des choses qui le concernent et qui vous concernent aussi, sir John, mais que je ne puis dire sans le consentement de ce jeune homme. Apportez-moi seulement un billet de sa main, où il marque qu’il consent à ce que je vous mette dans notre secret, et croyez-moi, vous verrez bientôt tous les nuages qui nous enveloppent se dissiper, puisque jamais pénible incertitude ne se sera plus vite changée en joie, jamais nuage chargé de tonnerre n’aura plus promptement fait place aux rayons du soleil, que les soupçons qui maintenant vous paraissent si formidables ne se réduiront à rien. »
    Il parlait avec tant de chaleur, qu’il fit quelque impression sur sir John de Walton, qui se trouva encore plus embarrassé que jamais pour savoir quelle conduite il devait tenir.
    « Je serais charmé, dit le gouverneur, de pouvoir atteindre mon but en n’usant que des plus doux moyens qui soient en mon pouvoir, et je ne tourmenterai ce pauvre jeune homme qu’autant que votre obstination et la sienne m’y contraindront. Cependant, songez, sire ménestrel, que mon devoir m’impose des obligations, et, si j’y manque pour un jour, il conviendra que vous fassiez tous les efforts qui seront en votre puissance pour me payer

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