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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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considérai comme un homme et suppliai mes grands-pères Pélée et Lycomède de me laisser partir. Ils refusèrent.
    Puis un jour, grand-père Pélée, pâle comme la mort, vint me voir dans mes appartements au palais d’Iolcos et me donna la permission d’embarquer. Il ne mentionna pas le message d’Ulysse disant que les jours d’Achille étaient comptés.
    Jamais je n’oublierai l’ode que l’aède chanta pour Agamemnon et les rois. Debout sur le seuil, sans que personne ne m’eût remarqué, je buvais toutes ses paroles. L’aède avait décrit les hauts faits accomplis par Achille puis évoqué sa mort, le choix proposé par sa mère et qu’il ne considérait pas comme un véritable choix : vivre longtemps et demeurer inconnu ou mourir jeune et couvert de gloire. La mort ! Pour moi la mort ne pouvait l’atteindre, Nul ne pouvait l’abattre. Mais Achille était mortel, à présent il était mort. Avant même que j’aie pu le revoir et l’embrasser sans qu’on ait à me soulever du sol. J’avais presque sa taille maintenant.
    Ulysse avait deviné bien plus de choses que n’importe qui et il me raconta tout ce qu’il savait ou soupçonnait. Il me parla de la machination, sans épargner personne – surtout pas lui-même – et m’expliqua pourquoi mon père s’était querellé avec Agamemnon et lui avait retiré son concours. Le cœur gros, je jurai à Ulysse de garder le secret. Je sentais au fond de moi que mon père souhaitait voir les choses en rester là.
    Même dans l’obscurité, je me trouvais incapable de le pleurer. Mes yeux étaient secs. Pâris était déjà mort, mais si je tuais Priam pour venger Achille, peut-être verserais-je enfin des larmes.
     
    Je sommeillais quand la trappe s’ouvrit et me réveilla. Ulysse bondit mais ne fut pas assez rapide. Un faisceau de lumière vive passa par un trou du plancher et des jambes serrées l’une contre l’autre apparurent en contre-jour. On entendit le bruit sourd d’une lutte, puis les deux jambes basculèrent. Un corps tomba dans le vide et atterrit avec un bruit mat. Quelqu’un n’avait pu supporter d’être emprisonné plus longtemps dans le ventre du cheval. Quand, de l’extérieur, Sinon tira le levier qui ouvrait la trappe, l’un de nous guettait, prêt à s’enfuir.
    Ulysse, debout, déroula l’échelle de corde. Je m’approchai de lui. Nos armures empaquetées se trouvaient dans la tête du cheval et nous avions un ordre de sortie très strict ; en allant vers la trappe, chacun devait prendre le premier paquetage, qui contenait son armure.
    — Je sais qui est tombé, me dit Ulysse. Je vais prendre mon armure et attendre que ce soit son tour pour retirer la sienne. Ainsi, les hommes qui viendront après lui auront aussi leur paquetage.
    Je fus donc le premier à fouler la terre ferme, qui d’ailleurs n’était pas ferme du tout. C’était un tapis de fleurs d’automne au parfum entêtant.
    Une fois que nous fûmes tous descendus, Ulysse et Diomède se dirigèrent vers Sinon pour l’étreindre. Le rusé Sinon, cousin d’Ulysse. Ne l’ayant pas vu avant d’entrer dans le cheval, je fus très surpris de son apparence. Rien d’étonnant à ce que les Troyens aient cru l’histoire qu’il leur avait servie ! Chétif, pitoyable, maculé de sang, crasseux. Jamais un esclave n’aurait été traité d’aussi abominable façon ; Ulysse me raconta plus tard que Sinon avait volontairement jeûné pendant deux lunes pour avoir l’air plus misérable encore.
    Il arborait pour l’heure un radieux sourire.
    — Priam a tout cru, dit-il, et les dieux nous ont été favorables. On ne pouvait souhaiter meilleur présage que celui qu’a envoyé Zeus : Laocoon et ses deux fils sont morts après avoir mis les pieds sur un nid de vipères.
    — Les Troyens ont-ils laissé la porte Scée ouverte ? demanda Ulysse.
    — Bien sûr. La cité est plongée dans un sommeil d’ivrogne. Ils ont vraiment bien fêté l’événement ! Une fois que le festin a commencé au palais, personne ne s’est plus souvenu de la pauvre victime du camp grec. Il m’a alors été facile de me rendre sur le promontoire au-dessus du cap Sigée et d’allumer le signal pour prévenir Agamemnon. On m’a répondu aussitôt du haut des collines de Ténédos. Il devrait à présent avoir atteint le cap Sigée.
    — Félicitations, Sinon, dit Ulysse en le serrant à nouveau dans ses bras. Sois assuré d’une récompense.
    — Je

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