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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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l’accepte volontiers. Mais tu sais, cousin, je crois que j’aurais agi de même sans récompense.
    Ulysse envoya une cinquantaine d’entre nous s’assurer que les Troyens ne fermeraient pas la porte Scée avant l’arrivée d’Agamemnon. Les autres restèrent sur le pied de guerre et regardèrent des lueurs roses et dorées colorer le ciel au-dessus du mur qui entourait la grande cour ; ils respiraient à pleins poumons l’air du matin et le parfum des fleurs.
    — Qui est tombé du cheval ? demandai-je à Ulysse.
    — Échion, le fils de Porthée, répondit-il sèchement, l’esprit ailleurs. Agamemnon, Agamemnon, où es-tu donc passé ? continua Ulysse à voix haute. Tu devrais déjà être là !
    Une trompe retentit au moment même. Agamemnon se trouvait à la porte Scée. Nous pouvions agir. Nous nous divisâmes en deux groupes. Ulysse, Diomède, Ménélas, Automédon et moi-même ainsi que quelques autres nous dirigeâmes à pas de loup vers la colonnade, puis nous empruntâmes un grand couloir qui menait à l’aile du palais réservée à Priam. Là, Ulysse, Ménélas et Diomède me quittèrent pour prendre un petit corridor qui, à travers le labyrinthe, conduisait aux appartements d’Hélène et de Déiphobos.
     
    Un long cri strident déchira le silence qui régnait sur Troie. Tout le monde se précipita dans les couloirs, des hommes encore nus, à peine sortis du lit, épée à la main, abrutis du vin bu la veille. Cela nous permit de prendre tout notre temps, d’esquiver les coups qu’ils nous portaient maladroitement avant de les massacrer. Les femmes hurlaient tandis que nous glissions sur le dallage de marbre couvert de sang. Rares étaient ceux qui comprenaient ce qui se passait.
    Poussé par une rage sanguinaire, je n’épargnai personne. À mesure que les gardes arrivaient, la résistance se durcit ; on se battit avec acharnement, comme sur un véritable champ de bataille. Les femmes contribuèrent à répandre la panique et la confusion et empêchèrent malgré elles les défenseurs de la citadelle de manœuvrer. D’autres Grecs me suivaient. Ils firent un véritable carnage. Je n’intervenais pas. Moi, c’était Priam que je voulais à tout prix. À mes yeux, seul Priam pouvait payer pour Achille, mon père.
    Les Troyens aimaient bien leur vieux roi stupide. Ceux qui s’étaient réveillés l’esprit clair avaient revêtu leur armure et couru par des chemins détournés à seule fin de le protéger. Une rangée d’hommes en armes me barrait le passage, leurs lances pointées en avant. Automédon et quelques autres me rejoignirent. Je restai immobile un instant à réfléchir, puis plaçai mon bouclier devant moi et regardai par-dessus mon épaule.
    — Allons-y !
    Je bondis en avant, si vite que l’homme en face de moi s’écarta instinctivement, disloquant le front. Me servant de mon bouclier comme d’un bélier, je fonçai sur eux par le travers. Impossible de résister à un tel impact, leurs lances étaient bien inutiles. Je fis tournoyer ma hache ; un homme perdit un bras, un autre la moitié de la poitrine, un troisième le sommet du crâne. C’était comme si j’abattais de jeunes arbres. J’étais si grand et visais si bien qu’aucun ne me résista. Je les taillai tous en pièces.
    Couvert de sang, j’enjambai leurs cadavres et me retrouvai sous une colonnade entourant une petite cour. Au milieu se dressait un autel sur une plate-forme, à l’ombre d’un grand laurier feuillu.
    Priam, roi de Troie, était recroquevillé sur la marche du haut. Son corps décharné était enveloppé d’une robe de chambre en lin, la lumière tamisée donnait à sa barbe et à sa chevelure blanches des reflets d’argent.
    Ma hache à mon côté, je lui criai :
    — Prends une épée et meurs en roi, Priam !
    Mais, le regard vague, il fixait quelque chose au loin, ses yeux chassieux emplis de larmes. L’air était alourdi du vacarme de la mort et des destructions et déjà la fumée obscurcissait le ciel. Troie agonisait, autour d’un roi au bord de la démence. Sans doute ne se rendit-il jamais compte que nous étions sortis du cheval. Le dieu lui épargna cette douleur. Tout ce qu’il comprenait, c’est qu’il n’avait plus aucune raison de vivre.
    Une vieille toute voûtée, assise près de lui, se cramponnait à son bras ; la bouche ouverte, elle poussait des hurlements qui n’avaient rien d’humain. Face à l’autel, une jeune femme aux cheveux noirs

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