Le clan de l'ours des cavernes
étonnant que l'accouchement ait été aussi difficile. Tu dis que tu l'as laissé avec ton Clan...
La doniate s'interrompit, réfléchit à la façon de formuler sa question et finit par demander :
i
Ayla ne répondit pas immédiatement. Elle regarda Zelandoni puis se plia soudain de douleur.
- Oui, murmura-t-elle, effrayée, quand la contraction fut passée.
- Je crois que cela aussi a contribué à rendre l'accouchement difficile.
Les enfants d'esprit mêlé posent des problèmes à cause de leur tête. Elle est trop grosse, elle a une forme différente. Elle passe moins bien. Cette fois, ce ne sera peut-être pas aussi douloureux pour toi. Tu te débrouilles très bien, tu sais.
Zelandoni avait senti la tension d'Ayla croître avec le dernier spasme. Si elle se crispe, cela ne fera qu'aggraver les choses, pensa-t-elle, mais je crains qu'elle garde un terrible souvenir de son premier accouchement. Elle aurait d˚ m'en parler, j'aurais peut-être pu faire quelque chose. Je regrette de ne pas avoir appelé Marthona tout de suite. Ayla a besoin de quelqu'un auprès d'elle pour la rassurer mais je voudrais lui préparer une infusion pour l'aider à se calmer. Evoquer son fils lui fera peut-être oublier sa peur.
- Tu veux me parler de lui ?
- D'abord ils l'ont trouvé difforme, ils ont dit qu'il serait un fardeau pour le Clan. Au début, il n'arrivait même pas à tenir sa tête droite, puis il est devenu fort. Tout le monde a fini par l'aimer. Grod lui a même fabriqué un épieu, juste à sa taille. Et il courait très vite malgré son jeune ‚ge.
Les larmes aux yeux, Ayla souriait à ce souvenir, et la doniate comprit tout à coup que la jeune femme avait aimé cet enfant, qu'elle avait été
fière de lui, esprit mêlé ou non. Certains Zelandonia se souvenaient encore de la grand-mère de Brukeval et, sans jamais l'admettre publiquement, la plupart d'entre eux étaient s˚rs que la fille dont elle avait accouché
était un esprit mêlé. Personne n'avait vraiment voulu d'elle après la mort de sa mère, et Brukeval avait connu un sort identique. Il avait les mêmes traits que sa mère, moins marquas, peut-être, mais c'était un mélange, lui aussi, Zelandoni en était persuadée. Elle ne l'aurait cependant pas reconnu devant quiconque, encore moins devant lui.
Se pouvait-il qu'Ayla e˚t tendance à attirer leurs esprits parce qu'elle avait été élevée par eux ? Ce bébé était-il aussi un mélange ? Et dans ce cas, que faire ? Le plus sage serait peut-être de mettre discrètement fin à
sa vie avant qu'elle ne commence vraiment. Ce serait facile, et personne ne saurait qu'il n'était pas mort-né. Cela épargnerait des souffrances à tout le monde, y compris au bébé. Ce serait regrettable que la Caverne compte un enfant non désiré et mal aimé de plus, comme Brukeval et sa mère.
Mais si Ayla aimait son premier bébé, n'aimera-t-elle pas également celuici ? raisonna la Première. C'est étonnant de la voir avec Echozar, j'ai l'impression qu'elle se sent à l'aise avec lui. Cela pourrait aller si Jondalar...
- Jondalar m'a dit que le travail avait commencé, lança Marthona en pénétrant dans l'habitation. Il a pris soin de préciser que ce n'était que le début, que je ne devais pas me presser, mais il m'a quasiment poussée hors de chez moi tant il était impatient.
- C'est aussi bien que tu sois là, répondit Zelandoni. Je voudrais lui préparer quelque chose.
- Pour h‚ter l'accouchement ? Les premiers bébés peuvent être longs à
venir, dit la mère de Jondalar en souriant à Ayla.
- Non, répondit Zelandoni.
Elle marqua une pause, indécise, puis reprit :
- quelque chose pour l'aider à se détendre. Cela progresse bien, plus vite que je ne l'aurais cru, mais elle est pleine d'appréhension.
Ayla remarqua que la doniate n'avait pas détrompé Marthona quand celle-ci avait parlé d'un premier bébé. Dès le début, Ayla avait senti que Zelandoni connaissait beaucoup de choses, beaucoup de secrets qu'elle gardait pour elle. Il valait peut-être mieux que la doniate f˚t la seule à savoir qu'elle avait un fils.
On frappa à l'entrée et Proleva apparut sans attendre.
- Jondalar dit qu'Ayla est en travail. Je peux vous aider ? La compagne de Joharran portait un nouveau-né sur son dos, dans une couverture.
- Bien s˚r, répondit la Première.
Elle s'était arrogé le droit d'accorder ou de refuser l'accès à
l'habitation et Ayla lui en était reconnaissante.
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