Le clan de l'ours des cavernes
accepté. Je t'en supplie, Brun, protège-le. Tu le peux. Ne laisse pas Broud lui faire du mal !
Lentement, Brun se détourna de la femme qui l'implorait, d'une manière qui se voulait naturelle et non comme s'il évitait de la regarder. Mais elle avait vu dans ses yeux une brève lueur d'acquiescement. Cela lui suffisait.
Elle savait qu'il l'avait entendue et qu'il protégerait Dure. Il l'avait promis à l'esprit de la mère du petit garçon. Tout s'était passé si vite, si brutalement, qu'elle n'avait pas eu le temps de lui adresser cette poignante requête plus tôt. Elle n'aurait jamais pu partir dans l'incertitude du sort de Dure. Elle pouvait à présent s'éloigner, certaine que Brun ne laisserait pas le fils de sa compagne faire du mal à son enfant.
Ayla se releva et se dirigea vers la caverne d'un pas assuré. Avant de parler à Brun, elle n'avait rien décidé quant à son départ, mais à présent sa résolution était prise. Elle relégua dans un coin de son esprit le chagrin que lui causait la mort de Creb, pour ne plus penser qu'à sa survie. qu'elle prenne la direction du monde invisible ou une autre, elle ne se trouverait pas démunie de tout.
Elle ne s'était pas rendu compte de l'importance des dég‚ts à l'intérieur de la caverne, quand elle y avait pénétré la première fois. A présent, elle s'immobilisa un instant, tant les lieux étaient méconnaissables. Le sol n'était qu'un chaos de pierres et de roches. Le clan avait eu de la chance de se trouver assemblé dehors. S'arrachant à sa stupeur, elle se h‚ta vers le foyer de Creb. Si elle n'emportait pas tout ce qu'il lui fallait, elle mourrait à coup s˚r. Elle déplaça une pierre tombée sur sa couche, secoua sa fourrure et se mit à empiler ses affaires dessus : son sac de guérisseuse, sa fronde, deux paires de chausses, des jambières, des moufles et un capuchon fourré ; son bol et une écuelle, une outre et des outils.
Puis elle se rendit au fond de la caverne pour puiser dans les réserves des biscuits, de la viande séchée, des fruits et des graisses. En fouillant dans les décombres, elle découvrit des paquets enveloppés d'écorce de bouleau dans lesquels se trouvaient du suc d'érable, des noix, des fruits secs, des céréales pilées, des morceaux de viande et de poisson séchés ainsi que quelques légumes. Il n'y avait pas grand choix, si tard dans la saison, mais cela ferait l'affaire. Elle rangea toutes ces provisions dans son panier.
Elle ramassa la couverture dans laquelle elle portait Durc et y enfouit son visage, les larmes aux yeux. Elle n'en avait aucun besoin, mais elle la prit néanmoins pour emporter avec elle un objet qui lui rappellerait son fils. Elle s'habilla chaudement car le printemps venait à peine de commencer et il ferait froid dans les steppes. Elle n'avait pas encore réfléchi à la direction qu'elle prendrait, mais elle savait qu'elle se dirigerait vers le nord de la péninsule.
Au dernier moment, elle décida d'emporter aussi la tente en peaux qu'elle utilisait lorsqu'elle accompagnait les hommes à la chasse. Elle l'enroula sur le dessus de son grand panier, qu'elle attacha sur son dos avec des lanières, pour le maintenir bien en place. Elle regarda tout autour de ce foyer qui avait été le sien. Elle ne le reverrait plus jamais, pensa-t-elle en refoulant ses larmes. Un flot de souvenirs lui revint. La dernière image était celle de Creb. J'aurais bien aime savoir ce qui te causait tant de peine, Creb. Peut-être comprendrai-je un jour. Mais je suis heureuse que nous ayons pu parler tous les deux l'autre nuit, avant que tu nous quittes pour le monde des esprits.
quand Ayla sortit de la caverne, tout le monde s'aperçut de sa présence, mais personne ne la regarda. Elle s'arrêta à la rivière pour y remplir son outre et cela éveilla un souvenir en elle. Avant de troubler la surface de l'eau, elle se pencha pour se regarder. Elle étudia soigneusement ses traits et ne se trouva pas aussi laide que la première fois. Mais ce n'était pas ce qui l'intéressait : elle voulait voir le visage des Autres.
quand elle se releva, Durc essaya d'échapper à Uba.
Il se passait quelque chose concernant sa mère. Il ne savait pas quoi, mais cela ne lui plaisait pas. D'une secousse, il se libéra et courut vers Ayla.
- Tu t'en vas, lui reprocha-t-il, indigné de ne pas avoir été prévenu. Tu t'es préparée et tu t'en vas.
Ayla n'hésita qu'une fraction de seconde puis elle ouvrit les
Weitere Kostenlose Bücher