Le clan de l'ours des cavernes
promettait de ne pas s'en mêler.
quand les membres du clan eurent compris que Brun n'avait pas l'intention de reprendre le commandement, ils finirent par se tourner vers Broud. Ils étaient habitués à leur hiérarchie, et Brun avait été un chef juste, dévoué à son clan, un homme fort et sage, qui ne prenait jamais une décision sans avoir longuement réfléchi mais qui savait aussi réagir promptement dans les moments difficiles. Ils n'avaient jamais eu à décider eux-mêmes de ce qu'ils allaient entreprendre ou pas. Même Broud s'était attendu à ce que Brun reprenne le commandement, mais quand il comprit ce qu'on attendait de lui, il essaya d'assumer ses responsabilités.
- qui manque-t-il ? quelqu'un est-il blessé ? demanda-t-il.
Il y eut quelques soupirs de soulagement. quelqu'un se décidait enfin à faire quelque chose. Des groupes se formèrent par foyer, et miraculeusement, il sembla qu'il ne manquait personne. La plupart n'avaient que des blessures légères dues aux chutes de pierres. Il n'y avait pas une seule fracture.
- O˘ est Ayla ? s'écria soudain Uba.
- Je suis là, répondit la jeune femme qui se trouvait près de l'entrée de la caverne, comme hébétée.
- Mama ! hurla Durc en se dégageant vivement de l'étreinte d'Uba. Ayla courut à lui et le serra dans ses bras.
- Tu n'as pas de mal, Uba ?
- Non, non, rien de grave.
- O˘ est Creb ?
Alors qu'elle posait cette question, Ayla se souvint. Tendant Durc à Uba, elle se rua vers la caverne.
- Ayla ! O˘ vas-tu ? N'entre pas dans la caverne ! Il peut se produire de nouvelles secousses !
Négligeant cet avertissement, Ayla courut droit au foyer de Creb. Des cailloux et des gravillons tombaient encore de temps à autre, formant de petits amoncellements, mais leur foyer n'avait pas trop souffert du tremblement de terre. Cependant, Creb n'y était pas. Ayla le chercha dans tous les foyers, entièrement détruits pour certains. Creb restait introuvable. Elle voulut s'aventurer dans la grotte des esprits, mais il y faisait beaucoup trop sombre et elle décida d'inspecter d'abord le reste de la caverne.
Des gravillons lui tombèrent dessus, et elle s'écarta d'un bond pour se coller contre la paroi. Bien lui en prit car aux gravillons succéda un gros bloc, qui s'écrasa lourdement sur le sol à deux pas d'elle. Tout en continuant de longer les parois, elle fouilla à t‚tons derrière les grands paniers à provisions et les éboulis. Elle s'apprêtait à aller chercher une torche quand elle songea à inspecter un dernier endroit.
Elle découvrit Creb auprès de la sépulture d'lza. Il était couché sur son côté déformé, les jambes repliées sur le visage, comme si on l'avait déjà
attaché dans la position foetale. Le grand cr‚ne qui avait abrité son puissant cerveau avait été fracassé par un lourd rocher. Il était mort sur le coup.
Ayla s'agenouilla auprès du corps et se mit à pleurer.
- Creb, Creb, pourquoi es-tu entré dans la caverne ? gémit-elle en se balançant d'avant en arrière sur ses genoux.
Puis, pour quelque raison inexplicable, elle se leva et se mit à accomplir les gestes rituels qu'elle lui avait vu faire au-dessus de la tombe d'lza.
Pleurant à chaudes larmes, la grande femme blonde, seule dans la caverne jonchée de pierres, célébrait les rites ancestraux avec une gr‚ce et une finesse dignes du plus grand des mog-ur. Telle fut sa dernière offrande au seul père qu'elle e˚t jamais connu.
- Il est mort, annonça Ayla en émergeant de la caverne.
Tous les regards étaien+ tournés vers elle. Broud frémit, envahi par une peur soudaine. C'était elle qui avait découvert la caverne, elle qui avait la faveur des esprits. Et sitôt après qu'il l'eut maudite, ils avaient ébranlé la terre et détruit la grotte. Les esprits s'étaient-ils déchaînés contre lui parce qu'il avait maudit leur protégée ? que se passerait-il si le clan le croya,t responsable des calamités qui s'abattaient sur lui ? Dans les tréfonds de son ‚me superstitieuse, Broud, tremblant devant le lugubre présage, se prit à redouter la colère des esprits. C'est alors que sa perversité lui souffla de prendre les devants et d'accuser Ayla avant que quelqu'un ne songe à le désigner comme étant le coupable.
- C'est elle ! C'est sa faute ! s'écria-t-il tout à coup. C'est elle qui a déchaîné la colère des esprits. Elle a bafoué les traditions. Vous l'avez tous vue. Elle s'est montrée insolente et
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