Le clan de l'ours des cavernes
bras dans lesquels il se rua. Elle le souleva, le serra contre elle en refoulant ses larmes puis le reposa à terre en s'accroupissant pour être à sa hauteur.
Elle le regarda droit dans ses grands yeux noirs.
- Oui, Durc, je m'en vais. Il faut que je m'en aille.
- Emmène-moi, marna. Emmène-moi ! Ne me laisse pas
- Je ne peux pas t'emmener, Durc. Il faut que tu restes ici avec Uba. Elle prendra bien soin de toi, et Brun aussi.
- Je ne veux pas rester ici ! s'écria Durc avec violence. Je veux venir avec toi !
Uba venait vers eux pour éloigner Durc de l'esprit de sa mère. Ayla serra à
nouveau son fils contre elle.
- Je t'aime, Durc. Ne l'oublie jamais. (Elle le prit et le mit dans les bras d'Uba.) Veille bien sur mon fils, Uba, dit-elle, captant le regard plein de tristesse de la jeune femme. Prends bien soin de lui... ma soeur.
Broud contemplait la scène avec une fureur grandissante. Cette femme était morte, elle n'était plus qu'un esprit. Pourquoi ne se comportaitelle pas comme un esprit ? Pourquoi certains membres de son clan ne la traitaient-ils pas comme l'esprit qu'elle était devenue ?
- C'est un esprit, dit-il avec rage. Elle est morte. Vous ne le savez donc pas ?
Ayla se dirigea droit sur lui, le toisant de toute sa hauteur. Lui-même avait du mal à ne pas la voir. Il essaya de l'ignorer, et il y serait peutêtre parvenu si elle avait été assise à ses pieds comme toute autre femme.
- Je ne suis pas morte, Broud, lui dit-elle avec défi. Je ne mourrai pas.
Tu ne peux pas me faire mourir. Tu peux me chasser, me prendre mon fils, mais tu ne peux pas me faire mourir !
Broud était partagé entre la rage et la terreur. Il leva le poing, animé
d'une violente envie de la frapper, mais il interrompit son geste, craignant de la toucher. C'est une ruse, se dit-il. La ruse d'un esprit.
Elle est morte. Elle a été maudite.
- Frappe-moi, Broud. Vas-y, frappe-moi, et tu verras que je ne suis pas morte.
Broud se tourna vers Brun pour éviter de la regarder. Il rabaissa son bras, gêné de ne pouvoir donner à son geste un air plus naturel. Il ne l'avait pas touchée, mais il craignait que le simple fait d'avoir levé le poing sur elle ne constitue une manière de reconnaître son existence. Il essaya de détourner le mauvais sort sur Brun.
- Ne crois pas que je ne t'ai pas vu, Brun. Tu lui as répondu quand elle t'a parlé avant d'entrer dans la caverne. C'est un esprit. Tu vas nous porter malheur à tous, lança-t-il, accusateur.
- A moi seul, Broud, et j'ai eu plus que ma part de malheur, répondit Brun.
Mais quand l'as-tu vue me parler ? quand l'as-tu vue entrer dans la caverne ? Pourquoi as-tu fait mine de frapper l'esprit ? Tu ne comprends toujours pas, n'est-ce pas ? Tu as reconnu son existence, Broud. Elle t'a vaincu. Tu l'as accablée autant que tu le
pouvais, tu es allé jusqu'à la maudire. Elle est morte, et c'est pourtant elle qui gagne. C'était une femme, mais elle était plus courageuse que toi, Broud, plus déterminée, plus maîtresse d'elle-même. Elle méritait d'être un homme plus que toi. C'est elle qui aurait d˚ être le fils de ma compagne.
Ayla fut surprise par la sortie de Brun. Durc se débattait tant et plus pour la suivre et l'appelait. Elle ne put le supporter davantage et s'empressa de partir. En passant devant Brun, elle lui fit un signe de tête et un geste de gratitude. quand elle eut atteint l'escarpement, elle se retourna une dernière fois. Elle aperçut Brun qui levait la main comme pour se gratter le nez, mais cela ressemblait fort à un geste d'adieu, celui que leur avait fait Norg quand ils l'avaient quitté après le Rassemblement du Clan. C'était comme si Brun lui avait dit " qu'Ursus t'accompagne. "
La dernière chose qu'Ayla entendit avant de disparaître derrière l'énorme rocher fracassé par le tremblement de terre, ce fut la plainte déchirante de Dure.
- Maama... ! Maaama... ! Maamaaa... !
DEUXIEME LIVRE= :
LA VALL…E DES CHEVAUX
Elle était morte. Peu importait la pluie glaciale qui lui cinglait les joues et les violentes rafales de vent qui plaquaient contre ses jambes la peau d'ours dont elle était vêtue. Son capuchon en fourrure de glouton rabattu sur le visage, la jeune femme continuait à avancer en jetant des coups d'oeil autour d'elle pour essayer de se repérer.
Se dirigeait-elle bien vers cette rangée d'arbres irrégulière qu'elle avait aperçue un peu plus tôt, se détachant sur l'horizon ? Elle aurait d˚ y
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