Le clan de l'ours des cavernes
admettant que nous arrivions à construire un radeau avec ces aulnes, je ne vois pas de branche suffisamment longue et solide pour que nous puissions en faire une perche capable d'atteindre le fond de la rivière. Tu sais bien que même sur une rivière beaucoup plus petite, il est toujours difficile de conserver le contrôle d'un radeau.
Le sourire plein d'assurance de Thonolan s'effaça aussitôt. Il était incapable de déguiser ses sentiments. Il possédait une nature candide et impulsive, caractéristique qui le rendait particulièrement sympathique, notamment aux yeux de son frère. Devant son air déçu, ce dernier réprima un sourire.
- Ton idée n'est pas si mauvaise que ça, dit-il autant pour faire plaisir à
son frère que parce qu'il ne voyait pas d'autre solution. Mais il va falloir que nous remontions la rivière. Plus haut, elle doit être plus large, donc moins profonde et moins rapide. Nous traverserons plus facilement.
- Mettons-nous en route tout de suite, proposa Thonolan.
- Je veux d'abord aller voir ces aulnes. Nous avons absolument besoin de sagaies plus solides que les nôtres. Nous aurions d˚ nous en occuper hier soir.
- Tu t'inquiètes encore à cause de ce rhinocéros ? s'étonna Thonolan. Il doit être loin maintenant.
- Je vais couper le bois, ce sera toujours ça de fait.
- Coupes-en donc pour moi. Pendant ce temps-là, je prépare la tente.
Jondalar prit son coup-de-poing en silex et, après en avoir vérifié
le tranchant, partit en direction de la colline o˘ poussaient les aulnes. Il examina avec attention les arbres et en choisit finalement un au tronc haut et droit. Il l'avait abattu et débarrassé de ses branches et était en train d'en sélectionner un second pour Thonolan quand, soudain, il entendit un grondement, puis des grognements, non loin de là. Son frère se mit à crier. L'instant d'après, il hurlait de douleur. Puis ce fut le silence, un silence qui laissait présager le pire.
- Thonolan ! Thonolan ! hurla Jondalar en dévalant la colline. Tenant toujours le jeune arbre qu'il venait de couper, il courut comme un fou : il vit un énorme rhinocéros laineux qui poussait devant lui la forme inanimée d'un homme. La bête semblait ne pas savoir quoi faire de sa victime.
Jondalar ne perdit pas de temps à réfléchir. Se servant du tronc de l'aulne comme d'une massue, il fonça sur l'animal et lui en assena un coup sur le groin, juste au-dessous de sa longue corne incurvée. Puis, à nouveau, il le frappa au même endroit. Le rhinocéros recula. Il s'immobilisa, comme s'il hésitait à charger ce fou furieux qui venait de lui faire mal, et partit au petit trot avant que Jondalar ait pu le frapper une troisième fois. Les coups n'avaient pas d˚ lui faire grand mal mais l'incitaient à décamper.
La longue hampe en aulne traversa l'air en sifflant, ratant de peu l'arrière-train de l'énorme bête. Jondalar courut la ramasser, puis il se précipita vers son frère qui gisait toujours sur le ventre dans la position o˘ le rhinocéros l'avait abandonné.
- Thonolan ? Thonolan cria Jondalar en retournant son frère sur le dos.
Les pantalons en peau de Thonolan étaient déchirés à la hauteur de l'aine et couverts de sang.
- Thonolan ! Oh, Doni
Posant l'oreille sur la poitrine de son frère, Jondalar eut l'impression que son coeur battait toujours. Mais peut-être n'était-ce qu'une illusion ?
quand il vit que la poitrine du blessé se soulevait régulièrement, il poussa un soupir de soulagement.
- Il est vivant ! Mais que vais-je faire de lui ? se dernanda-t-il à haute voix en soulevant avec précaution son frère inanimé. Oh, Doni ! Oh, Grande Terre Mère ! Ne le prends pas encore ! Laisse-le vivre, je T'en prie...
supplia-t-il, un sanglot dans la voix.
Laissant tomber son visage contre l'épaule de son frère, il pleura sans retenue. Puis il releva la tête et transporta Thonolan à l'intérieur de la tente.
Après l'avoir déposé avec précaution sur une des fourrures, il prit son couteau et découpa les pantalons et la tunique de son frère. La seule blessure visible était celle qu'il portait en haut de la jambe gauche : la corne du rhinocéros avait déchiré la chair et pénétré jusqu'au muscle. Mais Thonolan avait d˚ aussi être touché plus haut, car sa poitrine était violacée du côté gauche. Jondalar t‚ta avec précaution l'endroit tuméfié et s'aperçut aussitôt qu'il avait plusieurs côtes cassées.
En voyant que la
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