Le clan de l'ours des cavernes
turbulente était la Grande Rivière Mère dans laquelle elle venait se jeter.
L'affluent était presque aussi large que le fleuve et, à l'endroit o˘ ces deux géants se rencontraient, ils luttaient l'un contre l'autre de toute la force de leurs courants antagonistes. Vaincu par le fleuve, l'affluent reculait, puis repartait à l'assaut, jetant dans la bataille toute la panoplie de ses courants. Les tourbillons entraînaient les débris vers le fond, puis les rejetaient à la surface un peu plus loin en aval. La confluence des deux cours d'eau créait un lac aux contours changeants et si vaste que les deux frères ne pouvaient apercevoir la rive opposée.
Avec la fin des crues, le niveau des eaux avait baissé. Les berges boueuses formaient un vaste marécage qui offrait un spectacle de désolation : amas de bois flottés, branches brisées net, arbres entiers dont les racines étaient tournées vers le ciel, poissons morts gisant le ventre en l'air et cadavres d'animaux échoués. Les oiseaux aquatiques festoyaient et une hyène était en train de se régaler des restes d'un cerf, insensible aux battements d'ailes des cigognes noires qui se posaient autour d'elle.
- Grande Doni ! s'écria Thonolan, abasourdi.
- Ce doit être la Soeur, dit Jondalar, trop ému pour rappeler à son frère qu'une fois de plus c'est lui qui avait raison.
- Comment allons-nous faire pour traverser ?
- Je n'en sais rien. Nous serons obligés de remonter l'affluent.
- Remonter ? Jusqu'o˘ ? La Soeur est aussi large que la Grande Rivière Mère.
- Nous aurions d˚ suivre les conseils de Tamen, dit Jondalar en fronçant les sourcils d'un air soucieux. La saison est si avancée qu'il peut se mettre à neiger du jour au lendemain. Même si nous rebroussons chemin, nous ne pourrons pas nous permettre d'aller très loin. Je n'ai aucune envie d'être surpris par une tempête de neige alors que nous nous trouvons encore à découvert dans les plaines.
Une brusque rafale de vent rabattit le capuchon de Thonolan en arrière. Il le remit aussitôt en place et ne put réprimer un frisson. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient mis en route, il se demandait comment ils allaient se débrouiller pour rester en vie durant la saison froide.
- Et maintenant, que faisons-nous ? demanda-t-il à son frère.
- Il faut trouver un endroit pour établir notre campement, répondit celuici. (Après avoir observé attentivement les abords du cours d'eau, il ajouta :) Nous allons nous installer là-bas, un peu en amont, au pied de cette rangée d'aulnes. Il y a là un petit torrent qui rejoint la Soeur. Son eau doit être bonne à boire.
- Nous pourrions attacher nos deux sacs sur un tronc, proposa Thonolan, puis passer la corde autour de nos poitrines, comme ça nous serions s˚rs de traverser sans que le courant nous sépare.
- Je te savais intrépide, Petit Frère, mais pas imprudent. Même sars chargement, je ne suis pas s˚r de pouvoir traverser à la nage. Cette rivière doit être très froide. Si elle n'est pas prise par les glaces, c'est uniquement à cause de la force de son courant. Ce matin au réveil, elle était gelée en surface. Et que ferons-nous si nous nous trouvons empêtrés dans les branches d'un arbre ? Nous pouvons alors être entraînés par le courant ou, encore pire, au fond de la rivière.
- Est-ce que tu te souviens de cette Caverne près de la Grande Eau ? Ils se servent de troncs évidés pour traverser les rivières.
- Les troncs dont tu me parles proviennent d'arbres de grande taille, rappela Jondalar. Jamais nous n'en trouverons ici. Regarde comme les arbres sont petits et rabougris.
- J'ai entendu parler d'une Caverne qui fabriquait des coques en écorce de bouleau. Mais ce doit être très fragile...
- J'ai déjà vu ce genre de coques, mais je ne sais pas comment on les fabrique et quel type de colle on utilise pour que l'embarcation ne prenne pas l'eau. De toute façon, les bouleaux qu'ils utilisent sont beaucoup plus gros que par ici.
Thonolan regarda autour de lui dans l'espoir de trouver une idée que son frère ne pourrait pas démolir à coups d'arguments logiques. Il observa un court instant la rangée d'aulnes qui poussait en haut de la butte au sud et se mit à sourire.
- Et si nous construisions un radeau ? Il suffirait d'attacher plusieurs rondins ensemble. Les aulnes qui se trouvent en haut de ce monticule feraient parfaitement l'affaire. Regarde comme ils ont poussé droit et haut.
- En
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