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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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folle !
    — Nous serons toujours d’accord sur ce point ! D’autant plus qu’elles manquent fâcheusement à Venise !
    — Oh, Venise n’en a pas besoin ! Elle possède tellement de moyens d’inciter à l’amour.
    — Ah, parce que les huîtres ?…
    — Évidemment ! Vous ne le saviez pas ?
    — Mon Dieu, non ! Mes notions en matière d’aphrodisiaques sont élémentaires et ne vont guère plus loin que les truffes, certains poivres, certains champignons et bien entendu la mythique cantharide.
    — Pourquoi mythique ? Elle est on ne peut plus réelle… et très efficace. À ce que l’on m’a assuré tout au moins, ajouta-t-elle en baissant les yeux et en réussissant un « fard » dont son invité ne fut pas dupe.
    Il le fut moins encore en voyant arriver le deuxième plat – une omelette aux truffes ! –, le troisième – un salmis de faisan aux piments d’Espelette… et aux truffes ! Une véritable hérésie culinaire ! Le quatrième, une salade dans laquelle une main négligente avait laissé tomber de fines tranches du savoureux tubercule. Il s’attendait à en trouver dans la mousse au chocolat couronnée d’une crème Chantilly neigeuse – avec, pourquoi pas, une pincée de poudre provenant de la dangereuse mouche évoquée précédemment – que Ramon apportait avec l’onction d’un lama tibétain soutenant le Livre sacré. Et s’apprêtait à se priver de dessert quand une voix furieuse fit trembler les vitres et provoqua chez le valet une telle commotion qu’il poussa un cri, tandis que le compotier lui échappait et allait se répandre sur le sol.
    — Quel charmant spectacle ! Mais pas vraiment inattendu : ma femme à moitié nue en partie fine avec son amant ! Vous ne m’attendiez pas, n’est-il pas vrai ?
    L’œil furibond, la moustache en bataille et le chapeau enfoncé jusqu’aux sourcils, en tous points conforme à l’image qu’en gardait Aldo depuis la gare de Vienne, le baron Waldhaus effectuait une entrée d’autant plus fracassante qu’il brandissait une canne avec l’évidente intention de s’en servir. Cependant, Agathe ne parut pas autrement émue. En colère, oui ! Se levant brusquement, elle jeta sa serviette sur la table et protesta :
    — En vérité, Eberhardt, vous êtes impossible ! Vous n’êtes pas chez vous ici et vous le savez. Alors qu’est-ce qu’il vous prend d’y jouer les cyclones ?
    — Vous êtes toujours ma femme, Agathe, et partout où vous vous trouvez, je suis aussi chez moi !
    — Ma parole, vous êtes malade ! Alors, quand je vais chez le coiffeur vous pensez pouvoir y enfiler vos pantoufles ?
    — Je me suis mal exprimé. Je voulais dire que je peux exercer mes droits d’époux où que vous soyez. Quant à vous, Monsieur…
    Plus amusé qu’inquiet, Aldo avait allumé une cigarette et considérait le nouveau venu avec bienveillance, en regrettant seulement qu’il n’ait pas fait irruption suffisamment tôt pour lui éviter le salmis incendiaire.
    — Je crains que vous ne commettiez une erreur, baron. Je ne suis que l’invité de la baronne…
    — Vous l’étiez aussi, je suppose, quand, au départ du train de Bruxelles, je vous ai vu la prendre dans vos bras ?
    — Elle risquait de glisser. Je l’ai seulement aidée à monter et n’importe qui en aurait fait autant. J’ajoute qu’avant cet incident, je n’avais jamais eu le plaisir de la rencontrer.
    — C’est ce qu’il faudra prouver. On vous connaît, Monsieur le prince !
    — Moi, en revanche je ne vous connais pas et vous ne me donnez guère envie de le regretter. À présent, soyez bon, cessez d’agiter cette canne !
    — Elle vous gêne ? ricana Waldhaus.
    — Plus que je ne saurais dire. Il me déplairait, pour une première rencontre, de vous mettre mon poing dans la figure. (Puis, sur un ton plus conciliant, il continua :) C’est un déplorable malentendu. Nous sommes des gentilshommes et j’espère que vous me ferez l’honneur de le croire si je vous donne ma parole que…
    Ce qui se produisit alors devait se retrouver à plusieurs reprises dans les cauchemars d’Aldo : Agathe lui coupa la parole et s’écria en se mettant à sangloter :
    — Inutile d’aller jusque-là, cher Aldo ! Il… il ne nous croira jamais… ni l’un ni l’autre… Et, de toute façon, cela ne changera rien à ce qui est ! Un… un amour comme le nôtre…
    Il manqua s’étrangler :
    — Un amour… Vous perdez la

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