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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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connaissances…
    Ramassant sa longue jupe d’une main, ce qui découvrit d’attendrissants jupons blancs à dentelle de Calais et d’immenses pieds chaussés de cuir noir, elle les précéda dans un large escalier de pierre réchauffé par un « chemin » en moquette vert foncé, fit quelques pas dans une galerie ornée de tableaux qui auraient eu besoin d’un sérieux récurage : trop sombres pour que l’on puisse distinguer ce qu’ils représentaient. Enfin, ouvrit la porte d’une vaste pièce au seuil de laquelle elle clama avec la vigueur d’un aboyeur à l’entrée d’une réception :
    — Madame la comtesse von Adlerstein et Monsieur le prince Morosini, Madame !
    — Ne criez pas si fort, ma bonne Gottorp ! Je ne suis pas sourde ! Chère Valérie ! Quel plaisir de vous voir après tant d’années ! Je pensais que vous m’aviez oubliée…
    — Vous savez que c’est impossible, Eva. Mais la vie va si vite que l’on ne voit plus passer le temps…
    — C’est bien vrai ! En outre, vous m’amenez…
    — L’époux de Lisa, ma petite-fille, Aldo Morosini, de Venise, dont vous savez peut-être qu’il est un célèbre expert en joyaux anciens…
    — Non, je ne le savais pas. Mais comme c’est intéressant ! fit-elle en tendant à Aldo une petite mains sèche qui devait peser moins lourd que les bagues et bracelets qui l’ornaient et sur laquelle il s’inclina.
    Tout en débitant les compliments d’usage, il examinait cette femme en s’avouant qu’il ne l’imaginait pas ainsi. Dieu sait pourquoi, il se l’était représentée taillée sur le même patron que Tante Amélie ou Grand-Mère Valérie mais elle était l’opposé : plutôt menue – autant que l’on en pouvait juger de la chaise longue où elle se tenait à demi étendue – et délicate comme une statuette grecque ou chinoise. En dépit de l’âge, sa beauté restait évidente grâce à une ossature parfaite tendant une peau finement ridée mais sans relâchement, à l’éclat intact de deux yeux noirs peut-être un rien trop brillants et à un sourire un peu crispé. En résumé, il n’avait pas l’impression d’être en face d’une folle. Quant aux bijoux, elle devait les aimer si l’on considérait, en plus de ceux des poignets, le quintuple rang de perles qui enserrait son cou au ras de la robe de velours noir et la broche ancienne – perles et émeraudes – retenant sur ses épaules un très beau cachemire mordoré comme en portaient les impératrices à l’époque de sa jeunesse.
    — Venez vous asseoir près de moi, dit-elle avec enjouement en désignant un fauteuil proche de son coude et sans s’occuper davantage de sa visiteuse. J’ai toujours adoré les bijoux et, grâce à Dieu, je n’en ai jamais manqué. Comment trouvez-vous ceux-ci ? J’ai un faible pour les pierres vertes !
    Enchanté de l’occasion, il se pencha avec intérêt sur la broche qu’elle désignait :
    — Ces trois émeraudes sont splendides… mais ce ne sont pas les seules que vous possédez… si j’en crois ce que m’ont appris des amis américains…
    — Américains ? Vraiment ? Comme c’est étrange !
    Au point où il en était, Aldo maudit Fräulein Gottorp qui, après une brève absence, reparaissait chargée d’un vaste plateau contenant le traditionnel café viennois et des pâtisseries qu’Eva accueillit avec satisfaction et, bon gré, mal gré, il fallut sacrifier à ce rite important de la politesse autrichienne. Par chance, le café était bon et Aldo l’apprécia, se contentant d’échanger un regard agacé avec M me  von Adlerstein tandis que s’installait un silence inquiétant : occupée à faire disparaître une impressionnante quantité de choux à la crème, leur hôtesse semblait les avoir complètement oubliés.
    Cet intermède permit à Aldo de mieux étudier la pièce où il se trouvait. Une chambre sans doute mais surtout un sanctuaire à la mémoire du fugace empereur du Mexique. D’abord, au-dessus d’une console supportant un vase d’iris, de tulipes et de feuillage roux cravatés de noir, un portrait en pied du prince dans un costume de sacre qui devait faire grand honneur à l’imagination du peintre car c’était tout simplement sur la couronne de Charlemagne posée sur un coussin qu’il reposait sa main. Un cas d’usurpation flagrante, lorsque François-Joseph vivait. Un nœud de crêpe était appliqué sur le haut du cadre doré. Mais ce n’était pas la

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