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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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m’aurait sûrement enfermée !
    — Ah ? C’était votre mari ? fit Aldo, jouant l’innocent. Il est vrai qu’il semblait furieux… et que vous lui avez appliqué un traitement difficile à avaler pour un homme. Vous ne craignez pas que votre retour au logis s’en trouve perturbé ?
    — Mais je n’ai pas l’intention de rentrer au logis ! C’est même pour cette raison qu’il voulait me mettre sous clef. Comme on dit dans les bons romans, je retourne chez ma mère !
    — Et… Madame votre mère approuvera ?
    — Elle ? Oh, j’en fais ce que je veux ! C’est un amour… Avec mon père, évidemment, c’eût été plus difficile, mais il n’est plus de ce monde, donc il ne déplorera pas l’écroulement d’un mariage dont il était si enchanté !
    — Vous m’étonnez un peu. Vous êtes belge, votre époux est autrichien, je suppose ?
    — Vous supposez juste.
    — La guerre n’est pas si loin de nous et la Belgique en a cruellement souffert…
    Elle dégusta la bouchée de filet de sole Colbert plantée sur sa fourchette et lui offrit un sourire moqueur :
    — Vous avez bien épousé la petite-fille de M me  von Adlerstein et vous êtes vénitien ! C’est pire, il me semble. Nous autres Belges avons surtout pâti des Allemands, non des Autrichiens. Et puis, vous savez, avec les guerres il y a toujours des accommodements. Quand nous avons rencontré Eberhardt à Aix-les-Bains, il y a quatre ans, mon père et lui se sont entendus comme larrons en foire. En plus, Eberhardt est baron et mon père raffolait des titres de noblesse. Enfin, je dois dire que mon prétendant était pratiquement la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Ayant mis la main sur une épouse à son goût, il n’a plus jugé utile de surveiller son tour de taille et s’est goinfré de tous les délices à sa portée, y compris moi et le chocolat paternel ! Enfin il s’est révélé un émule d’Othello. En prenant du poids, il a pris aussi de la méfiance et s’est mis à me surveiller. Si, à une soirée, je dansais deux fois avec le même quidam, il me ramenait dare-dare à la maison pour me régaler d’une scène. Que j’aie un amant, voire plusieurs, est devenu pour lui une idée fixe. D’ailleurs vous en avez été témoin tout à l’heure ?
    La sole Colbert perdit soudain de son charme pour Aldo qui crut réentendre la voix furibonde lançant : « Oserez-vous encore me dire que vous n’avez pas d’amant quand je vous prends… » et sentit une légère sueur froide mouiller sa nuque. Au moment où le furieux lançait cette phrase lapidaire, il étreignait quasiment la jolie Agathe qu’il venait de repêcher sur le quai…
    — Puisque nous en sommes aux confidences, baronne, allons jusqu’au bout : avez-vous réellement un…
    — Un amant ? Mais non ! Je n’ai encore jamais trompé Eberhardt bien qu’il l’eût cent fois mérité. Cela doit tenir à ce que je n’ai pas rencontré l’oiseau rare, conclut-elle en attaquant sa caille farcie avec la dextérité d’une femme rompue dès l’enfance aux bonnes manières.
    — Dans ce cas, permettez-moi une autre question : est-ce qu’à cette heure où nous devisons si agréablement, le baron Eberhardt ne serait pas en train de s’imaginer que l’heureux élu ce serait… moi ?
    — J’y ai pensé, en effet, en me remettant de la poudre sur le nez, et la réponse m’est apparue aveuglante : sans aucun doute !
    La petite sueur froide devint filet et glissa le long du dos de Morosini :
    — Mais enfin, nous nous connaissons à peine et, outre que je séjourne rarement à Vienne, nous n’avons pas eu l’occasion de nous rencontrer ?
    Les yeux au plafond, M me  Waldhaus réfléchit un instant :
    — C’est exact. Il ne vous a certainement jamais vu. Moi non plus d’ailleurs, puisqu’il m’a fallu entendre votre nom pour savoir qui vous êtes…
    Morosini eut un soupir de soulagement… qui ne dura guère. Les yeux toujours en l’air, un sourire ravi aux lèvres, elle poursuivait :
    — Ce qui est dommage !
    — Comment ça, dommage ?
    — Passer pour votre maîtresse doit être plutôt flatteur, non ? La femme qui fait des folies pour un homme tel que vous doit avoir droit à toutes les indulgences, toutes les compréhensions…
    — Cela m’étonnerait ! De toute façon, le rôle est rayé du répertoire depuis mon mariage. Ma femme est très belle, j’en ai trois enfants et je

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