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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’inconnue avec bonne humeur et un amusant accent belge, et je vous en félicite : sans Monsieur, le train était fermé et j’étais prise au piège ! On peut dire que vous étiez là à point nommé ! Cela dit, occupez-vous de Monsieur, mon bon Léopold ! Je suis toujours au numéro 4 ?
    — Toujours, Madame la baronne, mais…
    — Laissez, je n’ai que cette mallette : j’irai seule…
    Adressant un sourire éclatant à son sauveur, elle s’engagea dans le couloir. Le contrôleur s’enquit de l’identité de son voyageur :
    — Morosini ! Ma place a été retenue au dernier moment.
    Léopold s’épanouit, mais la dame avait fait demi-tour et revenait vers eux :
    — Le prince Morosini ? De Venise ?
    — C’est bien moi ! admit Aldo sans trop savoir s’il devait se féliciter ou regretter une renommée plutôt encombrante.
    Mais déjà elle dégantait sa main pour la lui offrir :
    — Ravie ! Absolument ravie de vous rencontrer ! Baronne Agathe Waldhaus ! J’espère que vous allez à Bruxelles ?
    — Euh… oui ! Pourquoi ? fit-il en se penchant sur la main en question, fine et ornée de trois bagues de valeur.
    — Parce que nous aurons largement le temps de faire connaissance ! Retrouvons-nous au wagon-restaurant pour le dîner !
    Aldo s’inclina. Il n’y avait pas d’autre solution sous peine de passer pour un mufle, même s’il aurait de beaucoup préféré rester tranquillement dans sa cabine après s’être fait servir un plat et un peu de vin afin de réfléchir dans un demi-silence bercé par les boggies du train. Mais il aimait l’imprévu des longs voyages ferroviaires et cette petite baronne Agathe qui venait de faire preuve d’une telle détermination dans l’art de se débarrasser des importuns était amusante. Même s’il savait sur quoi roulerait la conversation. Son nom pour les dames de la bonne société ne s’écrivait-il pas diamants, rubis, émeraudes, saphirs, etc. ?
    — Madame la baronne est une personne qui sait ce qu’elle veut ! déclara soudain Léopold, occupé à ranger les bagages de son passager.
    — Vous la connaissez si bien ? remarqua-t-il en se calant dans l’angle de la fenêtre pour allumer une cigarette.
    — Elle voyage souvent dans cette voiture. Et puis elle est belge, comme moi. C’est la fille de Timmermans, le fameux chocolatier de Bruxelles.
    — Et… l’homme qui la poursuivait et dont elle s’est débarrassée avec tant de désinvolture, vous le connaissez aussi ?
    — C’est son mari, le baron Eberhardt Waldhaus. Ainsi que Monsieur le prince a pu voir, il a le double de son âge, il est ennuyeux comme la pluie et jaloux comme un tigre… Je n’en sais guère plus mais M me  la baronne est une personne très franche et je ne veux pas lui enlever le plaisir de le raconter à Monsieur le prince… Cependant, si je peux me permettre, c’est un ménage qui ne devrait plus durer bien longtemps ! ajouta-t-il en hochant la tête d’un air entendu.
    Aldo le croyait volontiers. Quel homme digne de ce nom pourrait accepter que sa femme lui applique un coup de pied dans l’estomac au beau milieu d’une gare ?
     
    En se retrouvant assis en face d’elle de part et d’autre d’une table étroite et fleurie, Aldo revint sur ses craintes de faire un dîner ennuyeux. D’abord Agathe Waldhaus, née Timmermans, était charmante : un visage rond creusé de fossettes sous une forêt de courtes boucles blondes dont l’une, retombant sans cesse sur un œil doré, lui rappelait Adalbert, à cette différence près que les yeux de ce dernier étaient bleus. En fait, elle avait l’air d’être sculptée dans un rayon de miel dont sa peau ornée de quelques taches de rousseur, son regard vif et sa chevelure déclinaient les nuances. On pouvait y ajouter la robe de crêpe romain signée visiblement par un couturier et les sautoirs de topazes, de citrines, de perles et de saphirs jaunes assortis aux pendants d’oreilles qui ornaient l’ensemble.
    En prenant place, elle lui avait adressé un sourire éblouissant – ses dents étaient éclatantes de blancheur ! –, avant de se consacrer à la tasse de consommé qu’on leur servit d’autorité. Ce fut seulement quand elle l’eut achevée qu’elle déclara, soudain sérieuse :
    — Savez-vous qu’en m’aidant à prendre ce train, vous m’avez sauvé – peut-être pas la vie mais d’une foule de désagréments ? S’il avait pu me rattraper, mon mari

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