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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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calme.
Voulez-vous donner à Winchelsea et à Lincoln leur martyr ? Permettre à
Philippe de France, claironnant comme un coq, de révéler au monde entier ce que
vous avez fait ? Laisser le pape Clément lancer des bulles
d'excommunication contre les assassins de Langton ? Dresser tout un chacun
contre vous ?
    Le silence
s'abattit sur la pièce. Édouard s'éloigna de la porte et s'approcha de son
épouse. Il posa les mains sur ses épaules et l'embrassa avec tendresse sur le
sommet du crâne.
    —  Ma
douce * a raison, chuchota-t-il.
    Il regagna sa
chaire et fronça le nez.
    — On sent
jusqu'ici les remugles des galeries et des couloirs !
    — Les
égouts doivent être bloqués ou engorgés, suggéra Gaveston dont la colère
s'était tout d'un coup apaisée. Il faut les nettoyer. Quand Ap Ythel reviendra,
il amènera les boueurs et les balayeurs.
    Il se redressa
dans son siège.
    — Nous
devons écurer nos propres cloaques et rigoles. Écoutez-moi.
    Il se frotta les
mains.
    — Marguerite,
la reine douairière, travaille pour nous. Elle s'entremet avec les barons. Il
se peut qu'elle n'obtienne pas grand résultat.
    Il eut un large
sourire.
    — Elle et
ma bonne épouse s'intéressent davantage à Glastonbury et à Arthur qu'à
Westminster et à Édouard. Peut-être qu'elle prêche dans le désert, mais
Winchelsea et sa bande ne peuvent la repousser, ce qui serait grave insulte. La
reine douairière retarde les événements tout en donnant à Sa Grâce l'air de
négocier avec ses adversaires. Nul ne peut y trouver à redire.
    — Nous
savons, intervint le roi, que la reine Marguerite est maintenant lasse de tout
cela, qu'elle attend avec impatience le printemps pour partir en pèlerinage.
Et, plus important, que Philippe de France presse sa sœur bien-aimée de
s'occuper de ses propres affaires et de retourner à ses patenôtres ; mieux
encore, de s'allier à Winchelsea et à Lincoln. Ma très chère belle-mère a, bien
sûr, refusé. Elle n'apprécie ni l'un ni l'autre.
    — Comment
le savez-vous, messire ? s'étonna Isabelle.
    — Parce que
ma belle-mère bien-aimée me l'a dit.
    — Et ?
    — Tout
comme son ménestrel-apothicaire Guido le Jongleur, sans parler d'Agnès
d'Albret.
    Le roi se mit à
rire devant notre surprise.
    — Guido
n'aime pas Philippe de France. Il n'a nulle envie de retourner dans ce pays et
dépend de notre faveur. Agnès d'Albret est dans la même situation. C'est
Philippe qui l'a envoyée pour surveiller sa dévote de sœur, votre sainte tante.
Agnès s'exécute mais nous rapporte tout.
    Édouard fit une
petite grimace.
    — Elle ne
veut point regagner Paris et épouser un seigneur * âgé. Guido et Agnès ne
se contentent pas de nous informer. Outre cela, suivant nos instructions, ils
encouragent Marguerite à plaider notre cause.
    Le souverain
s'inclina devant Isabelle.
    — Madame,
je vous serais reconnaissant de continuer vos bons offices en la matière.
Dimanche prochain, le 27 mars, la reine douairière rencontrera Winchelsea et
ses compagnons dans les jardins de l'abbé de Westminster. Il faut que Mathilde
l'y rejoigne. Vous devez aussi persuader notre chère belle-mère de ne point se
retirer mais de demeurer à Westminster. Faites remarquer, ajouta le monarque,
que Pâques sera bientôt là. Que Sa Majesté le roi est si satisfait de ses
efforts qu'elle aura le droit de tenir la ceinture de la Vierge, la célèbre
relique qui se trouve dans la chapelle de Notre-Dame à l'abbaye. Or donc, s'il
n'y a rien d'autre...
    Il regarda
Gaveston. Les deux hommes, ayant hâte de s'en aller, se levèrent avec brusquerie.
Isabelle et moi nous empressâmes d'en faire autant. Ils s'inclinèrent devant
notre révérence. Le favori montra la missive de Pain-bénit qui était encore sur
la table.
    — Faites-en
une copie nette, Mathilde. Sa Grâce la reine peut la mettre en sécurité pour
moi.
    Puis ils
tournèrent les talons, versatiles comme à l'ordinaire, criant et riant dans la
galerie. Édouard évoquait une chasse, une folle chevauchée dans les landes au
nord de l'abbaye. Isabelle, immobile, était tout ouïe, la tête basse, les yeux
fixés sur une bague à son doigt. Elle laissa retomber sa main, s'étira et prit
son gobelet.
    — Madame ?
    — Votre
dame s'interroge, Mathilde.
    — Au sujet
de Guido et d'Agnès ?
    Elle haussa les
épaules.
    — À la
Cour, tout un chacun épie l'autre. Qui peut les blâmer ? Ils doivent
suivre leur propre route. Si mon

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