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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fermé. Selon Langton, je suis à la botte de
Philippe, bien installé au cœur des affections de mon roi pour y créer force
dommage.
    Il se faisait
violence pour maîtriser sa voix.
    — J'aurais
suscité la discorde entre mon seigneur et feu son père ; entre le
souverain et ses barons, entre l'époux et l'épouse, et entre Édouard et
Philippe de France.
    Mon regard se
fixa sur Isabelle. Elle paraissait saisie par la logique de cette déclaration. À
l'évidence, Langton avait raison. Gaveston avait causé de profondes et amères
divisions au sein de la Cour anglaise.
    — C'est
vrai, n'est-ce pas ? murmura Gaveston. Dans plus d'un sens.
    — Et
pourtant ça ne l'est pas, contra le roi. Les relations entre feu mon père — que
Dieu l'ait en Sa sainte garde — et moi-même onc ne furent cordiales.
Quant aux barons, mon bon père les a combattus comme je le fais à présent.
J'aurais dû faire arracher la langue à Chapeleys, mais à quoi bon ? Il se
contentait de répéter les dires de Langton. Le juger pour trahison n'aurait
fait que mettre l'affaire sur la place publique. J'ai, en fin de compte, décidé
de le laisser pourrir à la Tour...
    — Est-ce
pour cela que vous avez envoyé Mathilde soigner l'ulcère de Langton ?
s'enquit Isabelle. Pour qu'elle en apprenne davantage ?
    Le monarque
sourit à Isabelle.
    — Ah, mon
cœur *, vous avez vu juste. Je voulais savoir si Chapeleys avait autre chose
à révéler. J'en doutais : ce ne devait être que la répétition de ses
infâmes mensonges. Pourtant, je m'interroge, et m'interrogerai toujours :
que signifie ce cercle surmonté d'une croix avec la lettre P au centre ?
Quant aux mots basil et sub pede ...
    Il eut un geste
d'ignorance.
    — On a
peut-être occis Chapeleys. Il est plus vraisemblable que, succombant à la peur,
il a décidé de se suicider. Bon, quant à Robert Atte-Gate...
    Il repoussa sa
chaire, se leva et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit.
    — Ap Ythel !
cria t-il.
    Le capitaine des
archers gallois, un petit homme noueux à la peau mate, entra d'un pas
conquérant et s'apprêta à mettre un genou à terre.
    — Inutile !
s'exclama le roi en lui tapant sur l'épaule. Prenez quelques-uns de vos beaux
gaillards et allez aux cachots du corps de garde du Vieux Palais. Conduisez
Robert Atte-Gate au gibet, glissez-lui un nœud coulant au cou...
    — Votre
Grâce... suppliai-je.
    — Glissez-lui
un nœud autour du cou, insista Édouard, et jetez-le en bas de l'échelle...
    Il leva la main.
    — ...
quelques battements de cœur seulement, puis coupez la corde. Faites savoir que
le roi ne permettra pas qu'on brandisse des armes contre ses serviteurs dans
l'enceinte du palais.
    Il prit une
pièce d'argent dans son escarcelle et la lança à Ap Ythel qui la rattrapa.
    — Donnez
ceci à Robert. Ramenez-le aux écuries et dites à l'avener , au gardien,
traduisit-il pour le capitaine, de lui donner de l'avancement. Puis ordonnez à
ce malheureux palefrenier de se présenter à l'office de la chancellerie de la
Cire rouge. On lui remettra une lettre de grâce. Mais s'il recommence, je le
pendrai de mes propres mains !
    Ap Ythel salua
et sortit. Édouard ferma l'huis et s'y adossa. Je me souviens si bien de ce
jour-là, jusqu'à l'emblème des anneaux que portait Gaveston qui serrait et
desserrait les poings ! Toujours absorbé par les allégations de Chapeleys
contre lui, il avait à peine prêté attention au jugement royal sur Robert
Atte-Gate. Édouard, lui aussi, bouillait de rage, ce qui expliquait la façon
dont il avait traité le palefrenier, ce mélange de barbarie et d'indulgence qui
rendait le souverain si imprévisible. Une impitoyable cruauté d'une part, une
mansuétude inattendue de l'autre.
    — Tuez-le !
    Gaveston se
rejeta sur sa chaise avec tant de violence que j'entendis craquer le cadre
capitonné. Ma maîtresse et moi tressaillîmes. Le favori, soudain, n'avait plus
rien du charmant courtisan : le courroux ravageait à présent son visage.
D'un regard, Isabelle me conseilla d'être prudente.
    — Tuer ?
Tuer qui, messire ? questionna-t-elle avec douceur.
    — Langton !
précisa Gaveston en me menaçant du doigt. Mathilde, faites-le pour nous.
Retournez à la Tour panser la jambe suintante de ce vieux prélat obèse,
empoisonnez l'onguent, donnez-lui une potion mortelle, regardez-le s'en
gargariser et étouffer.
    — Et
ensuite, messire, que se passera-t-il ? insista Isabelle avec

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