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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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composées de huit mots, dont un sur trois était souligné à l'encre
verte. S'avisera, demoiselle, venimeuse, agent, grand, dommage, parmi,
seigneurs, emploiera, ombres, Jean, Haut, Mont, a, vérité, Secret, Salomon, Annonciation *,
tels étaient les mots ainsi signalés.
    — C'est moi
qui ai mis les termes en valeur, précisa Gaveston ; c'est un code dont
Pain-bénit et moi usions souvent. Quand on les rassemble, cela signifie que
Pain-bénit nous conseille de nous méfier de l'Empoisonneuse qui créera grand
mal parmi les barons.
    —  Les
ombres * ? m'étonnai-je.
    — Pour être
plus précis, intervint le souverain, ils aiment qu'on les appelle Tenebrae  — les
Ténèbres : c'est la traduction latine. Ce sont des assassins de métier qui
rôdent dans Londres, une des bandes les plus malfaisantes que puissent engager
les échevins pour régler leurs comptes entre eux.
    — Et
Pain-bénit prétend que l'Empoisonneuse s'en servira ?
    — Bien sûr.
    — Contre
qui ?
    Gaveston toussa
et me regarda droit dans les yeux.
    — Contre
vous, messire, soufflai-je. Oui, ce serait logique. Si vos adversaires
prenaient les armes, on pourrait les taxer de trahison, mais une attaque contre
vous, perpétrée par un tueur discret et silencieux, ne pourrait leur être
imputée.
    — Nous devrions
partir, déclara Isabelle. Ne pas rester ici.
    Gaveston
l'interrompit d'un geste.
    — Pas
encore. Le palais est sûr, et le manoir de Bourgogne plus encore. Il faut mener
cette partie à bonne fin. Le comprenez-vous ? Cette question doit être
réglée sur-le-champ. Nous retirer à présent signifierait la défaite. Le roi
doit montrer qu'il est maître chez lui.
    Il écarta les
mains.
    — Westminster
est le palais royal ; son abbaye est le mausolée royal. S'il ne peut
régner céans, où le pourra-t-il ?
    — Et les
autres allusions ? Par exemple Salomon et l'Annonciation ?
    —  Le
Secret de Salomon est une taverne sise dans une ruelle de Cheapside.
Pain-bénit dit qu'il s'y trouvera aujourd'hui, fête de l'Annonciation.
    Gaveston soupira
à grand bruit.
    — Mathilde,
les messagers royaux sont surveillés. Mais la maison d'Isabelle l'est moins
étroitement. Après tout, dit-il en faisant une petite grimace, Sa Grâce est
censée me détester autant que me déteste Winchelsea. Mais on peut vous faire
confiance, Mathilde. Nous voulons que vous rencontriez Pain-bénit au Secret de
Salomon.
    Il sourit avec
nonchalance.
    — Demontaigu,
le clerc de la reine, peut vous accompagner. Cela vous convient, non ?
    Je lui rendis
son regard, bien décidée à ne pas m'empourprer, à ne pas me laisser
décontenancer.
    — En tout
cas, déclara Gaveston en s'emparant d'une douceur dans le plat, vous pouvez
aller découvrir ce que Pain-bénit sait en réalité.
    Il fouilla dans
son escarcelle et me fit passer une marque de son sceau.
    — Montrez-lui
ceci. Il vous croira.
    — Quand,
mes sire ?
    — Quand
j'en aurai terminé.
    J'étais
déterminée à élucider les autres termes employés dans le document de Pain-bénit :
«  Jean Haut Mont a la vérité *. »
    — Messire,
qu'est-ce que cela veut dire ?
    Il hocha la
tête.
    — Je ne
peux vous répondre, Mathilde, mais Pain-bénit le pourra. Bon, venons-en à
Chapeleys. Sa Grâce la reine nous a déjà parlé de l'affaire, mais vous devez
nous narrer tout ce qui s'est passé.
    Je m'exécutai. Édouard
et Gaveston m'écoutèrent jusqu'au bout. Le favori ne pipait mot, mais levait de
temps à autre les yeux vers les poutres comme s'il soupesait mes paroles.
J'évoquai aussi le meurtre de Rebecca Atte-Stowe et ma vague impression que sa
mort avait quelque chose à voir avec le mystère entourant la malemort de
Chapeleys. Quand je mentionnai le geste de Robert contre Ingleram Berenger et
que j'implorai la clémence du roi, Édouard leva la main.
    — Le trépas
de Chapeleys est sans nul doute fort déplorable. Il avait, semble-t-il, quelque
chose à dire. Mais, à votre insu, Mathilde, il m'avait déjà écrit en demandant
à être relevé de ses fonctions à la Tour. Il déclarait être innocent de tout ce
dont on l'accusait et voulait savoir pourquoi il avait été châtié en même temps
que Langton. Il a fait alors une confession des plus surprenantes :
Langton aurait soupçonné la véritable identité de l'Empoisonneuse.
    Le roi se tut
pour donner davantage de poids à sa révélation.
    — Qui,
messire ?
    — Moi,
répondit Gaveston, l'air dur et

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