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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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jardins du Louvre, mentionner la Demoiselle venimeuse *, l'Ancilla Venenata .
    — Ce
n'était que des mots, releva Isabelle. J'ai aussi écouté les bavardages des
clercs de la chancellerie secrète de mon père ; même eux se demandaient
qui pouvait bien être cette Demoiselle venimeuse *.
    — Comme le
faisait mon père, ajouta Édouard avec amertume. Il y a sept ou huit ans, il
était ici, à Westminster. Un soir je suis allé chez lui. Les colères de mon
père étaient connues de tous. Et ce jour-là, il était fou de rage. Il tirait
les cheveux des serviteurs, il les battait et les jetait contre les murs. Il
tempêtait et hurlait. Je n'ai pas osé entrer dans sa chambre. Plus tard, un
valet m'a expliqué que la cause de son ire était une femme nommée
l'Empoisonneuse. Mon père prétendait qu'elle avait causé grands dommages, mais
personne ne comprenait ce qu'il voulait signifier. Quand j'ai accédé au trône,
j'ai interrogé les clercs, y compris des hommes comme Drokensford, membre de la
chancellerie secrète. Ils avaient saisi de-ci de-là quelques allusions à
l'Empoisonneuse, mais rien de plus.
    — Votre
Grâce ?
    — Oui,
Mathilde, ma chère * ?
    — Langton
pourrait-il être au courant ?
    Le sourire du
souverain s'évanouit.
    — Il se
peut. Mais nous en viendrons à notre perfide évêque et à la visite que vous lui
avez rendue quand je le jugerai bon.
    Il laissa la
menace planer dans l'air. Ma remarque à Demontaigu, à savoir que Chapeleys
avait péri alors qu'il était sous notre protection, me revint en mémoire.
    — Nous
croyons, intervint soudain Gaveston, que la Demoiselle venimeuse * est
impliquée dans la présente crise, mais ce n'est qu'un soupçon. Nous n'avons
point de preuves irréfutables.
    — Peut-être
cherchez-vous de façon trop hasardeuse.
    Édouard tendit
le doigt vers son épouse.
    — Plût au
ciel, madame, qu'il en fût ainsi. Pain-bénit m'a assuré que non, précisa-t-il
en esquissant un sourire.
    Il se mordilla
les lèvres et me regarda comme pour me mettre au défi de demander qui était
Pain-bénit. Je gardai le silence. Édouard était versatile. Il pouvait rester à
deviser avec un palefrenier comme s'ils étaient frères au sujet d'une boucle de
cuivre, puis changer à l'instant et se prévaloir de tous les droits et les
privilèges de la royauté. Je contemplai, derrière lui, le pâle soleil qui
passait à travers la fenêtre à treillis et priai en silence que me soit donnée
l'occasion de rencontrer Demontaigu un peu plus tard.
    — Pain-bénit ?
s'enquit Isabelle d'une voix douce.
    — Si
Philippe a ses espions, nous avons les nôtres, expliqua Gaveston.
    Il arrangea les
plis de sa cotte-hardie et dégrafa le fermail de sa chemise de batiste.
    — Le
véritable nom de Pain-bénit est Edmund Lascelles. C'est un Gascon, un ami intime
de ma famille. L'un des meilleurs pâtissiers du monde. C'est aussi le plus
malin des espions. Il hait Philippe et a fort bien œuvré pour le vieux roi en
exploitant l'un des rares points faibles de Philippe.
    Gaveston
s'interrompit devant le bruyant hoquet de stupéfaction d'Isabelle.
    — Madame,
votre père est bien connu pour son bec sucré : il adore les tartes, les
blancs-mangers, les gâteaux, les gelées, les crèmes et les douceurs.
Pain-bénit, homme capable de servir des desserts délicieux quand on avait bu le
claret et le vin doux, ne tarda pas à régner en maître dans les cuisines de
Philippe. Les langues finissent par se délier, même dans les appartements
privés du souverain, surtout quand il dîne avec Marigny et d'autres du même
acabit. Bien entendu, tout a une fin. Pain-bénit...
    Le favori
sourit.
    — Un nom
approprié, n'est-ce pas ? Celui du pain qu'échangent les amis à l' osculum
pacis , le baiser de paix, pendant la messe. Quoi qu'il en soit, Pain-bénit
fut suspecté et dut se réfugier dans notre garnison de Boulogne ; c'était
à la fin février. Il a passé le plus clair de son temps à tenter de se défaire
de ses poursuivants. Et au cas où il ne parviendrait pas à rejoindre Londres,
il nous a envoyé une missive. Gaveston fouilla dans sa cotte-hardie et en sortit
un parchemin. Il le tendit à Isabelle, qui le déroula, le lut, fit la moue et,
avec l'accord du favori, me le passa. La lettre était bien écrite. Elle
commençait ainsi : «  Monsieur Pierre s'avisera * ».
S'ensuivait une liste de pâtisseries, d'herbes et autres produits. Les phrases
étaient

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