Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
pendaient une épée,
une dague et une petite arbalète avec un carquois de carreaux. Il avait insisté
pour que je me change et enfile un bliaud qui descendait jusqu'à mes solides
bottes de cuir à talons plats. J'avais alors compris que cette rencontre à la
chapelle des Pendus pouvait être dangereuse.
    Les cloches de
la ville sonnant l'angélus à la volée couvrirent le bruit et les bavardages à
bord. Le prêtre nous fit la grâce de réciter « L'ange du Seigneur dit à
Marie... » pendant que le négociant et le vendeur de reliques
poursuivaient en un murmure opiniâtre leur débat sur les os sacrés. J'étais
surtout préoccupée par un homme au visage émacié et aux cheveux rares qui nous
avait rejoints juste avant notre départ. Je me demandai si c'était un espion.
Alors qu'il me dévisageait, le regard insolent de ses yeux rapprochés me déplut
fort. J'indiquai en chuchotant notre destination à Demontaigu. Il me répondit
d'un signe de tête, absorbé par la perspective de sa réunion qui aurait lieu
plus tard dans la journée. Nous débarquâmes à Queenshithe et fûmes aussitôt
submergés par un océan de couleurs, de sons et d'odeurs alors que nous nous
taillions avec peine un chemin à travers la cohue vers Thames Street et Fish
Lane. Sur le quai et dans les ruelles qui y menaient, colporteurs, charlatans,
gargotiers, vendeurs de fruits et camelots proposaient des tartes, des
anguilles qu'ils venaient de dépouiller, diverses espèces de tourtes à la
viande, des souricières, des cages à oiseaux, des chausse-pieds et des lanternes.
Des ivrognes, leurs barriques renversées, offraient des cruches de bière aux
passants. Des porteurs d'eau, munis de louches et de seaux de « pure eau
de source », avançaient d'un pas chancelant. Dans les venelles tortueuses,
prévues pour des brouettes plutôt que pour des charrettes, les étals
obligeaient la foule à s'arrêter. Tout à côté, les apprentis des drapiers qui
importaient leurs tissus de Paris, du Hainaut et de Cambrai, accostaient les
promeneurs. Ces émissaires annonçaient à tue-tête que leurs maîtres vendaient
tentures, courtepointes, baldaquins, ciels de lit ainsi que de précieuses
tapisseries d'Ostie. D'autres commerçants entreprenants brandissaient des
écriteaux vantant fil de lin, perles d'ambre et d'os, jarretières de soie,
bagues de cuivre, chapeaux de castor, tablettes sur lesquelles était peinte la
crucifixion, osculatoires en forme de boîtes, moulins à poivre et ceintures de
tout genre. Un tavernier avait formé un chœur de six enfants pour faire savoir
qu'il disposait d'huîtres fraîches dans sa confortable échoppe. Leur refrain
était connu de tous :
    Elles sont
vivantes et très belles
    Si vous les
aimez venez donc dîner
    Je vous
fournirai aussi pain et beurre
    Et vous
pourrez les faire ouvrir
    Si vous
voulez les cuire.
    Les cloches
carillonnaient. Les gens criaient. Les chariots brinquebalaient. Les chiens
jappaient. On se battait et on jurait. Au-dessus de nos têtes grinçaient
dangereusement les enseignes aux vives couleurs des boutiques et des tavernes : Le Lièvre, Le Pot de miel, Le Sarrasin, La Cloche du soir . L'air était
chargé d'un mélange de toutes les puanteurs, odeurs et effluves imaginables.
Cela sentait la sueur dont étaient imprégnés les habits, la fumée, le crottin,
la poix, l'huile, les relents de cuisine, et en même temps le doux bouquet du
savon dont usaient les riches qui se pavanaient dans leurs atours de satin et
de fourrure. De puissants seigneurs et leur escorte, en demi-armure ou en
coûteuses parures, chevauchaient de robustes destriers, pendant que des
claquedents, presque aussi nus que le jour de leur naissance, tapis dans chaque
recoin disponible, demandaient l'aumône d'une voix geignarde. Baillis et
dizainiers, à l'affût de troubles, fanfaronnaient à la ronde en quête de leurs
proies, et les truands, détrousseurs, filous et vagabonds s'éclipsaient en
vitesse comme un banc de poissons devant un brochet en chasse. Personne n'osa
nous aborder. La vue de l'épée et de la dague de Demontaigu, qui avait rejeté
sa cape en arrière, suffisait à nous protéger. Nous dûmes faire halte quelques
instants à Ail Hallows Bread Street. Un dizainier rubicond et transpirant nous
apprit qu'on avait aperçu deux hors-la-loi et qu'on avait donné l'alarme. Ils
avaient, semblait-il, trouvé refuge dans le clocher d'une église voisine d'où
ils lâchaient des flèches à leur

Weitere Kostenlose Bücher