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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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époux et Gaveston ne s'en gardaient pas, ils
vous questionneraient sans nul doute à mon propos.
    — Et
Pain-bénit ?
    Isabelle
acquiesça.
    — Oui.
Gaveston ne l'a point amené ici à Westminster, ce qui implique que Pain-Bénit
est toujours pourchassé. Cela prouve que c'est fort dangereux. Quelqu'un
observe ce qui se passe. Et puis il y a l'Empoisonneuse. C'est intéressant que
Langton prétende qu'il pourrait s'agir de Gaveston. Rien d'étonnant à ce que
mon époux m'ait demandé si c'était moi. Qu'est donc l'Empoisonneuse, Mathilde ?
Qui est-elle ? Ou qui est-il ? Est-ce un groupe ? Dominus
benedicit nos , ajouta-t-elle. Mathilde, nous en reparlerons peut-être plus
tard. Vous devez partir à présent. Pain-bénit va vous attendre.
    Elle se redressa
dans sa chaire et m'adressa un sourire éblouissant.
    — Et demain
je tiens à ce que vous m'appreniez cette danse de goliard.

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
V
     
     
     
    « En raison de ces
incidents et de maints autres,
    la rancœur devenait
chaque jour plus vive. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Peu avant
l'angélus, Demontaigu et moi nous frayâmes, non sans mal, un chemin parmi la
foule vers King's Steps, en quête d'une embarcation. Les baillis de l'abbé
étaient sortis en nombre. Ils installaient un parjure, une pierre à aiguiser
pendue au cou, sur le pilori et perçaient au fer rouge le cartilage de
l'oreille gauche d'un autre malheureux accusé de larcin. Deux marchandes de
beurre, engagées dans une bruyante querelle pour déterminer l'emplacement
réservé à chacune, détournèrent leur attention et ils se mirent à les
invectiver. Près d'eux, les membres d'un cortège funèbre portaient une bière
paroissiale drapée d'un poêle noir et or sur lequel était épinglé le signe de
l'absolution. Ils chantaient le Dirige en attendant qu'une barge
funéraire les conduise à Timberhithe, en aval du fleuve. Les palefreniers et
les valets d'écuries, qui amenaient s'abreuver des chevaux de tout poil,
prenaient un malin plaisir à redoubler le chaos. Les vendeurs beuglaient « Dix
pinsons pour un penny », « Une tranche de rôti de porc pour huit
pence ». On se pressait surtout autour des intendants du palais, qui,
aidés par les Veuves du Christ dans leur mante de couleur fauve, distribuaient
miches de pain et viande, reliefs du banquet de la veille. Je me souvins de ma
promesse au gardien des morts de St Margaret, et, jouant des coudes, je montrai
le sceau d'Isabelle et celui de Gaveston au chef des valets. Je lui fis part de
ma volonté puis rejoignis un Bertrand ahuri en haut de King's Steps.
    Aucune barge
royale n'étant libre, nous en partageâmes une avec un prêtre volubile qui
transportait un autel portable ciselé dans du jaspe et serti dans un cadre de
bois à l'église All Hallows by the Tower. Un marchand de reliques, serrant une
châsse de velours bleu et noir, qui, nous informa-t-il sans reprendre son
souffle, contenait les restes de saint Jean Chrysostome et d'autres Pères
d'Orient, se joignit à nous. Il fut réduit au silence par un négociant vêtu
d'une splendide chape de damas bleu et blanc, bordée de velours et doublée de
bougran vert, qui monta à bord comme s'il était le propriétaire du bateau. Je
ne pouvais converser avec Bertrand. Assise dans l'embarcation qui dansait sur
l'eau, je regardai un groupe de mendiants en haut des marches avec leurs longues
béquilles en forme de T. Ils psalmodiaient le Salve Regina dont les mots
flottaient mélodieusement sur le fleuve. À cette époque, j'ignorais que cette
hymne avait servi à cacher un grand secret. Une forge proche crachait des
volutes de fumée brûlante. Devant nous se balançait un chaland de pardon,
arrimé par un solide crochet à la maçonnerie du quai. Sous un crucifix fixé sur
une perche, un frère plein de zèle s'apprêtait à entendre confession ou tous
ceux qui viendraient tandis qu'à la poupe un cierge béni, destiné à chasser les
démons, brillait dans une lanterne de corne.
    Notre barge
finit par prendre le large. Si ma mémoire est bonne, la journée était belle.
Les nuages se dissipaient et le soleil devenait plus ardent. La Tamise, chargée
de vaisseaux de divers genres, coulait, forte et rapide. Après tout l'hiver
était fini, c'était le printemps, et la grande fête de la Résurrection ne
tarderait pas. Demontaigu s'était enveloppé dans une cape militaire. Il était
bien armé : léger haubert de mailles, ceinturon d'où

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