Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
ouvre sur l'escalier conduisant à la
chambre de votre clerc.
    — Pouvez-vous
me la décrire ?
    — La
lumière baissait, madame. J'ai juste remarqué qu'elle allait vite. J'avais mes
propres soucis. J'ai oublié ; je pensais surtout à Rebecca. C'est juste
que...
    — Oui,
Robert ?
    — Que se
passe-t-il ici, madame ? Je veux dire, qui était cette femme et qui sont
tous ces manouvriers qui vont et viennent au manoir de Bourgogne ?
    — Que
voulez-vous dire, Robert ?
    — Comme
vous le savez, madame...
    Il sourit d'un
air piteux en grattant les pavés de ses bottes boueuses.
    — ... j'ai
le sang chaud. Nul ne l'ignore ! Il y a un an, vers la Saint-Martin, je
buvais à La Cour du pot , une taverne près des Écuries royales, à côté de
Queen's Cross. J'ai poignardé un homme. Il n'était que légèrement blessé mais
je me suis enfui vers le lieu d'asile ; vous savez, l'enclos au nord de
l'abbaye où les hommes du shérif ne peuvent pourchasser...
    Je savais tout
sur ce sanctuaire, relevant d'un ancien privilège, où malfaiteurs, coquins et
hors-la-loi pouvaient se réfugier, indemnes, hors d'atteinte des shérifs et de
leurs baillis. Une cour des Miracles, ce qu'il est toujours. J'étais étonnée
que Robert se soit trouvé en telle compagnie. Je l'écoutais sans grande
attention. Il s'interrompit en tripotant son tablier de cuir.
    — C'est
bizarre, madame ! J'ai déjà vu quelques-uns des ouvriers du manoir de
Bourgogne au lieu d'asile.
    — En
êtes-vous certain ?
    — Madame,
il y a certains visages qu'on n'oublie pas : le louchon, le balafré, ou la
façon dont on marche ou s'assoit, mais, là encore, je peux me tromper.
    Il haussa les
épaules.
    — Après
tout, j'ai cherché asile et, à présent, je travaille aux écuries du roi.
Peut-être ont-ils, eux aussi, trouvé un emploi honnête.
    Je le remerciai
et traversai la cour du palais, empruntai d'étroits passages et des allées
étriquées. Je m'égarai et débouchai dans un vaste champ qui sépare le palais de
l'abbaye. C'était, semblait-il, le jour des ablutions, où le chancelier de
l'abbaye devait distribuer de la paille fraîche pour les matelas, des nattes
pour le bain et fournir du bois pour le chauffoir, la pièce chaude, où les
moines se lavaient dans des cuveaux de bois. Auparavant, ils attendaient, assis
sur deux rangs dans le cloître, que le barbier leur rase la tête. Des tâcherons
s'activaient. Des chariots pleins de paille fraîche, de toailles de lin,
d'aiguières et de brocs s'alignaient devant le portail sud de l'abbaye. Je
tombai en arrêt devant la beauté de cette masse de pierre s'élançant vers les
cieux, ses contreforts, ses piliers, l'éclat des nouveaux ouvrages et les
précieux vitraux qui miroitaient aux fenêtres. Je suivis une allée et m'arrêtai
à l'endroit précis où, descendant à grand bruit vers l'abbaye, les charrettes
tournaient. Une cloche sonna. J'allais continuer mon chemin quand je sentis un
parfum de fleur, presque le même que celui que j'avais remarqué dans le verre
d'eau où Guido avait bu. Je me précipitai derrière le chariot d'où l'odeur
semblait émaner. Un frère lai, à demi assoupi, tenait ferme les sangles du
harnais ; il me jeta un regard surpris, mais, devant mon insistance,
ralentit.
    — Mon frère ?
    — Oui. En
quoi puis-je vous être utile, madame ? s'enquit-il, tout sourire devant la
pièce d'argent que je serrais entre mes doigts.
    — Votre
char sent fort bon.
    — Ma foi
oui, ce sont les herbes pour le bain des moines. Ils prennent toujours ce qu'il
y a de mieux.
    — Lesquelles ?
    — Madame,
je suis charretier de métier, frère lai de mon état et non...
    — Apothicaire ?
    — En effet,
madame, c'est là que je suis allé, dans une herboristerie sur le quai.
    — Avez-vous
une liste de ce que vous transportez ?
    — Bien sûr.
    On lui cria de
déplacer son véhicule ; il se contenta de lever la main, le bout des
doigts joints dans un geste obscène. Il me remit le document et je lui tendis
une autre pièce. Je déroulai le parchemin de l'herboristerie et pris
connaissance de la liste des diverses herbes : romarin, violette, lavande,
houblon séché et autres. Je m'efforçai de les mémoriser de mon mieux, remerciai
le frère lai, lui rendis le rouleau et repartis sans perdre de temps en suivant
un chemin qui me ramènerait dans l'enceinte du château. À l'entrée du manoir de
Bourgogne, je demandai à Ap Ythel si tout allait bien. Il

Weitere Kostenlose Bücher