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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dague plutôt qu'un maillet.
    Le souverain
regarda Gaveston, affalé dans sa chaire, le visage marbré de taches rouges sous
l'effet du courroux. Il claqua de la langue et fixa la masse confuse des
serviteurs comme s'il avait envie de les décapiter tous de sa propre épée. Puis
il prit une profonde inspiration et ferma les yeux. Il grommela quelque chose
entre ses dents, lança un coup d'œil vers le roi et acquiesça. On fit évacuer
la grand-salle où ne demeura que l'entourage du roi. Édouard m'ordonna d'un
signe impérieux de m'avancer vers l'autre côté de la table. J'allai
m'agenouiller.
    — Monseigneur !
siffla Isabelle.
    Gaveston posa la
main sur le bras du monarque. Ce dernier, changeant comme la lune, sourit et
m'indiqua une chaire près de son épouse. L'atmosphère s'allégea. Édouard donna
une chiquenaude sur la table couverte de coupes, de plats et de hanaps.
    — Mathilde, ma petite *, nous vous écoutons.
    Je lui fis un
bref rapport des maux et des symptômes de Guido. Il m'entendit sans piper mot,
puis m'enjoignit de faire le tour de la table en examinant toutes les coupes,
tous les bols. Je ne découvris rien, sauf dans la belle flûte en verre de
Venise destinée à Gaveston qui avait servi à Guido. Elle était vide, mais il
restait un dépôt. Je sentis la même odeur étrange de fleur que celle que
j'avais détectée sur Guido et dans la garde-robe que j'avais inspectée en
revenant dans la salle de banquet. Une vive et courte discussion eut lieu pour
savoir comment l'eau avait pu être empoisonnée. La situation était d'autant
plus compliquée qu'il était possible que ce fût Guido, plutôt que Gaveston,
qu'on eût voulu atteindre. La reine douairière décrivit la franche hostilité
des envoyés français envers son écuyer, une inimitié dont j'avais aussi été
témoin plus tôt ce jour-là. Mais, une fois encore, que sont les mots et les
apparences ? Peut-être, à l'époque, aurait-on dû les étudier avec plus de
soin. Marguerite ajouta que cette tentative de meurtre était vraisemblable, la
conséquence du plaisir sincère qu'avait manifesté Guido au triomphe de
Gaveston. Le souverain l'écouta, hochant la tête et grommelant en castillan, la
langue de sa mère bien-aimée, étrange habitude qui s'emparait de lui lorsqu'il
était fort troublé. On s'interrogea : comment le poison avait-il pu être
introduit ? Tout le monde convint qu'il était vain de chercher une réponse
logique. Les valets avaient afflué autour de la table, les intendants allaient
et venaient, les gens de la maison royale eux-mêmes avaient quitté leur place
pour s'approcher de Gaveston et le féliciter de sa victoire. Ce fut l'unique
allusion, toute discrète qu'elle fût, au fait que l'assassin aurait pu être
l'un d'entre nous.

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
X
     
     
     
    « Tout royaume
divisé contre lui-même connaîtra la
    désolation. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Je suis là à
réfléchir à cette page de ma chronique. C'est étrange... Comme les événements
de ce dimanche passé depuis si longtemps ont ouvert la voie à tant d'autres !...
Le fil lâche dans une tapisserie de mensonges et de duperies. Nos mots et nos
actes sont bien les graines des semailles. Ils germent et poussent avec
vigueur, tout prêts pour la moisson. Quoi qu'il en soit, à cette époque, rien
n'arrêtait le tissage de la sinistre trame de cette sombre tapisserie. Guido se
trouvait à présent dans l'infirmerie royale où les médecins de la Cour lui
rendaient visite. La reine Marguerite, larmoyante et compatissante, comme une
damoiselle de quelque Chapelle périlleuse, m'implora d'en prendre un soin
particulier. Je m'exécutai. Au début, Guido vomit, régurgita et eut un flux de
ventre. Sa peau se couvrit de marques rouges. Il avait toujours du mal à
respirer. Je le purgeai avec de l'eau claire et le sustentai d'épais bouillons
nourrissants. Il fut bientôt hors de danger. La reine douairière, ses enfants,
la comtesse, Agnès et quelques serviteurs triés sur le volet s'installèrent au
manoir de Bourgogne pour veiller en personne à la guérison de Guido. Quand je
le pouvais, je me glissais hors du palais, abandonnant Guido et mes autres
devoirs, pour rencontrer Demontaigu. Il était encore plongé dans ses propres
soucis et la possibilité qu'il y eût un traître, un Judas, parmi ses frères. Il
m'avoua que bon nombre de ses camarades s'étaient maintenant éparpillés dans
diverses cachettes. Je lui

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