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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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me rétorqua qu'il ne
voyait pas pourquoi ce ne serait pas le cas. Je l'interrogeai sur les ouvriers.
Il haussa les épaules : ils allaient et venaient ; il semblait que
les latrines et les garde-robes aient été obstruées sur une bonne épaisseur. On
les avait curées et on avait emporté les ordures au fleuve. Il reconnut que
certains manouvriers étaient paresseux et avaient tendance à décamper si on ne
les surveillait pas de près.
    — Le roi
fait preuve d'indulgence envers eux, commenta-t-il de sa voix chantante. En
tout cas, madame, vous avez un visiteur.
    Il hocha la
tête.
    — Un
messager, mais d'abord la reine douairière a donné des ordres stricts pour que
vous l'alliez voir. Maître Guido n'est pas encore complètement rétabli.
    En fait, ce
dernier était toujours pâle et faible. Il était adossé aux oreillers. Agnès se
trouvait à sa gauche et Marguerite, assise sur le lit, lui faisait avaler un
bouillon. Elle m'accueillit avec cette expression pateline qu'elle savait
prendre à la perfection. Agnès, perdue dans ses pensées, la lèvre boudeuse,
avait l'air grave. Guido tendit la main et saisit la mienne.
    — Mathilde,
les médecins ont voulu me saigner.
    Il me lâcha la
main.
    — J'ai
refusé. Quel poison était-ce ? L'avez-vous découvert ?
    — Je
l'ignore. Une herbe ou une fleur parfumée. J'ai consulté les livres des
herboristes, cependant, comme vous le savez, différentes poudres peuvent avoir
la même fragrance.
    — De la
jusquiame, de la digitale, de la belladone...
    Il crispa ses
mains sur son ventre.
    — Ce
pourrait être n'importe laquelle. Dieu soit loué pour votre présence, Mathilde.
Je me souviens à présent m'être assis à la place de Gaveston, dit-il en
souriant. Je n'avais pas emporté mon vin ; son gobelet d'eau paraissait
plein et intact.
    — L'odeur
ne vous a-t-elle pas inquiété ?
    — Non, non,
j'ai bu une grande lampée. Il est vrai que j'ai senti un parfum de fleur,
d'herbe. J'ai pensé que cela venait du banquet. Je vais mieux, Mathilde, même
si je suis encore épuisé. Je veux, certes, vous remercier, mais aussi vous
prier...
    Il s'humecta les
lèvres.
    — ... de
découvrir de quel toxique il s'agissait.
    Il s'appuya
contre ses oreillers.
    — Sa Grâce
estime que je n'étais peut-être pas la victime visée, qu'on cherchait à
atteindre messire Gaveston...
    — Peu
importe, intervint la reine douairière. Quand vous serez guéri, nous irons
tous, y compris Agnès, en pèlerinage à l'abbaye de Hailes pour mercier le Précieux
Sang de Notre-Seigneur. Savez-vous, Mathilde, que l'abbaye elle-même...
    Je m'enfuis de
cette chambre de malade dès que j'en eus l'occasion et me précipitai vers les
appartements d'Isabelle. Serviteurs et soldats se pressaient dans
l'antichambre. Les archers d'Ap Ythel, à la différence des mercenaires
irlandais de Gaveston aux longues chevelures dorées et aux habits flamboyants,
n'étaient vêtus que de brun terne et de vert. Regroupés dans les embrasures des
fenêtres, les alcôves, le seuil des portes ou accroupis sur le sol et adossés
au mur, ils mangeaient, buvaient, jouaient aux dés, en attendant qu'on les
charge de quelque tâche ou qu'on les relève de leur faction. Le couloir menant
à la chambre de la reine était sous la surveillance d'un petit groupe de chevaliers
de sa maison. En demi-armure, épée au clair, ils resplendissaient dans leur
livrée bleu et or. Je regardai autour de moi, en quête du messager, et aperçus
un homme aux cheveux gris, dont les bottes à hauts talons étaient mouchetées de
boue. Le capuchon rabattu de sa chape verte laissait voir sa peau tannée, ses
yeux profondément enfoncés, sa barbe et sa moustache taillées avec soin. Ce visage
affable m'était familier. Je m'approchai. Il m'avisa, sourit et se leva. Je
reconnus Raoul Foucher, un voisin de la ferme de mes parents près de Brétigny,
propriétaire terrien et négociant en peaux et cuir, un homme honnête qui
rendait souvent visite à ma mère. Nous nous serrâmes la main et échangeâmes le
baiser de paix. Raoul, les compliments une fois exprimés, désirait fort
m'entretenir seul à seule. Je lui fis franchir la haie des gardes et l'un des
chevaliers du roi nous escorta dans une galerie jusqu'à un coussiège capitonné
dans le renfoncement d'une fenêtre. Je demandai à mon visiteur s'il désirait se
restaurer. Il se contenta de me prendre la main.
    — Mathilde
de Clairebon...
    Il s'exprimait
avec lenteur

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