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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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êtes de la police.
    Fulbert l’examina avec une curiosité non déguisée, comme on
inspecte quelque nouvelle invention, mais sans vouloir l’acheter pour autant.
    — Bonjour, monsieur, dit Pitt plus sèchement qu’il ne l’aurait
souhaité.
    — Oh, bonjour, inspecteur, répliqua Fulbert, imitant
très légèrement son ton. À l’évidence, vous êtes là pour Fanny, la pauvre
petite. Désirez-vous connaître l’histoire de sa vie ? Elle est pathétiquement
brève. Fanny n’a rien fait de mémorable, et il n’y avait strictement aucune
raison pour que ça change. Le seul évènement extraordinaire de sa vie, c’est sa
mort.
    Sa désinvolture mit Pitt en colère, même s’il savait que souvent
les gens dissimulaient une douleur qui leur était intolérable derrière une
façade d’indifférence, voire de dérision.
    — Pour l’instant, tout me porte à croire, monsieur, qu’elle
a été victime d’un tragique hasard ; je n’ai donc pas à me pencher sur l’histoire
de sa vie. Peut-être me direz-vous où vous étiez ce soir-là, et si vous avez vu
ou entendu quelque chose qui puisse nous aider ?
    — J’étais ici, répondit Fulbert en haussant
imperceptiblement les sourcils.
    Il rappelait davantage Afton que Diggory : même air
vaguement hautain, un visage qui aurait pu être beau, mais qui ne l’était pas. Diggory,
pour sa part, avait les traits moins réguliers, mais il y avait du charme dans
cette irrégularité, et de la personnalité dans les sourcils plus épais, plus
sombres, comme une certaine chaleur.
    — Toute la soirée, ajouta Fulbert.
    — Seul ou avec quelqu’un ? demanda Pitt.
    Fulbert sourit.
    — Afton ne vous a pas dit que j’ai joué au billard avec
lui ?
    — C’est ce que vous avez fait, monsieur ?
    — À vrai dire, non. Afton me dépasse d’une bonne tête, comme
vous l’avez sûrement remarqué. Ça l’agace prodigieusement de ne pas arriver à
me battre, et je n’ai pas franchement envie de subir sa mauvaise humeur.
    — Pourquoi alors ne pas le laisser gagner ?
    La réponse semblait évidente.
    Les yeux bleu clair de Fulbert s’agrandirent, et il sourit. Il
avait des dents petites et égales, trop petites pour une bouche d’homme.
    — Parce que je triche, et il n’a jamais pu déterminer
comment. C’est l’un des rares domaines où je réussis mieux que lui.
    Pitt était un peu perdu. Il ne voyait aucun intérêt à s’affronter
pour savoir qui tricherait le mieux. Mais d’un autre côté, il n’aimait pas
jouer. Il n’avait pas eu le temps d’acquérir ce talent-là dans sa jeunesse, et
maintenant il était trop tard.
    — Etes-vous resté dans la salle de billard toute la
soirée, monsieur ?
    — Non, je viens juste de vous le dire ! J’ai
traîné dans la maison… dans la bibliothèque, là-haut, dans le cellier pour
boire un verre ou deux de porto.
    Il sourit à nouveau.
    — Afton avait largement le temps d’en profiter pour se
glisser dehors et violer la pauvre Fanny. Et comme elle était sa sœur, vous
pouvez ajouter l’inceste à la liste des charges…
    Il vit le visage de Pitt.
    — Oh, j’ai heurté votre sensibilité ! J’avais
oublié le puritanisme qui règne parmi les classes inférieures. Seuls les aristocrates
et les gamins des rues ont leur franc-parler. Réflexion faite, nous sommes les
seuls à pouvoir nous le permettre. Nous avons l’arrogance de penser que
personne ne peut nous infléchir, et les gamins des rues n’ont rien à perdre. Vous
voyez mon frère, cet affligeant parangon de vertu, se faufiler entre les boules
de billard et violer sa sœur dans le jardin ? Elle n’a pas été poignardée
avec une queue de billard, n’est-ce pas ?
    — Non, Mr. Nash, répondit Pitt d’une voix claire et
froide. Elle a été poignardée avec un couteau long et acéré, probablement à un
seul tranchant.
    Fulbert ferma les yeux, et Pitt se réjouit d’avoir enfin
réussi à l’atteindre.
    — C’est affreux, dit-il tout bas. Je ne suis pas sorti
de la maison, si c’est ça que vous voulez savoir, et je n’ai rien vu ou entendu
d’anormal. Mais si ça m’arrive, diantre, soyez certain que j’irai y voir de
plus près ! Vous partez, j’imagine, du postulat que c’est l’œuvre d’un
détraqué ? Savez-vous ce qu’est un postulat ?
    — Oui, monsieur, et, pour le moment, je me contente de
réunir les preuves. Il est encore trop tôt pour postuler.
    Il employa délibérément ce verbe

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