Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
Le monde
accepte les faiblesses des hommes ; on nous apprend à composer avec elles.
Mais une femme faible est rejetée par la société. Pauvre Fanny, puisse-t-elle
reposer en paix. Bon, ma chère, il faut que j’aille voir Phœbe. Elle m’a l’air
très mal en point. Je vais essayer de la réconforter.
    — Mais c’est monstrueux ! éclata Charlotte dès qu’ils
se furent éloignés. À l’entendre, Fanny était allée courir la gueuse !
    — Charlotte ! l’interrompit Emily d’un ton
tranchant. Pour l’amour du ciel, n’emploie pas ce langage ici ! Et de
toute façon, seuls les hommes vont courir la gueuse.
    — Tu sais très bien ce que je veux dire ! C’est
impardonnable. Cette fille est morte, abusée et assassinée dans sa propre rue, et
eux, ils parlent mariage et qu’en-dira-t-on. C’est écœurant !
    — Chut !
    Emily l’agrippa par la main, lui meurtrissant la chair.
    — Les gens vont t’entendre et ne comprendront pas.
    Elle esquissa un sourire plus forcé que charmeur à la vue de
Selena. À côté d’elle, George prit une profonde inspiration qu’il exhala dans
un soupir.
    — Hello ! Emily, lança Selena d’un ton enjoué. Tous
mes compliments. À vous voir, on ne dirait pas à quel point cette épreuve doit
être pénible pour vous. Sincèrement, j’admire votre courage.
    Elle était beaucoup plus petite que Charlotte ne l’aurait
cru, huit à dix pouces de moins que George. Elle le considéra à travers ses
cils.
    Il laissa échapper une remarque banale. Ses pommettes
avaient légèrement rosi.
    Charlotte regarda Emily et vit son visage se crisper. Pour
une fois, Emily ne trouvait rien à répondre.
    — Nous aussi, nous sommes en admiration devant vous.
    Charlotte fit face à Selena.
    — Vous vous en tirez remarquablement. Vraiment, si je
ne vous savais pas aussi affligée, je jurerais que vous êtes d’une humeur
joyeuse.
    Emily étouffa une exclamation, mais Charlotte ne fit pas attention
à elle. George se dandina d’un pied sur l’autre.
    Le visage de Selena se colora ; néanmoins, elle choisit
ses mots avec soin.
    — Ah, Mrs. Pitt, si vous me connaissiez mieux, vous ne
me jugeriez pas aussi durement. Car j’ai le cœur le plus tendre qui soit. N’est-ce
pas, George ?
    À nouveau, elle leva sur lui ses yeux immenses.
    — Dites à Mrs. Pitt que je ne suis pas quelqu’un de
froid. Vous savez bien que ce n’est pas vrai !
    — Je… je suis sûr qu’elle ne le pense pas.
    George était visiblement mal à l’aise.
    — Elle voulait juste dire que… euh… que vous vous comportez
admirablement.
    Selena sourit à Emily, pétrifiée.
    — Je n’aimerais pas qu’on me croie insensible, ajouta-t-elle
en guise de touche finale.
    Charlotte se rapprocha d’Emily pour la protéger contre la
menace qu’elle devinait clairement, se profilant dans les yeux ensorcelants de
Selena.
    — Je suis flattée que vous accordiez tant de crédit à
mon opinion, dit-elle avec froideur.
    Elle aurait voulu sourire, mais elle n’avait jamais été
bonne comédienne.
    — Je vous promets de ne pas porter de jugements hâtifs.
Je ne doute pas que vous soyez capable d’une grande…
    Elle regarda Selena bien en face pour lui montrer qu’elle
avait choisi ce mot délibérément, avec toute sa palette de nuances.
    — … d’une grande générosité !
    — Je vois que vous êtes venue sans votre mari !
    La réponse de Selena cingla, immédiate et venimeuse.
    Cette fois, Charlotte sourit. Elle était fière de la
profession de Thomas, même si elle savait que cela lui vaudrait le mépris des
autres.
    — Oui, il est occupé ailleurs. Il a beaucoup à faire.
    — Quelle malchance, murmura Selena, mais sans
conviction.
    La satisfaction l’avait désertée.
    Peu après cela, Charlotte eut l’occasion de rencontrer Algernon
Burnon. Elle lui fut présentée par Phœbe Nash dont le chapeau se tenait enfin
droit, même si sa coiffure manifestait encore des signes de malaise. Charlotte
connaissait bien cette sensation : une ou deux épingles de travers, et on
avait l’impression que le poids de la chevelure s’accrochait à votre tête avec
des ongles.
    Algernon s’inclina légèrement, geste de courtoisie que
Charlotte trouva quelque peu déconcertant. Il paraissait plus soucieux de son
bien-être à elle que du sien. Elle s’attendait à des démonstrations de chagrin,
or il s’enquérait de sa santé, lui demandant si elle ne souffrait pas trop de
la

Weitere Kostenlose Bücher