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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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première journée. Enfermés dans mon bureau depuis huit heures du matin jusqu’à huit ou neuf heures du soir, du lundi au dimanche compris, nous ne cessions d’examiner les rares éléments que nous possédions à la lumière des maigres informations que nous obtenions peu à peu grâce aux Archives. Si l’énigme des lettres grecques et du monogramme fut assez simple à résoudre, celle des sept croix demanda par contre un effort titanesque.
    Le deuxième jour, en entrant dans le laboratoire, alors que je refermais la porte et contemplais la silhouette de papier scotchée dessus, la solution m’apparut immédiatement. C’était si évident que je n’arrivais pas à croire que j’avais pu la manquer la veille ; mais je me justifiai en repensant à mon état de fatigue. Les lettres disposées de la tête aux pieds formaient le mot stavros (ΣTAYPOΣ), qui signifie : croix. Il nous parut donc incontestable à partir de ce moment que tout ce qui se trouvait sur le corps de l’Éthiopien devait être lié à ce thème.
    Quelques jours plus tard, après avoir relu, dans tous les sens mais sans succès, l’histoire de l’ancienne Abyssinie, notre Éthiopie actuelle, et consulté la documentation la plus large sur l’influence grecque dans la culture et la religion de ce pays, après être restée plusieurs heures à examiner avec soin des dizaines de livres d’art sur toutes les époques et les styles ainsi que des rapports détaillés sur les sectes recensées par les différents départements des Archives secrètes, puis des listes exhaustives sur les chrismes que le capitaine avait pu obtenir grâce à ses recherches sur ordinateur, nous fîmes une autre découverte assez significative : ce symbole que l’Éthiopien portait sur la poitrine et l’estomac répondait à une variété connue sous le nom de monogramme de Constantin, et son usage avait été abandonné au VI e siècle.
    Au début du christianisme, aussi surprenant que cela puisse paraître, la Croix ne fit l’objet d’aucune adoration. Les premiers chrétiens ignorèrent complètement l’instrument du martyre, lui préférant d’autres éléments ornementaux plus gais. De plus, durant les persécutions romaines – assez rares puisqu’elles se réduisirent en fait plus ou moins à l’acte connu de Néron après l’incendie de Rome en 64, et, selon Eusèbe 1 , aux deux années de la mal nommée Grande Persécution de Dioclétien (de 303 à 305) –, durant les persécutions romaines, donc, l’exhibition et l’adoration publique de la Croix s’était révélée très dangereuse. Sur les murs des catacombes et des maisons, sur les stèles des sépulcres, sur les objets personnels et les autels, apparurent alors des symboles tels que l’agneau, le poisson, l’ancre et la colombe. La représentation la plus importante était pourtant le chrisme, que l’on utilisa abondamment pour décorer les lieux sacrés.
    Il existait de nombreuses variantes de l’image du chrisme, en fonction de l’interprétation religieuse que l’on voulait lui donner. Par exemple, sur les tombes des martyrs, il était représenté par une branche de palmier au lieu de la lettre P, et l’on symbolisait ainsi la victoire du Christ. Ceux qui comportaient un triangle au centre exprimaient, eux, le mystère de la Trinité.
    En l’an 312, l’empereur Constantin le Grand, adorateur du dieu Soleil, rêva, au cours de la nuit précédant sa bataille décisive contre Maxence, son principal rival pour le trône de l’Empire, que le Christ lui apparaissait et lui disait de graver les deux lettres « XP » sur la partie supérieure des boucliers de ses soldats. Le lendemain, avant le combat, la légende dit qu’il vit apparaître ce sceau avec une barre transversale supplémentaire, formant ainsi l’image d’une croix sur la sphère éblouissante du soleil. En dessous étaient inscrits les mots grecs En-toutoi-nika, plus connus dans leur traduction latine In hoc signo vinces  : « Tu vaincras par ce signe. » Comme Constantin infligea une défaite cuisante à Maxence lors de la bataille du Pont Milvius, son étendard orné du chrisme, appelé plus tard Labarum, prit une importance extraordinaire dans tout l’Empire romain. Et, tandis que sa partie occidentale, l’Europe, tombait aux mains des Barbares, on continua à l’utiliser dans la partie orientale, c’est-à-dire Byzance, du moins jusqu’au VI e siècle, époque où il disparut

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