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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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je trouvai donc sept croix magnifiques, toutes différentes. De forme latine dans la partie intérieure de l’avant-bras droit, et avec une traverse courte sur le gauche. À l’épaule, une croix ancrée sur les vertèbres cervicales, une autre ansée sur les dorsales, et une dernière tréflée sur les lombaires. Les deux croix restantes, grecques, en forme de X, étaient situées dans la partie postérieure des muscles. Malgré cette variété admirable, elles avaient toutes quelque chose en commun : elles étaient enfermées ou protégées par des carrés, des cercles et des rectangles qui formaient comme des petites fenêtres ou meurtrières médiévales – et portaient une petite couronne à sept pointes sur la partie supérieure.
    À neuf heures du soir, nous étions tous les deux épuisés de fatigue. Glauser-Röist avait à peine réussi à trouver quelques références aux scarifications. Il m’expliqua de manière sommaire qu’il s’agissait d’un usage religieux circonscrit dans une étroite zone d’Afrique centrale à laquelle n’appartenait pas l’Éthiopie, malheureusement pour nous. Dans cette région, les tribus frictionnaient avec des herbes les incisions de la peau, faites généralement avec de petits roseaux aussi effilés que des couteaux. Les motifs ornementaux pouvaient être très complexes, mais ils répondaient essentiellement à des formes géométriques au symbolisme sacré, souvent en relation avec un rite religieux.
    — C’est tout ? dis-je, déçue, en le voyant fermer la bouche après m’avoir fourni ces maigres informations.
    — Il y a autre chose, mais à mon avis ce n’est pas significatif pour ce qui nous concerne. Certaines scarifications, plus épaisses et volumineuses, portées par les femmes, ont un puissant pouvoir d’attraction sexuelle sur les hommes.
    — Tiens ! m’exclamai-je, étonnée. C’est drôle, je n’y aurais jamais pensé.
    — Pour conclure, poursuivit-il, nous ne savons toujours pas pourquoi ces cicatrices se trouvent sur cet homme. (Je crois que ce fut à cet instant que je remarquai pour la première fois que ses yeux étaient gris pâle.) Un autre fait curieux, qui n’a rien à voir avec notre affaire non plus, c’est que dernièrement cette pratique est devenue très à la mode chez les jeunes de nombreux pays. On appelle ça body art ou performance art , et l’un de ses plus grands défenseurs est le chanteur David Bowie.
    — C’est impossible…, soupirai-je en esquissant un sourire. Vous voulez dire qu’ils se font ces blessures par goût ?
    — Eh bien…, dit-il, l’air aussi déconcerté que moi, je pense que cela a un lien avec l’érotisme et la sensualité, mais je ne saurais pas vous l’expliquer.
    — Ce n’est même pas la peine d’essayer, merci, répondis-je, exténuée, en me levant pour mettre fin à cette première et épuisante journée de travail. Nous allons nous reposer, capitaine, demain risque d’être encore une journée très longue.
    — Permettez que je vous raccompagne chez vous, ce ne sont pas des heures pour se promener seule sur le Borgo.
    J’étais trop fatiguée pour refuser, aussi risquai-je de nouveau ma vie dans la spectaculaire voiture du capitaine. En lui disant au revoir, je le remerciai. J’avais quelques remords pour ma façon de le traiter – mais cela me passa assez rapidement – et repoussai courtoisement son offre de venir me chercher le lendemain matin. Cela faisait deux jours que je n’allais pas à la messe, et je ne voulais pas laisser passer une autre occasion. Je comptais me lever tôt et, avant de retourner à mon bureau, me rendre à l’église des Santi Michele e Magno.
    Mes compagnes regardaient un film à la télévision quand j’entrai. Elles avaient pensé à me garder un plat au chaud dans le micro-ondes. Je pris un peu de soupe. Mais je manquais d’appétit. J’avais vu trop de cicatrices ce jour-là. Je m’enfermai un moment dans la petite chapelle avant d’aller me coucher. Je ne pus me concentrer sur mes prières. Non parce que j’étais fatiguée, mais parce que trois de mes frères eurent la mauvaise idée de me téléphoner de Sicile pour me demander si j’avais bien l’intention de venir à la fête que nous organisions tous les ans pour notre père, le jour de la San Giuseppe. Je répondis par l’affirmative à chacun et allai me coucher.
     
    Le capitaine et moi passâmes des semaines frénétiques à la suite de cette

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