Le dernier templier
décrivit à l’époque l’historien Flavius Josèphe, disparut.
Moins d’un siècle plus tard, une seconde rébellion juive fut aussi écrasée par les Romains. Cette fois, tous les Juifs se virent bannis de Jérusalem, et des sanctuaires consacrés à Zeus et à l’empereur Hadrien s’élevèrent sur le mont du Temple. Six cents ans plus tard, le site le plus saint du judaïsme allait être religieusement requalifié : avec l’avènement de l’islam et la conquête de Jérusalem par les Arabes, on en fit l’endroit d’où le cheval du prophète Mahomet serait monté au ciel. C’est pourquoi, en 691 de notre ère, le Dôme du Rocher fut érigé sur ce site par le calife Abd el-Malik. Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, cet endroit est demeuré un haut lieu de l’islam — à l’exception de la période d’occupation de la Terre sainte par les croisés, époque pendant laquelle le Dôme du Rocher fut converti en église chrétienne sous le nom de Templum Domini, le « Temple de Notre-Seigneur », et la mosquée Al-Aqsa, construite dans la même enceinte, se transforma en quartier général du jeune Ordre du Temple.
L’image héroïque de ces neuf courageux moines défendant les pèlerins vulnérables frappa les esprits dans toute l’Europe. Beaucoup demandèrent bientôt à intégrer l’Ordre. Des nobles de toute l’Europe les soutinrent généreusement et les inondèrent de terres et d’argent. La bénédiction papale qui leur fut octroyée contribua en grande partie à ce phénomène.
Les Templiers étaient des combattants de premier plan, très bien formés. Plus le nombre de leurs succès augmentait, plus leurs activités s’étendaient. Au-delà de leur mission initiale de protection des pèlerins, ils devinrent vite les défenseurs militaires de toute la Terre sainte.
En moins d’un siècle, le Temple devint l’une des puissances les plus riches et les plus influentes d’Europe. Avec ses immenses possessions en Angleterre, en Écosse, en France, en Espagne, au Portugal, en Allemagne et en Autriche, il venait en second, juste derrière la papauté elle-même. Mieux : grâce à ce maillage serré de domaines et de châteaux, les Templiers s’établirent bientôt comme les premiers banquiers internationaux de l’histoire. On les vit organiser des facilités de crédit pour les souverains de toute l’Europe en état de banqueroute, sauvegarder les finances des pèlerins en route pour Jérusalem et inventer de fait le concept du chèque de voyage.
À cette époque, la valeur des pièces d’or et d’argent dépendait très précisément de leur poids. Au lieu de les emporter avec eux et de risquer de se faire voler au cours de leur périlleux voyage, les pèlerins pouvaient déposer leur argent dans une maison ou une commanderie templière n’importe où en Europe. On leur délivrait en échange un billet codé. Quand ils avaient atteint une étape ou leur destination, ils pouvaient se rendre dans la maison templière locale, présenter le billet qui allait être décodé, en utilisant des techniques de cryptage jalousement gardées, et obtenir l’argent qu’ils voulaient.
Tess fixait Reilly pour s’assurer qu’il ne décrochait pas.
— Ce qui n’était au départ qu’un groupe de neuf nobles pleins de bons sentiments et voués à la défense de la Terre sainte contre les sarrasins se métamorphosa donc très vite pour devenir l’organisation la plus puissante et la plus secrète de son temps, allant jusqu’à rivaliser avec le Vatican en termes de richesse et d’influence.
— Puis tout a mal tourné pour eux, n’est-ce pas ?
— Oui. Très mal. Au XIII e siècle, les armées musulmanes parvinrent à reconquérir la Terre sainte et à en chasser les croisés, cette fois pour de bon. Il n’y eut plus jamais de croisades. Les Templiers furent les derniers à partir, après leur défaite à Acre en 1291. Quand ils revinrent en Europe, leur raison d’être avait disparu. Il n’y avait plus de pèlerins à escorter, plus de Terre sainte à défendre. Ils n’avaient plus de domicile, plus d’ennemi, plus de cause. Et ils n’avaient pas non plus beaucoup d’amis. Ce pouvoir et cette richesse leur étaient montés à la tête. Les Pauvres Soldats du Christ n’étaient plus franchement pauvres. De nombreux souverains, en particulier Philippe le Bel, le roi de France, leur devaient beaucoup d’argent.
— Et ils se sont effondrés.
— Oui, ils se sont
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