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Le dernier templier

Le dernier templier

Titel: Le dernier templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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brûlé les ailes, acquiesça Tess.
    La jeune femme avala une gorgée de son café. Puis elle raconta comment une campagne de rumeurs et de dénigrement avait visé les Templiers. Sans nul doute, le secret entourant les rites d’initiation de l’Ordre depuis son origine avait facilité leur chute. Bientôt, une litanie d’accusations scandaleuses avait été portée contre eux.
    — Qu’arriva-t-il alors ?
    — Un vendredi 13, répondit Tess. Le vendredi 13 qui est à l’origine de la sinistre réputation de ce jour.

20
    Paris, mars 1314
    Peu à peu, Jacques de Molay recouvra ses esprits.
    Combien de temps l’épreuve avait-elle duré, cette fois ? Une heure ? deux ? Le grand maître savait que cela ne pouvait avoir été beaucoup plus long. Quelques heures d’inconscience représentaient un luxe qu’ils ne lui autoriseraient jamais.
    À mesure que les brumes se dissipaient de son cerveau, les premiers signes de douleur revinrent et, comme d’habitude, il les réprima. L’esprit était une chose étrange et puissante. Après toutes ces années d’emprisonnement et de torture, il avait appris à s’en servir comme d’une arme. Une arme défensive, mais une arme quand même, avec laquelle il pouvait contrer au moins une partie de ce que ses ennemis essayaient d’accomplir.
    Ils pouvaient briser son corps et ils l’avaient fait. Mais son esprit et sa conscience, bien que meurtris, lui appartenaient encore.
    Comme ses convictions.
    Ouvrant enfin les yeux, il constata que rien n’avait changé, bien qu’il perçût une subtile différence qu’il n’identifia d’abord pas. Les murs de la cellule souterraine étaient toujours couverts d’une vase verdâtre qui s’écoulait sur le sol grossièrement pavé. L’accumulation de poussière, de sang séché et d’excréments l’avait nivelé au cours du temps. Quelle quantité de saleté provenait de lui-même ? Une grande part, il le craignait. Après tout, il était ici depuis... Il se concentra. Six ans ? Sept ? Bien assez longtemps pour détruire son corps.
    Ses os avaient été brisés. On les avait laissés vaguement se consolider. Et on les avait recassés. Ses articulations avaient été broyées, ses tendons déchirés. Il savait qu’il ne pourrait plus rien faire de ses mains et de ses bras, pas plus qu’il ne pourrait marcher. Mais, tant qu’il vivrait, ses tortionnaires n’arrêteraient jamais le mouvement de son esprit, libre de vagabonder, de quitter ces cachots infects sous les rues de Paris et de voyager... n’importe où.
    D’ailleurs, où allait-il se rendre aujourd’hui ? Vers les terres agricoles vallonnées du centre de la France ? Vers les contreforts des Alpes ? Vers la côte ou, au-delà, vers son cher outremer ?
    « Suis-je devenu fou ? » se demanda-t-il — et ce n’était pas la première fois. Après tout ce que lui avaient infligé les bourreaux qui dirigeaient ce cloaque infernal, comment aurait-il pu conserver sa santé mentale ?
    Il se concentra un peu plus sur le temps. Cela faisait six ans. Six ans et demi exactement depuis la nuit où les hommes du roi avaient envahi le Temple de Paris.
    Son Temple de Paris.
    Un vendredi, se rappela-t-il. Le 13 octobre 1307. Il dormait, comme la plupart de ses chevaliers, quand des dizaines de sénéchaux avaient donné l’assaut aux premières lueurs du jour. Il aurait dû mieux préparer les siens. Depuis des mois, il savait que le souverain cherchait un moyen de renverser la puissance de l’Ordre.
    Ce matin-là, les soldats de Philippe le Bel avaient réussi à rassembler assez de courage pour affronter les moines-guerriers... et les excuses nécessaires pour justifier un tel forfait. Si les Templiers ne s’étaient pas rendus facilement, les hommes du roi eurent l’effet de surprise et le nombre de leur côté ; les chevaliers n’avaient pas tardé à être submergés.
    Impuissants face à cette marée humaine, ils avaient battu en retraite dans le Temple mis à sac. Le grand maître n’espérait plus qu’une chose : que le roi et ses sbires ne comprennent pas la signification du butin qu’ils emportaient ou que, consumés par leur soif d’or et d’argent — qu’ils ne pouvaient trouver en ces lieux —, ils ne remarquent pas des objets apparemment sans valeur.
    Puis le silence retomba et, avec une étonnante courtoisie, Jacques de Molay et ses frères chevaliers furent poussés dans des chariots qui allaient les emmener vers leur

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