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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Lafargue
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leurs mairies respectives, ils recevront tous les matins une
pièce de vingt francs pour leurs menus plaisirs. Les discordes
sociales s’évanouiront. Les rentiers, les capitalistes, tout les
premiers, se rallieront au parti populaire, une fois convaincus
que, loin de leur vouloir du mal, on veut au contraire les
débarrasser du travail de surconsommation et de gaspillage dont ils
ont été accablés dès leur naissance. Quant aux bourgeois incapables
de prouver leurs titres de vauriens, on les laissera suivre leurs
instincts : il existe suffisamment de métiers dégoûtants pour
les caser – Dufaure nettoierait les latrines publiques ;
Galliffet chourinerait les cochons galeux et les chevaux
farcineux ; les membres de la commission des grâces, envoyés à
Poissy, marqueraient les bœufs et les moutons à abattre ; les
sénateurs, attachés aux pompes funèbres, joueraient les
croque-morts. Pour d’autres, on trouverait des métiers à portée de
leur intelligence. Lorgeril, Broglie, boucheraient les bouteilles
de champagne, mais on les musellerait pour les empêcher de
s’enivrer ; Ferry, Freycinet, Tirard détruiraient les punaises
et les vermines des ministères et autres auberges publiques. Il
faudra cependant mettre les deniers publics hors de la portée des
bourgeois, de peur des habitudes acquises.
    Mais dure et longue vengeance on tirera des
moralistes qui ont perverti l’humaine nature, des cagots, des
cafards, des hypocrites « et aultres telles sectes de gens qui
se sont déguisés comme masques pour tromper le monde. Car donnant
entendre au populaire commun qu’ils ne sont occupés sinon à
contemplation et dévotion, en jeusnes et mascération de la
sensualité, sinon vrayement pour sustenter et alimenter la petite
fragilité de leur humanité : au contraire font chière. Dieu
sait quelle !
et Curios simulant sed Bacchanalia
vivunt
[22] . Vous le pouvez lire en grosse lettre
et enlumineure de leurs rouges muzeaulx et ventre à poulaine, sinon
quand ils se parfument de souphlre [23]  ».
    Aux jours de grandes réjouissances populaires,
où, au lieu d’avaler de la poussière comme aux 15 août et aux 14
juillet du bourgeoisisme, les communistes et les collectivistes
feront aller les flacons, trotter les jambons et voler les
gobelets, les membres de l’Académie des sciences morales et
politiques, les prêtres à longue et courte robe de l’église
économique, catholique, protestante, juive, positiviste et libre
penseuse, les propagateurs du malthusianisme et de la morale
chrétienne, altruiste, indépendante ou soumise, vêtus de jaune,
tiendront la chandelle à s’en brûler les doigts et vivront en
famine auprès des femmes galloises et des tables chargées de
viandes, de fruits et de fleurs, et mourront de soif auprès des
tonneaux débondés. Quatre fois l’an, au changement des saisons,
ainsi que les chiens des rémouleurs, on les enfermera dans les
grandes roues et pendant dix heures on les condamnera à moudre du
vent. Les avocats et les légistes subiront la même peine.
    En régime de paresse, pour tuer le temps qui
nous tue seconde par seconde, il y aura des spectacles et des
représentations théâtrales toujours et toujours ; c’est de
l’ouvrage tout trouvé pour nos bourgeois législateurs. On les
organisera par bandes courant les foires et les villages, donnant
des représentations législatives. Les généraux en bottes à
l’écuyère, la poitrine chamarrée d’aiguillettes, de crachats, de
croix de la Légion d’honneur, iront par les rues et les places,
racolant les bonnes gens. Gambetta et Cassagnac, son compère,
feront le boniment de la porte. Cassagnac, en grand costume de
matamore, roulant des yeux, tordant la moustache, crachant de
l’étoupe enflammée, menacera tout le monde du pistolet de son père
et s’abîmera dans un trou dès qu’on lui montrera le portrait de
Lullier ; Gambetta discourra sur la politique étrangère, sur
la petite Grèce qui l’endoctorise et mettrait l’Europe en feu pour
filouter la Turquie ; sur la grande Russie qui le stultifie
avec la compote qu’elle promet de faire de la Prusse et qui
souhaite à l’ouest de l’Europe plaies et bosses pour faire sa
pelote à l’Est et étrangler le nihilisme à l’intérieur ; sur
M. de Bismarck, qui a été assez bon pour lui permettre de
se prononcer sur l’amnistie… puis, dénudant sa large bedaine peinte
aux trois couleurs, il battra dessus le rappel et énumérera

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