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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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dit qu’elle la retrouvera. Voilà bien mon souci, et vous avez mis le doigt à l’endroit exact où nous achoppons. Si un certain nombre de faits s’accumulent, je suis, en dépit de tout, contraint de lâcher les chiens en des directions opposées et moi, je routaille 85 derrière l’un ou l’autre des suspects. Bien des éléments me manquent encore, mais tout conspire à les soupçonner tous. Aucun, à vrai dire, ne possède d’alibi pour le moment concernant le meurtre d’Élodie. Quant à l’infanticide, si tant est qu’il soit prouvé, il sera difficile de parvenir jusqu’à son auteur.
    — Et votre si étonnant naturel de la Nouvelle-France ? Le voilà hors de cause, si je ne m’abuse ; on a tenté de l’assassiner. Vous ne m’allez tout de même pas affirmer qu’il demeure sur la liste de vos suspects ?
    — Oh ! que si ! Sa blessure ne prouve rien, on l’a très maladroitement servi, pour parler comme un veneur. Raté, à peine blessé ! N’est-ce pas étrange ? Même si l’attentat perpétré contre sa vie est réel, il prouve tout et ne prouve rien. Il est possible qu’un sien complice ait voulu se débarrasser de lui. Or, j’ai des doutes sur l’alibi de Naganda, tant je le soupçonne d’avoir lui aussi des motifs pour souhaiter la disparition d’Élodie.
    — Ne vous laissez pas entraîner dans des embrouillements infinis. Je m’en voudrais que mes questions alourdissent votre réflexion dans une affaire déjà trop chargée d’hypothèses. Tout crime, je le sais d’expérience, est une machine complexe à trois ou quatre centres de mouvements. N’écartez rien, mais restez simple et ouvert à l’évidence. À qui profite le crime ? Quels sont ses ressorts habituels ? Bien sûr, l’intérêt et la passion. Démontez vos suspects comme vous le feriez d’une pendule ; la pièce qui manque se retrouvera naturellement.
    — Vous avez raison, murmura Nicolas. Plus on disserte sur une affaire plus on lui ajoute d’éléments confus et plus elle devient inextricable.
    — Voilà ! Le flambeau de la vérité s’obscurcit lorsqu’il est agité trop violemment. Pressez-vous, à partir de ce que vous savez, d’établir un plan de bataille. Écoutez votre intuition. J’observe, depuis des années, qu’elle vous guide plus souvent qu’elle ne vous égare. Le cœur est ému chez vous avant que l’esprit réfléchisse.
    La deuxième corne du croissant disparut prestement engloutie. Le reste allait suivre quand Cyrus, revenu, s’en saisit sous le regard courroucé de son maître.
    — Ah ! le petit coquin ! s’esclaffa Nicolas en riant. Il brave une disgrâce tant il a soin de la santé de son maître. Je vais faire de même et vous laisser reposer.
    Il se leva et, après avoir souhaité un prompt rétablissement à M. de Noblecourt, qui le salua d’un petit geste menaçant, il prit ce qui restait de croissants et de brioches et regagna son appartement. Quelques instants après, alors qu’il allait repartir, Bourdeau frappa et passa sa figure rougeaude et réjouie. Nicolas pensait souvent que rien, dans l’apparence de son adjoint, ne pouvait donner la mesure de sa profondeur et de sa finesse. L’inspecteur baissait rarement la garde et préservait son quant-à-soi. Rares et précieux étaient les moments où il avait découvert à Nicolas les aspects secrets d’une personnalité attachante et complexe.
    — Tout est en ordre, fit-il. Chaque membre de la famille Galaine est au secret. Six cachots sûrs à trouver, ce ne fut guère facile.
    — Ils sont «  à la pistole 86  » ?
    — Rien du tout. Cela signifierait allées et venues incessantes. Ils sont « à la dure », mais cela ne créera pas de difficultés, vous en aurez fini bien avant.
    — Merci pour la confiance ! Notre système de prison est insupportable et ne concourt point à la manifestation de la vérité. Les vrais maîtres des lieux sont le concierge, les geôliers et leurs valets, et les guichetiers avec lesquels les prisonniers sont en relations quotidiennes. Je ne parle pas des commissionnaires qui vont et viennent entre le dedans et le dehors. J’ai jeté quelques idées à ce propos sur un papier à l’intention de M. de Sartine. Un de ces jours, je les lui soumettrai. Et la Miette ? Et Naganda ?
    — Le second, à l’Hôtel-Dieu. Mais y a fallu que j’élève la voix. Les malades y sont quatre par lit, se passant leur vermine. J’ai dû lâcher quelques écus afin

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