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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l’héritier : Si par malheur elle venait à décéder fille, l’héritage reviendrait au premier-né mâle de Charles Galaine. Voilà qui ouvrait d’intéressantes perspectives. L’essentiel, à présent, était de savoir qui détenait ce document et qui avait pu en prendre connaissance. Nicolas fouilla dans les jouets de la petite fille, et il tomba sur un collier de perles noires, identiques à celle trouvée dans la main d’Élodie, le tout provenant sans conteste possible de l’objet volé à Naganda. Sans doute, Geneviève, séduite par ces perles, les avait-elle renfilées pour se constituer un bijou.
    Nicolas était au désespoir d’avoir à la réveiller. La fillette s’étira avec une moue chagrine. Interrogée, elle commença par se taire, puis se mit à pleurer. Oui, elle avait trouvé ce papier et les perles dans la boîte à ouvrage de ses tantes. La boîte contenait un œuf en bois d’acajou pour repriser, et cet objet lui plaisait beaucoup, car il était creux et on pouvait le dévisser. D’habitude, ses tantes y plaçaient des épingles et des aiguilles. La dernière fois qu’elle l’avait ouvert, elle avait trouvé un papier tout plié et des perles noires. Nicolas essaya de savoir à quand remontait cette découverte. Un jour ou deux, la petite ne se souvenait plus vraiment. Nicolas était cependant intrigué par un fait, il avait fouillé la chambre des deux sœurs et n’avait point remarqué ce petit meuble. Il exigea des précisions. Il apprit qu’il n’était pas toujours dans la chambre, mais suivait les pérégrinations des travaux de couture dans les différentes pièces et étages où se trouvaient Camille et Charlotte. Il calma l’enfant, et ne la laissa qu’une fois endormie.
    Nicolas remonta dans sa chambre prendre son portemanteau. Il n’y avait plus trace ni de Semacgus ni du père Raccard dans la maison ; sans doute avaient-ils accompagné leurs patients. Bourdeau, toujours prévoyant, lui avait réservé une voiture. Nicolas ordonna qu’on le conduisît rue Montmartre. Il souhaitait à la fois ramener Cyrus au bercail — le vieux chien, au demeurant folâtre et gaillard, méritait un bon repas et un peu de tranquillité —, faire toilette et prendre des nouvelles de M. de Noblecourt. Quand il arriva sous le porche du vieil hôtel, la boulangerie exhalait la réconfortante odeur de la première fournée. Passé la porte cochère et après avoir prié la voiture de l’attendre, il entendit une petite voix timide le héler. C’était le jeune mitron.
    — Monsieur Nicolas, j’ai à vous dire qu’en balayant ce matin j’ai trouvé une chose en métal, la même que celle que vous avez ramassée hier. Je l’ai gardée, pensant qu’elle vous intéresserait.
    Il lui tendit un petit ferret doré identique à celui trouvé dans la serrure des combles de l’hôtel des Ambassadeurs Extraordinaires.
    — Tu ne pouvais me faire plus grand plaisir ! s’exclama Nicolas.
    Il fouilla dans sa poche, en tira une poignée de liards et les offrit à l’enfant qui les reçut en rougissant.
    — As-tu déjà monté les petits pains à M. de Noblecourt ?
    — Pas encore. Je m’y apprêtais en guettant votre retour.
    — Veux-tu parfaire mon contentement ? Ajoute aux pains mollets quelques croissants et brioches. Aujourd’hui, je dévorerais bien la boutique et le mitron avec !
    Le garçon s’enfuit en riant. Le jour qui se levait mettait dans la vieille cour une lueur indécise. Le carré de ciel virait du bleu-noir au gris perle. Des oiseaux pépiaient et s’ébrouaient près d’une flaque. Un jour nouveau succédait à l’horreur des ténèbres. Ferait-il éclater la vérité ? Permettrait-il de confondre les coupables en faisant le lien entre les éléments composites et péniblement rassemblés au cours de l’enquête ? Serait-il illuminé par une vision fugitive et irraisonnée qui mêlerait les informations comme les dés dans le cornet puis les rejetterait dans un ordre nouveau en faisant éclater la solution ? La découverte d’un nouveau ferret écartait tout scrupule de l’esprit de Nicolas. En dépit du nihil obstat de M. de Sartine et de son absolution administrative, il n’était pas convaincu jusque-là que l’acte destiné à confondre Langlumé n’appartenait pas à ceux dont on garde le souvenir amer tout au long de sa vie. La providence, cette justice immanente, venait d’en décider autrement. Ce ne serait pas seulement

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