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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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confiance. Arrive le moment de son accouchement, à l’issue d’une grossesse difficile et qu’elle a dû dissimuler. Qui l’aide dans son travail ? La Miette ? Hélas, elle ne peut pas nous répondre. Les tantes ? Je leur pose la question.
    — Nous savions vaguement, dit Camille avec une moue dubitative, mais tout s’est déroulé sans que nous en soyons informées.
    — Ma sœur a raison pour une fois, dit l’aînée.
    Nicolas décida de faire une diversion et de plaider le faux.
    — Ainsi, reprit-il Nicolas, ni Élodie, ni la Miette ne vous en ont parlé ? Ainsi, le secret le plus épais a entouré l’événement ? Vous ne saviez même pas qu’il avait eu lieu ni son résultat. Vous ignoriez que la petite fille qui naquit, il y a quelques jours, avait été immédiatement conduite par la Miette à Suresnes, chez une nourrice. L’enfant se porte bien, et maintenant que sa mère est morte intestat , il est hors de doute qu’une cour la reconnaîtra comme l’héritière de la fortune de votre frère Claude.
    Les deux magistrats ne celaient point leur étonnement devant les propos de Nicolas. Soudain, Charlotte se leva.
    — Mais c’est faux ! Tout est faux. C’était un bâtard ! Que nous contez-vous là ?
    — Qu’appelez-vous un bâtard ? Une fille née hors mariage ?
    — Non ! non ! hurla Charlotte. Un garçon, le garçon ! C’est un coup monté, elle ne peut pas hériter. Elle n’est pas la fille d’Élodie. Notre nièce a donné naissance à un fils. Je l’ai vu, de mes yeux, vu.
    — Vous l’avez vu ? Nous en sommes charmés, et d’autant plus enclins à exiger d’en savoir plus. À quelle occasion ? Quand on l’a amené chez sa nourrice ?
    — En vérité, il a été porté dans une maison d’enfants trouvés.
    — Trouvez-vous vraisemblable, après ce que je vous ai dit de Naganda et d’Élodie, qu’ils aient pu vouloir abandonner leur enfant ?
    — C’est Élodie qui le souhaitait, dit Charlotte. Un ruban avec la moitié d’une médaille avait été attaché au lange, et un papier stipulait qu’on comptait de l’aller reprendre bientôt.
    — Que de détails ! Quelle science, vous qui étiez si éloignée de l’événement ! Quelle est cette maison d’enfants trouvés ?
    — Cela, c’était le secret d’Élodie, et seule, aujourd’hui, la Miette pourrait nous en dire davantage.
    — Dommage, encore une fois, qu’elle soit dans l’incapacité de le faire. Rien n’est plus commode, en vérité. Messieurs, Élodie est accouchée et elle abandonne son enfant. Comme cela est vraisemblable !
    Nicolas alla de nouveau se planter devant les deux sœurs. Il vit Bourdeau entrer dans la salle, un paquet enveloppé de papier de soie, sous le bras, et poursuivit :
    — Pourquoi, dans ces conditions, avons-nous retrouvé dans votre chambre, sous votre lit, pour être plus précis, ces bandes de tissus dont tout porte à croire qu’elles servaient à serrer la poitrine d’Élodie pour lui faire passer son lait ?
    — Ces bandes, dit Camille, ont été enlevées lorsque nous avons habillé Élodie pour la fête.
    — Soit. Je poursuis. Cet enfant — ce fils, pour être véridique — cet héritier, ce noble fils de l’Algonquin, nous l’avons retrouvé.
    La salle semblait tout entière suspendue aux paroles de Nicolas.
    — Oui, retrouvé, Mort, assassiné. Enfoui dans le sol même de la cave des Deux Castors , massacré de la plus terrible manière ; le cordon ombilical tranché et non noué. Le petit corps s’est vidé…
    Mme Galaine éclata en sanglots.
    — J’espère, dit Nicolas, que ces larmes sont l’expression de l’horreur d’une mère. Messieurs, je vais devoir maintenant prononcer des paroles, graves. Je vais devoir porter des accusations.
    Il s’éloigna à nouveau de la famille Galaine.
    — J’accuse Charlotte et Camille, l’une ou l’autre ou les deux, d’avoir parfaitement connu la grossesse d’Élodie. J’accuse l’une ou l’autre ou les deux, sans doute aidées par la Miette et Marie Chaffoureau, la cuisinière, d’avoir détruit le fruit vivant de l’amour d’Élodie et de Naganda et, cela dans d’effroyables conditions, en le laissant se vider de son sang, comme l’ont constaté, sans risque d’erreur, les praticiens habituels, et pour finir, de l’avoir enterré dans la cave, dissimulé sous des peaux de bêtes. Et, me direz-vous, pourquoi tuer ce nouveau-né ? Parce qu’il s’agissait

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