Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
le firent grimacer et le réveillèrent tout à fait.
    — Je…, fit-il en maîtrisant un cri. Que m’est-il arrivé ?
    — C’est plutôt à nous à vous poser la question, dit Nicolas.
    — J’ai senti une forte douleur dans le dos, et puis plus rien.
    — On vous a proprement planté un couteau entre les omoplates. Vous étiez sans doute dans l’une de vos étranges cérémonies et j’ai entendu votre tambour s’arrêter. Cela m’a intrigué et m’a paru bizarre. Comme une intuition…
    — Il était écrit que vous seriez la main du destin et que vous me sauveriez la vie. La grenouille sacrée l’avait prévu. C’est sans doute vous, sans le savoir, qui êtes le fils de la pierre.
    — Votre sauveur, le voici, c’est le docteur Semacgus.
    — Je crois, Nicolas, dit l’intéressé, que vous mésestimez votre capacité à prévoir les événements. Si nous n’étions pas intervenus, Monsieur serait mort. Et, le fils de la pierre s’applique à vous comme un gant.
    — Comment cela ?
    — Ne m’avez-vous pas raconté que le chanoine Le Floch, votre tuteur et père adoptif, vous avait découvert sur la pierre tombale du gisant des seigneurs de Carné, dans la collégiale de Guérande ? Voilà une énigme fort claire présentement résolue. Nous continuons, pour le coup, à vivre dans l’inexplicable. Cela devient une habitude. On s’y fait, ma foi !
    — Naganda, soupçonnez-vous quelqu’un en particulier ? demanda Nicolas.
    — Je n’ai jamais rencontré dans cette demeure autre chose qu’hostilité et menaces, répondit l’Indien.
    — N’avez-vous rien à ajouter à ce que vous m’avez déjà confié ?
    — Non, rien.
    — Il est essentiel de tout me dire. Si la mémoire vous revenait de quelques faits intéressants, n’hésitez pas à m’appeler. À propos, vous prétendez toujours être demeuré près d’une journée, drogué et endormi ?
    — Je le maintiens.
    — Soit. J’ai le regret de vous annoncer — et cela n’a aucun lien avec notre conversation — que les occupants de cette maison seront placés au secret dans une prison d’État.
    Semacgus fit un mouvement de dénégation en désignant du doigt la blessure.
    — Compte tenu de votre blessure, poursuivit Nicolas, vous serez transporté à l’Hôtel-Dieu afin d’y recevoir les soins qu’elle nécessite. La vérité désormais ne devrait pas être longue à apparaître. Disposez-vous d’une pelle ?
    Naganda le regarda dans les yeux.
    — Je n’en ai pas, mais vous en trouverez une dans l’appentis de la cour, avec les ustensiles de jardin et une brouette qui sert à transporter les ballots de peaux à leur arrivée.
    Nicolas laissa l’Indien aux bons soins de Semacgus. Il redescendit dans la boutique pour réfléchir et attendre Bourdeau, le guet, les exempts et les voitures. C’était la première fois qu’il pouvait faire le point sur les événements de la nuit. Il ne parvenait pas encore à surmonter le choc de circonstances d’une intensité telle que leur caractère insensé continuait à s’imposer à son esprit. Il ne savait plus que penser de la tempête levée dans cette maison par la possession de la Miette. Au fur et à mesure que se dissipait la fièvre de la crise, la raison lui revenait, et avec elle les arguments de la logique et les suggestions du scepticisme. Certes, il n’avait pas rêvé, et ses compagnons non plus, mais, il fallait reprendre pied sur la terre ferme, celle des faits, des preuves et de la vie humaine au quotidien.
    Il restait que la crise de la Miette, quelle qu’en fût l’origine, avait entraîné son enquête dans une direction nouvelle, en faisant découvrir ce qui apparaissait bel et bien comme un infanticide. On pouvait supposer que les crises de la Miette avaient pour origine la conscience troublée d’une jeune fille en situation intéressante et qui avait peut-être donné la main à l’assassinat d’un nouveau-né. Ceci expliquait cela, et Nicolas était assez enclin à estimer que la complicité dans un acte aussi barbare pouvait conduire à un délabrement de l’âme et aux manifestations étranges qui en étaient la conséquence. Encore fallait-il être assuré que le nouveau-né avait subi des manœuvres dolosives qui avaient conduit à son décès. Seule l’ouverture du corps pourrait en apprendre davantage. Ainsi, paraissait-il assuré qu’Élodie, fille légère, entourée de multiples soupirants, avait récolté le fruit de

Weitere Kostenlose Bücher