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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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épée, prêts à m’occire. J’en fis autant, impatient d’en découdre. Roger Bernard me posa une main sur l’avant-bras.
    —    Doucement, Gondemar.
    —    Assoyez-vous, messires ! tonna son père. Les animosités personnelles, malgré le fait que je les partage, devront attendre !
    Il fallut plusieurs secondes avant que, un à un, les officiers de Toulouse obtempèrent. Je me fis un point d’honneur d’être le dernier à prendre place sur une chaise qui m’était réservée à la droite de Foix. De là, je faisais presque face au vil calculateur.
    —    Monsieur le comte, dis-je en inclinant légèrement la tête. Je ne croyais pas avoir de sitôt le plaisir de ta compagnie. On me dit que tu t’es absenté récemment. Tout s’est bien passé ?
    —    Sire Gondemar, répondit le vieillard d’un ton civil qui ne trompa personne. À la première occasion, je t’en ferai le récit. En privé.
    Il s’esclaffa légèrement pour faire bonne figure.
    —    Et comment se porte le brave Renat ? ajoutai-je pour pousser l’insulte.
    Le sourire disparut de son visage.
    —    Bien, maintenant que les heureuses retrouvailles sont choses du passé, venons-en à la raison de cette rencontre, coupa le comte de Foix.
    Puis il céda la parole au faux jeton qui, de sa voix nasillarde et hautaine, nous confirma fièrement qu’il entendait livrer combat à Simon de Montfort avant que celui-ci n’attaque Toulouse de nouveau.
    —    Dois-je en conclure que les négociations que tu mènes depuis longtemps ont été infructueuses ? demandai-je innocemment, le sourire aux lèvres.
    Il se contenta de m’adresser un regard noir sans relever l’allusion. Puis la discussion s’amorça dans une atmosphère pénible où la tension était à couper au couteau. Selon les informations obtenues, Montfort, qui n’avait pas digéré la défaite devant Toulouse, piaffait d’impatience et planifiait une nouvelle attaque pour la fin de septembre. Cette fois, il ne commettrait pas l’erreur de se présenter avec des forces insuffisantes. Déjà, Thiébaut I er , comte de Bar et de Luxembourg, Guy de Lévis et Hugues de Lacy lui avaient promis des troupes nombreuses. À eux s’ajoutait Bouchard de Marly, son parent que j’avais connu à Cabaret, qui était maintenant libre et qui avait obtenu des hommes de l’évêque de Cahors, Guillaume de Cardaillac. Je ne connaissais aucun de ces individus, mais les autres oui et il était clair qu’avec leur appui
    Montfort était plus dangereux que jamais. En ce moment même, il accumulait les provisions à Saint-Martin-Lalande, en prévision du prochain siège. Je détestais devoir l’admettre, mais le vieux fourbe avait raison : si nous n’agissions pas maintenant, il serait trop tard et Toulouse tomberait. Raymond Roger et son fils, aussi férus de politique que de combat, l’avaient compris bien avant moi.
    Au cours des jours suivants, nous tînmes plusieurs conseils de guerre et, peu à peu, les plans se précisèrent. Il fut décidé que, d’abord et avant tout, il était capital de nous attaquer à l’approvisionnement de notre adversaire. À mesure que la faim s’installait dans son camp, le mécontentement augmentait et la discipline se relâchait, parfois jusqu’à la mutinerie. Une partie de nos troupes guetterait donc les convois et les harcèlerait sans merci. Pendant ce temps, la majorité se préparerait à un affrontement direct avec les croisés avant qu’ils n’atteignent Castelnaudary, à quelques lieues de Toulouse. Nous devions nous presser, car nos espions nous rapportaient que l’ennemi se mettrait en route dans une semaine tout au plus.
    Quatre jours plus tard, tout était prêt. J’étais dans ma chambre, tard le soir, en train d’affiler Memento, songeur. Ma décision était prise. Je lutterais auprès des Foix tant qu’il le faudrait. Ensuite, si je survivais, je retournerais à Montségur pour y veiller sur la Vérité de mon mieux en espérant avoir un jour une autre occasion de mettre la main sur la seconde part. Avec un peu de chance, j’emmènerais Cécile avec moi. Peut-être Dieu jugerait-il mon devoir accompli et m’accorderait-il, pour quelque temps au moins, une vie simple et normale, avec une femme que j’aimais et les enfants que nous ferions ? Dans ces conditions, de seigneur, je deviendrais paysan sans aucun regret. Je réalisais que les vraies satisfactions étaient les plus simples.
    Lorsque j’eus

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