Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
Une main décharnée en émergeait, tendant vers nous un petit plat de bois. Malgré le capuchon qui lui couvrait la tête, je reconnus aussitôt la mendiante que j’y avais croisée, voilà déjà longtemps. Je me rappelais comme si c’était hier son visage émacié, ridé et couvert de plaies, aux yeux aveugles. Cette pauvre vieille n’avait fait que demander l’aumône et elle s’était retrouvée possédée par un archange. Je m’arrêtai devant elle, craignant à tout moment que Métatron ne se manifeste à nouveau pour me terrifier. J’étais soudain très heureux d’être accompagné.
    —    Pas maintenant, grand-mère, dis-je distraitement. Et puis je t’ai déjà donné tout ce que j’avais. Il ne me reste que les hardes que j’ai sur le dos.
    —    Je connais cette femme, dit Cécile. Elle rôde parfois autour du châtelet.
    Je fis mine de reprendre mon chemin, cherchant des yeux le Cancellarius Maximus. L’autre main de la mendiante sortit vivement de son manteau et me saisit par les braies pour m’immobiliser.
    —    C’est vrai, caqueta-t-elle. Tu m’as offert quelques pièces et je l’apprécie. Mais tu m’as donné beaucoup plus, Gondemar de Rossal.
    Autour de moi, mes compagnons s’étaient immobilisés. Roger Bernard éclaira avec plus d’insistance le visage dont les yeux morts étaient rivés sur moi. Interdit, j’attendis la suite.
    —    Seul celui qui prouvera sa valeur pourra prétendre au titre de Lucifer. En risquant ta vie pour récupérer mon message, pour aider les Foix et pour sauver la vie de ta douce, tu m’as donné la preuve de ta loyauté et de ta valeur, continua-t-elle. Sans elle, personne ne peut prétendre être le Lucifer. Maintenant, je sais ce que tu es vraiment. Alors permets-moi de te donner quelque chose à mon tour.
    Sidéré, je restai là, la bouche entrouverte. Elle venait de citer un passage du message du Chancelier. Comment pouvait-elle le connaître ? Était-elle une messagère, comme Cécile ? Elle fouilla dans son manteau et en tira un pendentif en or dont elle passa le cordon de cuir par-dessus sa tête avant de me le tendre.
    — Prends, Lucifer, dit-elle. Il te permettra d’accéder à ce que tu cherches.
    J’étais tétanisé et j’eus du mal à avancer la main. Cette vieille femme sans importance, qui ne vivait que des oboles qu’autrui voulait bien lui consentir, venait de m’appeler Lucifer. Je finis par secouer ma torpeur et saisis le pendentif pour mieux l’examiner à la lumière de la torche. Je faillis défaillir de surprise. Le petit disque d’or portait le sceau du Cancellarius Maximus, sculpté en ronde-bosse.

    Le moment venu, il remettra son sceau au Magister de son choix, faisant de lui le Lucifer, porteur de la lumière divine, disaient les instructions au Magister. Voilà que je tenais dans ma main l’objet tant convoité.
    —    Comment as-tu obtenu ceci ? crachai-je. À qui l’as-tu volé ?
    —    Il ne faut jamais se fier aux apparences, ricana-t-elle. Il m’appartient. C’est ma seule richesse, à part le secret que je protège.
    Le choc était tel que j’en perdais la parole. Mes compagnons n’en menaient pas plus large. Il me fallut un long moment pour m’en remettre et retrouver un semblant de contenance. Si cette vieille femme était la personne que je cherchais, je devais, pour ma part, me comporter comme le Magister que les Neuf avaient élu - et le damné que Dieu avait chargé d’un lourd fardeau.
    —    Toi ? fis-je, médusé.
    Elle ne dit rien. Elle semblait attendre la suite.
    —    La seconde part, parvins-je à articuler. Où se trouve-t-elle ?
    La vieille considéra un moment ma question en mâchouillant ses lèvres avec ses gencives. Elle allait y répondre lorsqu’un grand vacarme retentit dans la nuit. Je me retournai pour apercevoir, aux deux extrémités de la ruelle, des hommes en armes qui fonçaient sur nous. Ils étaient une douzaine en tout, peut-être un peu plus.
    Mon premier réflexe fut de pousser Cécile et Pernelle contre le mur afin que Roger Bernard, Ugolin et moi puissions les protéger. Lorsque les intrus furent assez près, je constatai que chacun d’eux avait noué un foulard sur la partie inférieure de son visage, ce qui rendait leurs intentions on ne peut plus claires. Sachant fort bien ce qu’ils cherchaient, je passai prestement le pendentif à mon cou. Je devrais le défendre de ma vie.
    —    Les hommes du vieux bouc, tu

Weitere Kostenlose Bücher