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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de contrariété se répandit sur son visage, et, sur le ton du regret :
    – Pas aussi accompli que je l’eusse souhaité… et c’est ce qui me navre. Mais c’est en cela surtout que j’ai eu le plus de mal… Tout enfant, déjà, je ne sais quel instinct le faisait se révolter contre les idées que je m’efforçais de lui inculquer. Vous disiez tout à l’heure : « Bon chien chasse de race. » C’est très vrai, signora. Mais celui-là, je crois, tiendrait plutôt de son père… sous certains rapports, du moins. Enfin, que voulez-vous, j’ai fait du mieux que j’ai pu, et ce n’est pas ma faute si je n’ai pas mieux réussi. Tel qu’il est cependant : voleur, assassin à gages, rebelle à toute autorité autre que la sienne, ne connaissant d’autre loi que son caprice, en lutte ouverte avec le guet, il est mûr pour le gibet, le bourreau peut le cueillir… et j’avais espéré que cette nuit ce serait chose faite.
    – Et c’est pour cela que tu avais prévenu le grand prévôt ?
    – Oui, signora !…
    – Ce qui a été manqué cette nuit peut se recommencer, dit Léonora en le regardant en face.
    Saêtta secoua la tête et :
    – Non, signora, dit-il. Jehan n’est pas de ceux qui se laissent prendre deux fois de suite au même piège. Il est même extraordinaire que nous ayons pu l’amener là une fois… encore avons-nous échoué à la dernière minute.
    Léonora ne put réprimer un geste de contrariété.
    – Oui, dit froidement Saêtta, ce qui vous chiffonne, c’est le roi. Patience, signora, ce n’est là que partie remise. Si j’étais aussi sûr de réussir ma vengeance que vous pouvez être sûre, vous, d’être débarrassée du roi, avant peu…
    – Que veux-tu dire ? fit vivement Léonora. As-tu appris quelque chose ?
    – Non, rien, signora… Seulement, si j’en crois ce que j’entends chuchoter de différents côtés, les jours du roi sont comptés. Il est condamné. Par qui ?… Pourquoi ?… Comment ?… C’est ce que nul ne sait ou du moins ne dit. Mais la conviction de chacun est qu’Henri de Navarre n’a pas longtemps à vivre.
    – C’est vrai, dit Léonora avec un calme effrayant. C’est ce que tout le monde chuchote à la cour… Le roi lui-même, à tout propos, parle de sa mort prochaine.
    – Vous voyez bien !… Quoi qu’il en soit, je vous ai aidée dans cette affaire et suis encore prêt à vous aider le cas échéant. Et tenez, j’y songe, n’avez-vous pas entendu dire qu’un astrologue a prédit que le roi mourrait à la première grande cérémonie qu’il donnerait ?
    – Crois-tu donc réellement à ces histoires d’astrologues et de magiciens ? demanda Léonora avec un dédain trop accentué pour n’être pas un peu affecté.
    – Si j’y crois,
Cristo santo !…
Vous n’y croyez donc pas, vous, signora ? s’écria Saêtta sincèrement surpris.
    – Pas trop, je l’avoue.
    – Vous avez tort, signora, dit gravement Saêtta. Le roi y croit, lui. A telles enseignes que, dit-on, c’est pour cela qu’il a toujours refusé de consentir à la cérémonie du sacre de la reine Maria, son épouse. Il est convaincu qu’il n’y survivra pas.
    Léonora écoutait avec un intérêt qui constituait le plus flagrant démenti au scepticisme qu’elle avait cru devoir afficher. Et en même temps, elle réfléchissait.
    – Où veux-tu en venir ? fit-elle.
    – A ceci, signora, c’est que lorsqu’on veut faire aboutir certaines entreprises capitales, il est bon de mettre tous les atouts dans son jeu.
    – Eh bien ?
    – Eh bien, vous qui possédez toute la confiance de la reine, vous devriez la pousser à obtenir du roi qu’elle soit sacrée. Il est impossible de trouver une plus grande cérémonie, je suppose. Ce sera la réalisation de la première partie de la prédiction… Une chance de plus dans votre jeu, signora. Vous aurez les astres et les esprits avec vous et pour vous. Et quant à la deuxième partie de la prédiction, avec un peu d’adresse et d’audace, on peut aider le destin, que diable !
    Léonora rêvait. Peut-être les paroles du
bravo
concordaient-elles avec des réflexions qu’elle avait déjà faites.
    – Peut-être as-tu raison, dit-elle enfin. Mais le roi n’est pas facile à décider… Quand il ne veut pas… il ne veut pas.
    – Bah !… dit Saêtta en souriant, on dit que ce que femme veut, le diable le veut. A plus forte raison le roi qui n’est pas le diable. Mais, pour

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