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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’oreille, comme de juste. Mais enfin, sur l’insistance du digne père, et pour ne pas le désobliger, elle consentit à apporter un deuxième verre que le moine remplit jusqu’au bord, sans écouter ses protestations. En même temps, comme elle connaissait la légendaire goinfrerie de Parfait Goulard, elle avait apporté une moitié de flan qui lui restait de la veille et qu’elle avait confectionné pour demoiselle Bertille, plus quelques menues pâtisseries que le père se mit à dévorer sans désemparer.
    Tout ceci était comme la mise en scène de l’assaut que les deux adversaires allaient se livrer.
    Chacun d’eux, on le sait, avait son but qu’il cherchait à atteindre sans le laisser deviner à l’autre. Tous les deux, au fond, étaient enchantés de ce que leur rencontre paraissait être le produit d’un hasard fortuit.
    Colline Colle, par son empressement à satisfaire sa gourmandise, espérait se concilier les bonnes grâces et l’indulgence du confesseur.
    Parfait Goulard ne se doutait pas que la matrone avait un service à lui demander. Mais il la connaissait bien. Et il se disait que quelques verres de vin mousseux et pétillant aideraient puissamment à lui délier la langue.
    Il avait pour principe de laisser parler les gens et ne leur posait de questions que lorsqu’il lui était absolument impossible de faire autrement. Il se garda donc bien de faire allusion à Bertille et se mit à parler de choses et d’autres, attendant que la matrone vint d’elle-même au sujet qui l’intéressait.
    Colline Colle, elle, n’avait pas la même patience, ni la même diplomatie. Elle avait hâte de connaître la valeur de ce morceau de papier qui lui brûlait la cuisse, à ce qu’il lui semblait. Elle prit donc son air le plus contraint et le plus mystérieux et attaqua :
    – Mon père, je suis bien aise du hasard qui vous a amené devant ma maison. Il s’est passé chez moi des choses graves, sur lesquelles je suis désireuse de vous consulter.
    Parfait Goulard ne sourcilla pas. Et avec sa bonhomie :
    – Parlez, ma chère dame, dit-il. Je mets mes faibles lumières à votre service.
    – C’est que, fit la matrone, plus mystérieuse que jamais, il s’agit de choses graves, sur lesquelles il est indispensable que le secret le plus absolu soit gardé.
    De plus en plus conciliant, le moine proposa lui-même :
    – Désirez-vous que je vous entende sous le sceau de la confession ?
    – Ce serait préférable, en effet, dit Colline Colle avec empressement. Parfait Goulard se redressa dans son fauteuil. Il prit l’air grave et digne qui convenait, croisa les mains sur sa bedaine et, avec toute l’onction désirable :
    – Qu’il soit fait ainsi que vous le désirez. Parlez, mon enfant, je vous écoute.
    On se doute bien que Colline Colle connaissait à fond tous les rites particuliers à chaque acte religieux. Elle n’avait aucun motif de se défier du religieux. Mais elle tenait à bien établir qu’il s’agissait d’une bonne confession, bien en règle, capable, par conséquent, de fermer à tout jamais les lèvres du prêtre sur ce sujet. Et la confession ne lui eût pas paru valable si elle n’avait été accomplie dans les formes prescrites.
    En conséquence, si grande que fût son impatience d’aborder le sujet qui lui tenait à cœur, elle sut se résigner à patienter encore quelques minutes. Humblement, ainsi qu’il convient à une pénitente, elle se mit à genoux sur un carreau, à côté du moine, prit une mine de circonstance, se signa, joignit les mains avec ferveur et entama le
Confiteor.
    Elle n’oublia aucun détail et le prêtre lui donna la réplique avec la gravité voulue. Quand tout fut terminé et bien en règle, elle commença :
    – Il faut d’abord que je vous dise qu’il est arrivé un grand malheur à ma jeune locataire. Vous savez, cette jeune fille à laquelle le roi s’intéressait ?… Oui !… Eh bien, on l’a enlevée la nuit dernière.
    Elle fit le récit de l’enlèvement de Bertille. A part certains petits détails qu’elle passa sous silence et d’autres qu’elle modifia légèrement de façon à se poser en victime elle-même ; à part qu’elle négligea de dire qu’elle avait écouté l’entretien du ravisseur avec sa victime, ce récit était exact.
    Fidèle à son système, Parfait Goulard la laissa parler sans l’interrompre, approuvant par-ci par-là d’un mot bref, le plus souvent par des hochements de tête.

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