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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dépensé tout ce que je possédais. Je dus reprendre mon ancien métier de
bravo
pour vivre. Cela m’était bien égal, maintenant. Un jour, c’était en l’an 1590, à Rome, j’appris que Fausta, condamnée à mort par la justice de Sixte Quint, allait porter sa tête sur l’échafaud. Ce n’était pas ce que j’avais espéré, ce n’était pas ce que j’attendais depuis trois ans. Mais enfin, il faut savoir se contenter de ce qu’on a. Je n’ai pas besoin de vous dire que je fus au premier rang devant l’échafaud, sur la place del Popolo… Je voulais voir, vous pensez… Fausta ne vint pas… Graciée, Fausta, libre !… J’eus une crise de désespoir qui faillit m’emporter… Mais j’eus une belle revanche : quelques jours plus tard, je faillis crever de joie… J’apprenais que Fausta avait un fils… Ce fils venait d’être emporté vers Paris par une des suivantes de Fausta : Myrthis… Je lâchai Fausta : elle ne m’intéressait plus. Et je me mis à la poursuite de Myrthis et du petit. Je les rattrapai en route. Vous comprenez, signora, si Fausta ne m’intéressait plus, c’est que j’avais entrevu quelle plus belle et plus complète vengeance, par son fils, j’allais pouvoir tirer d’elle.
    Léonora, d’un signe de tête, manifesta qu’elle avait bien compris. Le
bravo
lui apparaissait sous un jour inconnu jusque-là et elle l’étudiait passionnément.
    Saêtta s’était complètement repris. Sa haine s’était retrempée, pour ainsi dire, et avait repris de nouvelles forces à ce rappel de souvenirs douloureux qui avaient réveillé en lui des sentiments humains qu’il croyait sans doute à jamais étouffés.
    Il était redevenu, dans toute l’acception du mot, l’homme de la vengeance. Une joie funeste luisait dans ses yeux froids et durs. Un sourire terrible retroussait sa moustache hérissée. Le souvenir de la mise à exécution de ses projets de vengeance le faisait se délecter âprement, avec une force d’autant plus impétueuse encore, qu’il avait palpité, sangloté, souffert au souvenir de son bonheur écroulé.
    Il reprit, avec de sourds grondements dans la voix :
    – Je passai deux ans à guetter Myrthis et le petit. Elle le gardait bien, c’est une justice à lui rendre. Mais la haine, voyez-vous, est autrement forte, tenace, vigilante et adroite aussi que l’amour ou l’amitié. Au bout de deux ans, ma patience fut enfin récompensée. Une occasion propice, une distraction de Myrthis… il n’en fallut pas plus : le fils de Fausta était entre mes mains.
    Il eut un éclat de rire strident. Sans doute, il se revoyait emportant l’innocente victime qu’il avait choisie et condamnée. Il continua, et cette fois, si froide était la voix, si implacable l’expression haineuse, si féroce le sourire que, toute cuirassée qu’elle fût, Léonora se sentit frissonner :
    – Vous comprenez ?… Dès que j’appris que Fausta avait un enfant, la bonne idée jaillit de mon cerveau. Et je me dis : Fausta a tué mon enfant, je tuerai le sien. Je le tuerai comme elle a tué ma fille, c’est-à-dire que c’est sur un échafaud et de la main du bourreau que mourra le fils de Fausta comme est morte ma fille Paolina.
    Il se renversa sur le dossier de son siège et, les yeux mi-clos, d’un air rêveur :
    – Le rêve serait d’amener Fausta à assister à l’exécution comme j’ai assisté, moi, à celle de mon enfant !… Mais diable !… Où est Fausta ?… Et puis… Bah ! Il faut savoir se contenter de ce qu’on a. Je la trouverai… plus tard… je lui porterai la bonne nouvelle.
    Il se secoua comme pour jeter bas des pensées importunes et, fixant Léonora :
    – Ce fils de Fausta, signora, je l’ai élevé avec presque autant d’amour que ma Paolina (et avec un sourire amer), pas tout à fait de la même manière, cependant. J’en ai eu des soucis ! j’ai passé par bien des transes !… Croiriez-vous que j’ai passé des nuits et des nuits à le veiller, comme une mère, alors qu’étant petit, il fut pris d’une mauvaise fièvre qui faillit l’emporter ?… Croiriez-vous que j’ai fait brûler des cierges pour obtenir du Ciel son rétablissement ?… Dieu me devait cette joie. Il l’a compris, allez, et il me l’a donnée… Aujourd’hui, le fils de Fausta a vingt ans… C’est un rude compagnon, bâti à chaux et à sable, ne redoutant rien ni personne… C’est aussi un rude sacripant !…
    Ici, une expression

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