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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’attention sur eux, il l’écarta d’un geste d’irrésistible autorité et se mit à descendre la rue Saint-Honoré d’un pas nonchalant, mais l’œil au guet et se tenant prêt à tout.
    Le jeune comte de Candale ne lâcha pas pied pour cela. Familièrement, il le prit par le bras et, tout glorieux, il se mit à marcher à son côté. Si Jehan fut contrarié, il n’en laissa rien paraître et, de son air le plus naïf :
    – A quel sujet ces illustres personnages m’ont-ils fait le grand honneur de s’occuper de moi ?
    – Vous le demandez ?… Mais au sujet de l’affaire du gibet de Montmartre… On ne parle que de cela, monsieur… Ah ! mordieu ! que ce devait être beau ! que j’aurais voulu être là !… Je me serais mis à vos côtés, monsieur. Mordiable ! Tudiable ! Ventrediable ! Un homme, seul, tenant tête à plus de cent… et en mettant je ne sais combien hors de combat ! C’est prodigieux !…
    – Je n’y suis pour rien. J’ai été servi par la chance, voilà tout.
    – C’est bientôt dit, morbleu !… Et l’explosion finale ? Vous les aviez loyalement avertis, paraît-il. Vous vous êtes fait sauter… et vous voilà sain et sauf, sans une égratignure. C’est miraculeux. Et vous avez fait cela tout seul.
    – Pardon ! J’ai été aidé par de bons compagnons.
    – Trois, oui, je sais… Mais ils ne sont venus que lorsque tout était fini, ou à peu près.
    – Vous êtes bien renseigné, à ce que je vois. Mais, dites-moi, monsieur, tout le monde, à la cour, se montre-t-il aussi indulgent que vous ?
    – A ne vous rien celer, non, dit franchement Candale. Les uns vous admirent sans réserve. D’autres sont enragés après vous. Notamment M. de Sully et le grand prévôt. Tenez-vous bien, monsieur, car, dès l’instant qu’ils vous sauront vivant, ils ne vous laisseront pas de répit.
    – Je m’en doute ! dit Jehan avec un sourire narquois. Et le roi, que dit-il, lui ?
    – Officiellement, il approuve ces messieurs. Mais M. le duc d’Epernon, mon père, affirme qu’il est émerveillé et que, tout bas, il a manifesté ses regrets de la mort d’un brave de cette trempe.
    – Ah ! fit simplement Jehan. Et, en lui-même, il songeait :
    « Oui, M. de Pardaillan me l’a dit : le roi est un brave homme. »
    Tout en causant, les deux jeunes gens étaient arrivés à l’angle de la rue de Grenelle. L’hôtel du duc d’Epernon était situé rue de la Plâtrière, à l’angle de la rue Breneuse. Jehan le savait. Et comme la rue de la Plâtrière était le prolongement de la rue de Grenelle, il s’arrêta pour prendre congé de son compagnon. Mais celui-ci ne l’entendit pas ainsi :
    – Je ne vous lâche pas ainsi, dit-il en se cramponnant à son bras. Venez, je veux vous présenter à monsieur mon père. Il sera enchanté de faire votre connaissance et de vous remercier, car il sait que je vous dois la vie, monsieur le chevalier.
    – Monsieur, dit Jehan froidement, vous me donnez un titre qui ne m’appartient pas. Je ne suis pas chevalier. Je ne suis même pas gentilhomme.
    – Allons donc ! à d’autres, monsieur !… Vous êtes de race, cela se voit, du reste. Vous n’êtes pas chevalier, dites-vous ? Mais vous finirez dans la peau d’un duc, peut-être d’un prince. Tête et ventre, c’est moi qui vous le dis !
    Ceci était dit avec une conviction ardente et une impétuosité juvénile.
    – Peste, comme vous y allez ! dit Jehan en souriant malgré lui. Il était tourné vers la porte Saint-Honoré et, en parlant, il regardait machinalement un carrosse qui, au loin, venait dans leur direction. Ce carrosse était escorté de trois cavaliers.
    Au moment où il prononçait ces dernières paroles, le carrosse arrivait à la hauteur de la rue des Bons-Enfants. Le fils de Pardaillan avait la vue perçante. Il discerna les cavaliers et le sourire disparut de ses lèvres, ses traits se figèrent, tandis qu’une lueur s’allumait au fond de ses prunelles.
    C’est que ces cavaliers étaient les gentilshommes de Concini : Eynaus, Roquetaille et Longval. Jehan s’était renseigné. Il les connaissait maintenant individuellement par leur nom. Il savait même que le quatrième, Saint-Julien, ne participait pas, momentanément, aux expéditions parce qu’il lui répugnait de se montrer avec sa tête enveloppée de linges.
    Cependant, le comte de Candale, qui tournait le dos au carrosse, ne vit pas le changement qui venait

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