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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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balbutier :
    – Excusez-moi, monseigneur, je ne pouvais vraiment pas deviner !
    – Oh ! songea Jehan, qu’est-ce donc que ce moine devant qui un puissant personnage comme le duc d’Epernon s’incline avec un respect qui frise l’obséquiosité ?… Ecoutons, ventre de veau !
    Acquaviva reçut l’hommage avec la même impassibilité qu’il avait essuyé l’impertinence. Comme si, désormais, il eût eu le droit de commander, il dit, avec cette douceur qui lui était particulière :
    – Asseyez-vous, mon fils… Et appelez-moi mon révérend, simplement.
    D’Epernon s’inclina encore et obéit… comme il obéissait au roi en semblable occurrence. Seulement, il murmura avec une vague inquiétude :
    – Vous ici, à Paris, mon… révérend ?… Quelle imprudence !… A moins que…
    – Les temps approchent, monsieur. C’est ce que vous voulez dire, j’imagine ?
    D’Epernon fit signe que oui de la tête. Et Jehan, qui ne comprenait pas, vit qu’il était très pâle et paraissait inquiet et agité.
    Léonora Galigaï et Acquaviva le remarquèrent aussi, car ils échangèrent un coup d’œil furtif.
    – Monsieur, reprit le moine, ce Ravaillac, que vous avez fait venir d’Angoulême et dont vous sembliez si sûr, se montre bien hésitant.
    – C’est vrai, mon révérend. Depuis quelque temps, je ne sais pourquoi ni comment, il m’échappe. Je crains qu’il n’abandonne la partie.
    Cette fois, Jehan comprit de quoi il était question. Il eut un sursaut d’indignation.
    – Morbleu ! songea-t-il, j’allais me donner un joli maître, là ! Il vaut tout juste le Concini.
    Et avec un sourire narquois :
    – Je suis mieux renseigné que toi, duc, traître et félon. Je me doute pourquoi Ravaillac t’échappe.
    – Nous ne pouvons cependant pas attendre indéfiniment que ce fou se décide à agir, intervint Léonora.
    – C’est ce que je me suis dit, madame. Puisque le rousseau d’Angoulême paraît reculer maintenant, j’ai songé à un homme fort résolu que Candale vient de m’amener, précisément. J’espère être plus heureux avec lui et le décider à se charger de la besogne.
    – Ouais ! gronda furieusement Jehan, la main crispée sur la poignée de l’épée, serait-ce moi l’homme fort résolu qui voudra bien se charger d’assassiner le roi ?… J’ai bien envie d’aller donner du fer dans le ventre de ce scélérat titré duc !… Oui, mais alors je ne saurai pas ce qui se manigance. Patientons et écoutons… la chose en vaut la peine.
    – M. de Candale est bien jeune, fit observer le moine.
    – Je vous entends, mon révérend. Aussi ne soupçonne-t-il même pas à quoi je veux employer l’homme qu’il m’a amené.
    – Ce Ravaillac devient inutile… et par conséquent dangereux, fit remarquer Léonora.
    – Aussi, dit Acquaviva, nous allons le renvoyer dans son pays… à Angoulême… ville dont vous êtes le gouverneur, monsieur le duc. Vous comprenez ?…
    – Parfaitement, répondit d’Epernon avec un sourire livide. Et dès qu’il sera de retour dans sa ville natale… il ne sera plus dangereux pour personne. J’en réponds.
    Acquaviva approuva doucement de la tête. Léonora sourit. Jehan se dit :
    « Bon !… Moi, je m’arrangerai pour que ce pauvre diable de Ravaillac ne remette pas les pieds dans cette ville dont le sieur d’Epernon est gouverneur. »
    – Qui est cet homme résolu dont vous parlez ? demanda Acquaviva après un court silence.
    – Un truand terrible dont on parle fort en ce moment. On l’appelle Jehan le Brave.
    Cette fois, Jehan, aux écoutes derrière sa portière, ne manifesta ni surprise ni indignation. Il s’attendait à entendre prononcer son nom. Seulement, ses yeux fulguraient dans l’ombre, ses lèvres se pinçaient, et avec un sourire terrible il murmurait :
    – Vrai Dieu ! je n’aurai pas perdu ma journée !
    – Jehan le Brave ! dit Acquaviva impassible. Ne dit-on pas qu’il s’est enseveli sous les décombres du gibet des Dames de Montmartre ?
    – Il est donc vivant ? demanda Léonora, malgré elle.
    – Vivant, parfaitement vivant, ricana d’Epernon. Sans une égratignure, à ce que m’a dit Candale. C’est à croire que le diable se change en providence pour ces hommes de sac et de corde. Là où un brave capitaine et une quinzaine de soldats et de volontaires ont misérablement péri, ce sacripant s’est miraculeusement tiré d’affaire. Et c’est fort

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