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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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heureux pour nous, en somme.
    Léonora et Acquaviva échangèrent encore un furtif coup d’œil. Et sans doute le regard de la jeune femme contenait une muette interrogation que le jésuite comprit, car il répondit oui en cillant. Et avec le même calme que rien n’ébranlait, froid et méthodique, ne négligeant aucun détail :
    – Comment M. de Candale se trouve-t-il connaître ce… personnage ? dit-il.
    – C’est une histoire assez plaisante, expliqua d’Epernon, en riant. Nous étions au Louvre, hier, lorsqu’on a fait au roi le récit des événements qui s’étaient déroulés la veille, sur les terres de M me  de Montmartre. Entre nous, l’exploit est remarquable, et ce Jehan le Brave est un rude homme. Le roi n’a pu se tenir de le dire tout haut. J’imagine qu’il ne l’aurait pas fait s’il avait su que le rebelle était vivant encore. Mais, à ce moment, chacun croyait bien qu’il avait été réduit en bouillie par l’explosion.
    – Oui, dit Léonora, et je n’arrive pas à comprendre comment il a pu se tirer de là.
    En disant ces mots, elle fixait Acquaviva avec insistance. Le chef des jésuites eut un geste qui signifiait que peu importait. Mais, en lui-même, il pensait :
    « Il y a quelques chose là-dessous. Il faudra que je fasse explorer les décombres du gibet. »
    – Candale est jeune, reprit d’Epernon et l’admiration manifestée par le roi l’a vivement frappé. Et il s’est emballé. Moi, voyant cela, par plaisanterie et sans songer à ce qu’il en pourrait résulter, je lui ai fait je ne sais quel conte, d’après lequel ce Jehan serait de naissance illustre. Une histoire sombre et mystérieuse que le roi serait seul à connaître.
    Une fois encore, Léonora et Acquaviva se communiquèrent leurs impressions par un regard échangé. Quant à Jehan, dont l’esprit s’était mis à travailler sur les paroles prononcées par le fils du duc, il étouffa un soupir de déception.
    « Aussi, c’était trop beau ! songea-t-il non sans amertume. J’ai fait comme le fils de ce sacripant de duc : je me suis sottement emballé. Ma parole, je crois bien que je cherchais déjà de quel puissant prince je pouvais être le fils… On n’est pas plus niais et plus naïf que je l’ai été. »
    D’Epernon, qui ne se doutait pas qu’il côtoyait la vérité, reprit d’un air railleur :
    – Cette plaisanterie, que j’ai faite sans intention précise, n’a fait que redoubler l’enthousiasme de Candale, qui est quelque peu romanesque. Aussi ce matin, lorsque le hasard l’a mis en face de notre homme, bien vivant, il a sauté dessus. Et il me l’a amené triomphalement, se figurant naïvement que je vais lui donner un grade dans l’armée.
    – Vous avez vu ce jeune homme ? demanda Acquaviva d’un air indifférent.
    – Pas encore. Je le recevrai après votre départ.
    – Il est donc encore chez vous ?
    – Sans doute, Candale lui a assuré que j’obtiendrai sa grâce et le pousserai. Il n’aurait garde de s’en aller avant de m’avoir vu.
    – Où est-il ?
    – Mais… dans une antichambre, je présume.
    – Il ne faut pas qu’il sorte de chez vous, dit vivement Léonora, incapable de se contenir plus longtemps.
    – Bah ! fit d’Epernon surpris. Pourquoi ? Et il interrogeait le moine des yeux.
    – Madame a raison, appuya celui-ci. Il ne faut pas que ce jeune homme sorte d’ici.
    Ceci était dit sur un ton net, tranchant comme un coup de hache. Jehan en fut secoué, et regardant avidement le moine, il songea :
    « Que M me  Concini me veuille faire saisir, je le comprends, ventre-veau ! Mais ce frocard ?… Mortdiable ! je ne le connais pas !… Que lui ai-je fait ?… Pourquoi me veut-il meurtrir ?… Car c’est ma mort qu’il veut, le scélérat, avec ses airs tout confits en douceur ! »
    – Vous oubliez, mon révérend, dit d’Epernon, que je compte sur lui pour accomplir la besogne devant laquelle Ravaillac recule.
    – Je n’oublie rien, répliqua sèchement le moine. Nous n’avons pas besoin de ce jeune homme – qui, d’ailleurs, sachez-le, n’acceptera pas vos suggestions – nous n’avons plus besoin de Ravaillac. Et plus encore que Ravaillac, ce jeune homme est un danger pour nous. Il ne faut donc pas qu’il sorte vivant d’ici.
    – Ventre-veau ! grommela Jehan, furieux, l’abominable cafard que voilà !… Mais, frocard du diable et duc assassin, vous ne me tenez pas

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