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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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encore !…
    Cependant, le duc d’Epernon n’avait pas eu une parole d’indignation, pas un geste de protestation. C’était un puissant seigneur, qui n’aimait pas les moines, à ce qu’avait dit la Galigaï, et il acceptait sans sourciller les injonctions de ce moine d’apparence si paisible.
    Avec une indifférence sinistre, il dit simplement :
    – Comme vous voudrez. Je vais donner l’ordre d’arrêter ce brave. Jehan, hérissé, tira à moitié son épée du fourreau et mit résolument la main sur la porte, en grondant :
    – Minute !… Si tu bouges, j’entre et je vous extermine tous les trois !
    Le duc, en effet, fit un mouvement pour se lever.
    – Tout à l’heure, monsieur, dit Acquaviva, avec son calme imperturbable.
    – Bon ! mâchonna Jehan, en renforçant la lame dans le fourreau, nous avons réfléchi, paraît-il ? Attendons la suite.
    – Puisque ce brave attend un emploi de vous, reprenait le moine, comme vous le faisiez justement remarquer tout à l’heure, il ne s’en ira pas avant de vous avoir vu. Dès que nous aurons terminé, vous le ferez saisir.
    – Cependant, mon révérend, intervint Léonora inquiète, il vaudrait mieux agir tout de suite. Ce jeune homme semble être extraordinairement favorisé par le hasard. Qui sait s’il ne sera pas trop tard dans un instant ?
    – Non, madame, fit doucement Acquaviva. Croyez-moi, il attendra patiemment l’audience promise. Et nous avons pour l’instant des affaires autrement importantes à débattre.
    q

Chapitre 21
    L éonora n’osa pas insister. Néanmoins, il était visible qu’elle ne partageait pas la confiance du moine. S’il n’avait tenu qu’à elle, l’arrestation eût été effectuée avant toute autre chose. D’Epernon, complètement désintéressé d’une question qui ne le concernait en rien, attendait avec quelque impatience qu’ils eussent décidé. Jehan se disait :
    – Tout ce que j’ai entendu jusqu’ici n’était qu’un préambule, à ce qu’il paraît… Ecoutons, mordieu ! écoutons ces choses importantes que ce trio de coquins doit débattre.
    Comme si l’incident était définitivement clos par sa décision, Acquaviva dit, avec un air de souveraine hauteur :
    – Duc, je parle en ce moment au nom de S. M. la reine de France et de Navarre. Et je vous demande : la reine peut-elle compter sur vous… sans réserve ?
    – Sa Majesté sait que mon dévouement lui est tout acquis.
    D’Epernon dit cela sans chaleur. Il se réservait, c’était évident. Jehan le comprit, car il murmura avec un sourire railleur :
    – Pardieu ! le dévouement sera proportionné à l’os qu’on lui donnera à ronger !
    Acquaviva eut une imperceptible moue de dédain. Il attendait le marchandage, c’est certain : tout de même, il ne pensait pas qu’il se manifesterait avec autant de cynisme. Il attaqua résolument, avec son habituelle douceur :
    – Le titre de duc pour votre fils aîné… Un régiment pour le cadet… Le chapeau rouge pour le plus jeune… Les fonctions, avec les traitements afférents, qu’il vous plaira de leur attribuer dans vos gouvernements : voilà pour vos trois enfants. Pour vous : un million en espèces, confirmation dans vos charges et emplois actuels, plus le gouvernement de la Normandie… le premier de France. Enfin, voix délibérative au conseil de régence secret qui sera institué. Cela vous semble-t-il suffisant ?
    « Outre ! comme dit Escargasse, songea Jehan, l’os me paraît de taille respectable ! »
    Une lueur s’alluma dans l’œil de d’Epernon. On lui offrait plus qu’il n’aurait osé demander. Néanmoins, il demeura impassible et se contenta de dire :
    – Cela me paraît raisonnable !… Quel service attend de moi Sa Majesté ?
    – D’abord, exiger de la cour du Parlement qu’elle confère la régence à la reine-mère, sans aucune des restrictions et conditions imposées par le roi.
    – Mais… ceci n’est pas, que je sache, du ressort de cette cour.
    – C’est un précédent à créer… voilà tout, dit froidement Acquaviva.
    – Bien, bien !… Avec une compagnie de gardes-françaises et de gardes-suisses, avec une centaine de mes gentilshommes, je me charge d’obtenir tout ce qu’on voudra de ces messieurs. Je sais le langage qu’il convient de leur tenir, ricana d’Epernon en frappant sur le pommeau de son épée.
    – Et il ajouta :
    – Quand le moment sera venu, la reine pourra compter sur

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