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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus naïf. Brusquement, Neuvy changea d’attitude. Sa physionomie se fit rude et menaçante :
    – Vos épées ! dit-il impérieux.
    – Venez les prendre ! tonna Jehan le Brave exaspéré par l’attitude dédaigneuse que le grand prévôt affectait à son égard.
    Neuvy mit le pied sur la première marche. Il était très froid, parfaitement maître de lui. Il était d’ailleurs bien persuadé qu’il n’aurait qu’à étendre le bras pour appréhender les deux rebelles. L’attitude de ces deux hommes lui apparaissait comme une bravade inutile, toute en paroles vaines. Quant à croire qu’ils seraient assez fous pour entrer en lutte, à eux deux, contre cinquante archers, il n’y pensa pas un instant. Pas davantage la pensée qu’il pouvait être menacé ne l’effleura. Il se sentait sous l’égide puissante de ses redoutables fonctions.
    Neuvy mit donc le pied sur la première marche. Mais il n’alla pas plus loin. Il sentit la pointe d’une épée s’appuyer sur sa gorge et en même temps la voix de Jehan le Brave, effrayante à force de calme, prononça :
    – Un pas de plus, monsieur, et vous êtes mort ! L’étonnement et non la crainte, arrêta net l’élan du grand prévôt.
    Il se remit très vite, et comme il était brave, il voulut passer outre. Il sentit la pointe pénétrer dans sa chair pendant que la même voix tranchante ordonnait impérieusement :
    – Reculez, monsieur, reculez ! ou, par le Christ, je vous tue !… Cette fois, le grand prévôt comprit que c’était sérieux. Il recula. Avec un calme admirable, il secoua d’une chiquenaude quelques gouttes de sang qui perlaient sur son pourpoint, et de sa voix rude :
    – Faites-y bien attention, je commande au nom du roi !… Rendez-vous !
    Il s’adressait à Pardaillan. Ce fut Jehan qui rugit :
    – Non !
    – Vous faites rébellion ?
    – Oui !
    De Neuvy haussa les épaules. Il se mit de côté et se tournant vers ses hommes, qui attendaient, impassibles :
    – Saisissez-les ! dit-il froidement.
    Quelques fenêtres s’étaient entrebâillées. Des têtes effarées apparaissaient de-ci, de-là. Et voici ce que virent ces curieux intrépides, à la lueur des torches fumeuses.
    Les archers s’étaient élancés en groupe compact. Mais le perron n’était pas très large. Trois hommes seulement pouvaient passer de front. Encore, faute d’espace, étaient-ils loin d’avoir la liberté de mouvements désirable.
    Les gens du grand prévôt n’avaient prêté aucune attention à cette disposition. Ils avaient le nombre pour eux, ils représentaient l’autorité, la victoire leur apparaissait certaine, facile. Ce fut en riant, en plaisantant, en se bousculant qu’ils s’élancèrent à l’assaut.
    Mais lorsque les trois premiers furent montés sur la première marche, force fut aux autres de se placer derrière, où ils se mirent à pousser le premier rang en l’excitant par des imprécations variées et des plaisanteries énormes.
    La rue, jusque-là calme et silencieuse, se remplit d’un vacarme assourdissant. De tous côtés, maintenant, les bourgeois paisibles, brusquement arrachés au sommeil, montraient des faces blêmes de terreur refoulée par la curiosité, à presque toutes les fenêtres environnantes.
    Les deux rebelles, eux, ne riaient pas, ne plaisantaient pas, se tenaient raides, immobiles, muets. La pointe de la rapière large, démesurément longue, appuyée sur le bout de la botte, ils attendaient avec une froide intrépidité l’instant propice pour attaquer.
    Et soudain les deux bras se détendirent. Il y eut, au-dessus du groupe grouillant des archers, un double tourbillon d’acier fulgurant. Les pointes plongèrent, se relevèrent, tourbillonnèrent à nouveau avec la rapidité de la foudre. Et des hurlements de douleur éclatèrent dans les rangs des assaillants.
    Le même tourbillon vertigineux recommença, entremêlé de coups de pointe et de revers foudroyants. Et de nouveaux hurlements, suivis de plaintes et de râles, se firent entendre du côté des assaillants.
    Cette fois, ce fut la débandade !
    Pris de panique, les archers reculèrent précipitamment et, en bonds désordonnés, se mirent hors de l’atteinte du tourbillon mortel.
    Un silence de stupeur plana sur les acteurs et les spectateurs de cette scène extraordinairement rapide.
    Quelques secondes, en effet s’étaient écoulées à partir du moment où les archers s’étaient élancés jusqu’au moment

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