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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faisant injure de le garder à vue comme un larron.
    – Qu’à cela ne tienne. Retirez-vous ostensiblement. Seulement embusquez vos hommes dans le cul-de-sac Courbâton. De là, vous surveillerez la rue et pourrez intervenir s’il y a lieu.
    Praslin lui jeta un coup d’œil de travers et, haussant les épaules, il s’approcha de Pardaillan.
    – Monsieur de Pardaillan, dit-il, me donnez-vous votre parole que vous êtes ici sur l’ordre du roi et pour l’escorter ?
    – Monsieur de Praslin, fit Pardaillan avec hauteur, puisque vous me connaissez, vous devez savoir que jamais je ne m’abaisse à mentir. J’ai eu l’honneur de vous dire que monsieur et moi attendons Sa Majesté pour l’escorter. Jusqu’au Louvre… Cela doit vous suffire, je pense.
    – Il suffit, en effet, monsieur, dit Praslin en s’inclinant, je vous cède la place et vous exprime tous mes regrets du rôle ridicule qu’on vient de me faire jouer.
    Et furieux, grommelant force injures à l’adresse de La Varenne, il se tourna vers ses hommes et commanda :
    – En route pour le Louvre !… que nous aurions bien dû ne pas quitter.
    A ce moment, venant de la rue Saint-Honoré, une troupe qui devait être nombreuse, à en juger par le bruit cadencé des pas, débouchait de la rue de l’Arbre-Sec. En même temps une autre troupe, précédée d’un homme à cheval, apparaissait dans le bas de la rue. Les deux troupes marchaient à la rencontre l’une de l’autre, en sorte que le groupe compact qui stationnait devant la maison de Bertille se trouvait pris entre ces deux forces, et que de Praslin et ses gardes, en se retirant, devaient forcément se heurter à la troupe guidée par le cavalier.
    Pardaillan et Jehan le Brave avaient tout de suite aperçu les deux troupes. Ils se regardèrent une seconde. Ils souriaient tous les deux. Mais ce sourire devait être terrible, car ils s’admirèrent tous les deux intérieurement, un inappréciable instant. Et, d’un même mouvement, sans s’être concertés, mus par la même pensée, sans hâte, ils franchirent les trois marches et se postèrent sur le perron.
    – Toutes les troupes de la garnison se sont donc donné rendez-vous ici ? remarqua Jehan avec un rire silencieux.
    Pardaillan ne dit rien. Il paraissait réfléchir profondément et en réfléchissant, il laissait tomber sur le jeune homme, dont le visage étincelant semblait appeler la bataille, un regard chargé de compassion.
    La Varenne, qui écumait de rage en voyant que Praslin, s’en rapportant à l’affirmation de Pardaillan, allait se retirer, La Varenne avait remarqué, lui aussi, la venue de ces deux troupes. Evidemment, ce ne pouvait être que des archers. Aussitôt, il résolut d’utiliser ces auxiliaires que le hasard semblait lui envoyer à point nommé. Dans cette intention, il se porta vivement au-devant du cavalier.
    – Halte !… On ne passe pas ! lança une voix brève.
    Docilement, La Varenne obéit à l’ordre. Mais il venait de reconnaître la voix, et débordant de joie haineuse, il rugit en lui-même :
    – Le grand prévôt !… C’est le ciel qui me l’envoie !
    Et à haute voix :
    – Est-ce vous, monsieur de Neuvy ?
    Avant que de répondre, le cavalier lança un ordre à voix basse, et aussitôt des torches furent allumées. Immédiatement, la troupe qui venait en sens inverse en fit autant. Et la rue se trouva éclairée par la lueur rougeâtre et fumeuse d’une demi-douzaine de torches que brandissaient des archers.
    La Varenne put constater avec une intense satisfaction qu’il se trouvait bien en présence de messire de Bellangreville, seigneur de Neuvy, prévôt de l’hôtel du roi, grand prévôt de ferme, conduisant en personne un gros d’archers.
    Le grand prévôt, de son côté, reconnut le confident du roi et, d’une voix étranglée par l’émotion :
    – Le roi ? cria-t-il.
    La Varenne comprit :
    – Sain et sauf ! Dieu merci ! dit-il vivement.
    – Jour de Dieu ! gronda Neuvy qui était livide, j’ai cru que j’arrivais trop tard !
    Il aperçut alors le capitaine de Praslin et ses gardes :
    – Ah ! vous étiez là, monsieur de Praslin ?… Il paraît que Sa Majesté avait été prévenue aussi… et c’est fort heureux, puisque malgré la plus grande diligence, j’arrive après la bataille.
    Ses yeux se portèrent sur les deux statues sombres placées sur le perron. !
    – Ah ! ah ! fit-il en souriant, ce sont les assassins ?… Je vais

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