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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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réfléchit. Il se trouvait en présence de deux adversaires qui n’étaient pas à dédaigner. Ils venaient de le prouver. Il fallait cependant que force restât aux agents de l’autorité. Il le fallait de toute nécessité. Néanmoins, il ne fallait pas non plus que cette double arrestation coûtât trop cher.
    Que deux hommes eussent tenu en échec cinquante archers commandés par le grand prévôt lui-même ; qu’ils en eussent mis six hors de combat et blessé légèrement trois ou quatre autres, c’était énorme. Il était à présumer que le roi ne féliciterait pas le sire de Neuvy. Il était inadmissible que ces deux hommes fissent d’autres victimes. La situation du grand prévôt était en jeu.
    Et voici quel fut le dispositif adopté par de Neuvy :
    Il rangea ses hommes en un demi-cercle, sur deux rangs. Ces hommes devaient marcher droit au perron, l’assaillir en même temps de face et des deux côtés et cerner ainsi les deux rebelles. En outre, il ne s’agissait plus d’arrêter simplement. Morts ou vifs, les deux hommes devaient être saisis.
    Sur le signal de leur chef, les archers s’ébranlèrent, enserrant les rebelles dans un cercle de fer.
    Sur le perron, Pardaillan et Jehan le Brave virent la manœuvre. Ces deux hommes, qui ne se connaissaient pas, avaient d’étranges affinités. Tous deux possédaient la même sûreté de coup d’œil extraordinaire. Tous deux avaient la même promptitude de décision suivie de mise à exécution immédiate. Enfin, Jehan le Brave, plus jeune, plus ardent, plus violent, plus en dehors que Pardaillan, au moment de l’action, retrouvait instantanément un sang-froid presque égal à celui qu’il admirait si fort chez son compagnon.
    De tout ceci il résulte que sans se concerter, sans se dire un mot, après un simple coup d’œil échangé, ils trouvèrent et adoptèrent la tactique convenable.
    Ils se placèrent dos à dos, solidement campés au milieu du perron, de façon à faire face de tous les côtés à la fois. Et d’un même geste, ils recommencèrent la manœuvre : le tourbillon fantastique qui les couvrait.
    D’ailleurs ils ne se faisaient aucune illusion : ils savaient qu’ils succomberaient fatalement sous le nombre. La résistance serait plus ou moins longue : c’est tout.
    De nouveau les deux rapières étincelantes pointèrent dans le tas, tourbillonnèrent à droite, à gauche, partout à la fois. Les archers fourragèrent, piquèrent avec frénésie. Par là-dessus des exhortations, des menaces effroyables, des insultes extravagantes, des cris de douleur.
    Mais cette fois, l’élan des assaillants était méthodique et combiné, ils ne cédèrent pas.
    – Ils en tiennent ! Ils en tiennent ! crièrent quelques voix. C’était vrai, Pardaillan et Jehan le Brave étaient couverts de sang, déchirés, en lambeaux, depuis les pieds jusqu’à la ceinture. Mais les pourpoints, c’est-à-dire les poitrines, étaient encore intacts. Ce n’étaient là que simples égratignures sans conséquences. Les habits et les bottes étaient plus endommagés que la peau.
    Mais tout à l’heure, dans un instant, les archers envahiraient le perron et alors, ils pourraient atteindre les poitrines.
    Le cercle s’était rétréci. Lentement, progressivement, les assaillants, se poussant, se portant mutuellement, gagnaient du terrain, montaient les marches, enjambant les côtés.
    C’était la fin. La résistance des deux enragés allait être brisée.
    A ce moment, une voix impérieuse commanda :
    – Bas les armes !… Tout le monde ! Les archers s’arrêtèrent net.
    Le grand prévôt gronda une imprécation et se retourna furieusement du côté d’où était partie la voix. Il vit un homme qui s’avançait vivement dans le cercle de lumière.
    – Le roi ! cria de Neuvy qui se découvrit aussitôt, tandis que ses hommes présentaient les armes.
    Sur le perron, Pardaillan et Jehan le Brave, d’un même geste large, emphatique, saluèrent de l’épée, sans qu’il fût possible de savoir si ce salut s’adressait au roi ou aux vaincus. (Tout compte fait, ils pouvaient se considérer comme vainqueurs, puisqu’ils étaient libres, indemnes, ou à peu près, alors que nombre de leurs adversaires étaient encore étendus sur la chaussée.) Puis, avec une tranquillité qui tenait du prodige, ils rengainèrent ensemble, automatiquement, et se tinrent raides, talons joints, comme à la parade.
    Mais ils se guignaient

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